Paris : Fresque en trompe-l'oeil de Philippe Rebuffet rue Haxo, hommage aux soldats du feu de la caserne de Ménilmontant - XXème



La fresque réalisée en l’an 2000 par Philippe Rebuffet rue Haxo orne un pignon aveugle entre deux constructions disparates. Ce trompe-l’œil astucieux rend hommage aux soldats du feu de la caserne de Ménilmontant sur le mur de laquelle il a été peint. La réalisation monumentale, haute de six étages, égaie le décrochement sur rue qui aurait été un peu triste sans elle, entre le bâtiment néo-classique de la caserne datant de 1904 typique de la fin du XIXème siècle et une construction plus moderne très années 1970. Philippe Rebuffet, assisté de Peter Rodgers et des Ateliers Saint-Jacques, a représenté une intervention avec la grande échelle, le sauvetage d’un chat perché sur un pont qui n’est pas sans rappeler le Pont des Soupirs à Venise. Jeu de profondeur, illusion d’optique et inspiration naturaliste confèrent un dynamisme particulier à l’oeuvre. Au pied de la fresque, une ancienne voiture à cheval de pompiers évoque le passé et la longévité de la caserne de Ménilmontant. 


 






Au cours des années 1970, les fresques en trompe-l’œil se multiplient à Paris. Cette période de grands travaux de modernisation de la ville et la destruction de vieux immeubles met à jour des pans entiers de murs aveugles. Les pouvoirs publics décident de les embellir en faisant appel à des artistes. Un temps considérées comme des cache-misère, ces fresques peu à peu gagnent leurs lettres de noblesse et séduisent les Parisiens. Images du quotidien, elles modifient aimablement la géographie sensible de la ville. Leur conception in sitù s’adapte à l’environnement particulier de la ville, à l’architecture mais également au tissu social. 

La fresque située rue Haxo a été imaginée en remplacement d’une première oeuvre de Philippe Rebuffet datant de 1988. L’oeuvre se trouvait au 45 rue Saint-Fargeau sur une autre façade, détruite à l’occasion des grands travaux de restructuration de la caserne de Ménilmontant. Le bâtiment a connu un développement considérable de son activité en peu de temps et la vétusté des installations s’est rapidement fait sentir. De 1995 à 1997, un projet de rénovation drastique a été mené tout en conciliant le respect du patrimoine et les exigences techniques. 








La vénérable caserne du début du XXème siècle valorisée et restaurée, il aura fallu néanmoins renoncer à la fresque originelle de Philippe Rebuffet. Lors de l’annonce du plan de restructuration prévoyant la destruction de l’oeuvre, les riverains qui y étaient très attachés se sont mobilisés afin de tenter de la préserver. Philippe Rebuffet a lui-même entamé des procédures contre la Ville. Les différentes parties sont parvenues à un accord, la réalisation d’une nouvelle fresque sur un autre mur côté rue Haxo de la caserne.

Les trois projets proposés par l’artiste ont été présentés aux riverains afin qu’ils votent pour leur favori. A la suite de l’émotion suscitée par la disparition de l’oeuvre, la consultation populaire est venue redonner du baume au cœur aux habitants du quartier. Même si le projet définitif a nécessité la validation d’une commission municipale.

Fresque en trompe-l’œil de Philippe Rebuffet
61 rue Haxo - Paris 20



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie. 


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