Lettres à Joséphine - Nicolas Rey : A l’âge de 40 ans, Nicolas découvre le sentiment amoureux. Il s’éprend de la divine Joséphine, « sa femme définitive ». Il pense avoir atteint l'absolu, un amour dévorant, inconditionnel. Il aime pour la première fois, pour la première fois il a le cœur brisé. Après cinq ans de relation passionnée, Joséphine le quitte pour un autre. Dans le déni, Nicolas refuse de voir la fin de la relation et lui écrit chaque jour pour tenter de la reconquérir. Elle tente de ne pas le brusquer, lui si fragile, mise sur une rupture en douceur, un détachement progressif. Ils continuent de se voir, de se téléphoner, d’écrire un roman à quatre mains. La réciprocité n’est plus là. Entre chagrin romantique et nostalgie sexuelle, Nicolas ne peut se résigner. Il est possédé, envoûté.
Dans ce roman épistolaire, Nicolas Rey, qui a choisi de garder pour lui ces missives enflammées, raconte la fin d’une relation. Cette rupture est vécue comme un cataclysme d’un nouveau genre dans la vie mouvementée de l’écrivain. Habitué des excès et des addictions, il expérimente la dépendance au sentiment amoureux après avoir longtemps trouvé l’inspiration dans les paradis artificiels. L’ensemble de lettres sans réponse car jamais envoyées constitue le journal d’un chagrin d’amour, celui d’une véritable désintoxication. Poétique, érotique, Nicolas Rey mêle le désespoir et l’humour, savant dosage d'autodérision et de lyrisme. Le sevrage met à jour les fêlures. Caressant ses regrets d’homme en souffrance, il se révèle d’une sincérité poignante, à la fois touchant et horripilant, passionné et maladroit.
Il y a de l’urgence dans sa survie comme dans son écriture. Déroute, déchirement, obsessions, il n’est pas loin de devenir une épave, lui si familier de l’abîme. Aux ravages psychiques s’ajoute le délitement physique. Nicolas Rey meurt littéralement d’amour, emporté par une terrible dépression. Il avait trouvé dans ce sentiment un moteur pour vaincre ses vieux démons. Au lendemain de la rupture, adresser des lettres à la femme perdue devient une nécessité. Il convoque le souvenir des sens déchaînés, la sensualité partagée, accumule les preuves d’amour torrides. « La pornographie, l’érotisme des autres » disait André Breton.
A fleur de peau, rendu fou d’amour, Nicolas Rey peine à dépasser sa douleur et se remémore inlassablement les moments partagés, particulièrement leurs étreintes. Autopsie radicale d’un amour évanoui, il exprime l’intimité dans le moindre détail, sans pudeur, ni mensonge. La sincérité de la mise à nu, le parfait naturel de ces confidences laissent exsangue l’amoureux transi qui atteint ainsi une nouvelle maturité tout en sachant que son entreprise de reconquête est vouée à l’échec. Il surmonte le deuil. En prenant la plume, il prend la décision de se soigner. La mélancolie et l’espoir terrible portent cette ultime déclaration. Le romancier exorcise la douleur en la couchant sur le papier et atteint dans sa vérité intime une portée universelle.
Lettres à Joséphine - Nicolas Rey - Editions Au Diable Vauvert
Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.
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