Cinéma VOD : Once Upon a time... in Hollywood, de Quentin Tarantino - Avec Leonardo DiCaprio, Brad Pitt, Margot Robbie



Los Angeles 1969. Rick Dalton, acteur sur le retour, a connu son quart d’heure de célébrité en jouant les méchants dans une série télévisée. Désormais confronté au changement de l’industrie cinématographique, l’éphémère vedette tente de relancer sa carrière sur grand écran, secondé par celui qui est depuis toujours sa doublure cascade et son homme de main Cliff Booth. Ce dernier lui est entièrement dévoué mais il est soupçonné d’avoir tué sa propre femme. A l’instar de Clint Eastwood, Rick envisage de partir en Italie tourner dans des westerns spaghetti. A Cielo Drive où il habite, viennent de s’installer le réalisateur Roman Polanski et son épouse Sharon Tate. Charles Manson et la Famille, secte de hippies satanistes réfugiée dans les collines de LA, se préparent à devenir les fossoyeurs du Summer of love. 







Neuvième film de Quentin Tarantino qui s’est promis de n’en réaliser que dix, « Once upon a time… in Hollywood » s’inscrit dans la lignée des contes pour adultes, donnée suggéré par le titre lui-même. Cette fable moderne, portée par un duo d’acteurs très efficace, Leonardo DiCaprio et Brad Pitt au sommet de leur art, est ancré dans un lieu, une époque, la Californie de la fin des années 60. Le réalisateur saisit l’essence de ce monde disparu où se croisent les fantômes d’un autre temps. Par la reconstitution maniaque d’une époque qu’il n’a pas connue mais pour laquelle il éprouve une profonde nostalgie, il capte l’instant du point de bascule. 

Tarantino donne à voir la fin d’une ère, de l’utopie hippie conférant à son oeuvre une dimension presque sociologique. Les imaginaires réincarnés sous l’œil de la caméra lui permettent de recréer une bulle temporelle, celle de la perte de l’innocence, du désenchantement. Avec une acuité douloureuse, il observe l’évolution de l’industrie du divertissement et de l’avènement de la télévision toute-puissante semblant faire totalement abstraction de la montée du cinéma indépendant.

La bande originale épatante, Simon and Garfunkels, The Buchanan Brothers, Animal, redonne chair aux images du passé. Cinéphile fétichiste, le réalisateur laisse s’exprimer ses goûts pour la pop culture, assume avec panache les sous-genres western spaghetti, Blaxploitation, les films de kung-fu, nostalgie de l’enfance.




La construction narrative désarticulée donne un rythme particulier à ce long-métrage. Certaines séquences s’étirent, distendent le temps lors de scènes comme en suspens ou le dilate à l’occasion d’un final explosif. Une certaine lenteur, une maturité nouvelle soulignent une dramaturgie symbolique fantasmatique et parfois même régressive parcourue de fulgurances. Tarantino mêle la tension, l’effroi et la jubilation dans un grand maelstrom inexorable. 

La Cité des Anges est aussi celle des rêves déchus, des promesses non-tenues ce qu’incarnent dans une belle dynamique les personnages joués par Brad Pitt et Leonardo DiCaprio. Acteur médiocre, déboussolé par les changements de l’époque, Rick Dalton naïf, capricieux, narcissique tire profit du dévouement de son acolyte. Son amitié avec Cliff Booth, Brad Pitt, très convaincant, recèle une certaine ambiguïté, un opportunisme dérangeant. Margot Robbie se révèle émouvante en Sharon Tate, starlette qui découvre le succès. Les cameos Al Pacino, Kurt Russell, Tim Roth, Michael Madsen sont particulièrement savoureux. Humour, mélancolie, ironie, film somme d’une oeuvre débutée il y a vingt-sept ans, « Once upon a time… in Hollywood », nous parle de l’amitié, des déceptions de la vie et livre la réflexion profonde du réalisateur sur l’évolution de l’industrie cinématographique. 

Once Upon a Time... in Hollywood de Quentin Tarantino
Réalisateur : Quentin Tarantino
Avec : Leonardo DiCaprio, Brad Pitt, Margot Robbie, Al Pacino, Kurt Russell, Tim Roth, Michael Madsen
Sortie le 14 août 2019
Sortie VOD le 18 décembre 2019 



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.