Nos Adresses : Conti, générosité sincère d'une cuisine vénitienne joliment nuancée - Paris 16



Derrière son élégante façade boisée, le restaurant Conti, institution incontournable dont le succès ne se dément pas, séduit encore et toujours les inconditionnels de la cuisine transalpine. Son atmosphère feutrée, délicieusement désuète, a été remise au goût du jour la saison dernière. La récente rénovation toute en douceur a donné plus d'ampleur à la lumière. Le chef Laurent Bourdin, second durant plus de vingt ans auprès du chef historique Michel Ranvier, a repris les fourneaux en compagnie d’une équipe renouvelée.  Si la relève s’inscrit dans la continuité, le registre classique maîtrisé laisse une créativité allègre s’exprimer. La gastronomie de la Sérénissime succombe aux accents français. Le chef connaît la musique sur le bout des doigts et s’autorise des embardées personnelles très réussies, déployant les saveurs d’une cuisine vive, gorgée de soleil. Tribulations vénitiennes heureuses autour d’une table généreuse.










Repas de famille, déjeuner d’affaires, tête-à-tête romantiques dans le petit salon, le cadre convivial et la cuisine transalpine sincère du restaurant Conti attire de nombreux habitués. Le décor de théâtre vénitien signé Slavik, architecte d’intérieur vedette des années 1980, a été légèrement repensé l’été dernier afin d’acquérir plus de luminosité. Il a conservé néanmoins son identité intimiste. Lourdes tentures, tapisserie rouge, banquettes de velours cramoisi, laque noire, miroirs vénitiens sculptés, imposant lustre de Murano et tables impeccablement drapées composent un cadre feutre hors du temps. Le maître d’hôtel Laurent Richard, également sommelier de la maison, veille à l’élégance d’un service aussi policé qu’affable, qui accorde style et bienveillance.

Le chef Laurent Bourdin, qui affûté ses couteaux au Grand Véfour, au Crillon à l’époque de Christian Constant, chez Duquesnoy et à Pile ou Face avant de devenir le fidèle lieutenant du chef Michel Ranvier, célèbre les saveurs transalpines, le plaisir des nourritures amènes. La carte resserrée sur de belles évidences, des plats mitonnés avec sentiments, se concentre sur l’énergie bienheureuse des compositions. 

Les producteurs italiens sélectionnés avec rigueur s’illustrent par leurs fromages, prix spécial pour la burrata et le parmesan, leurs huiles d’olive, leurs citrons confits, leurs tomates séchées ou encore leurs câpres. En quête d’authenticité, le chef Laurent Bourdin ne sélectionne que des produits nobles de saison, pour une cuisine dans le respect de la tradition. De belle facture, elle assume des twists inspirés. L’évidence des grands classiques carpaccio, risotto répond à la saveur des pâtes fraîches maison, linguine, ravioles, aux compositions tournées avec sincérité. La carte des vins d’excellente tenue met en lumière les grands terroirs de la Botte, Toscane, Sicile, Vénétie, Piémont.










Cuisine d’indulgence et bonne humeur radieuse sont au menu. Et en cette fin d’automne, date à laquelle j’ai visité le Conti, la truffe blanche est à l’honneur. Noire en hiver, fin avril la truffe d’été prend la relève. En amuse-bouche, Pizzeta et tapenade à la truffe intensément parfumée accompagnent un verre de Santa Cristina, Toscana 2017. Ce vin rouge, à la robe rubis nuancée de reflets violets déploie un nez de cerises mûres, des notes épicées et une certaine fraîcheur de menthe. La bouche est ample, les fruits rouges dominent. Des accents gourmands de vanille et de moka laissent place en finale à une sensation mentholée.

Le Ruffino Orvieto Classico 2018, robe jaune pâle, se révèle aromatique et délicat. Au nez, ce vin blanc développe des notes de fleurs blanches, des nuances herbacées, des accents pointus de pommes vertes. En bouche, notes d’agrumes et longueur généreuse, la fraîcheur et l’harmonie caractérisent ce vin équilibré. 

Au Conti, les antipasti exercent la séduction des beaux produits. La Burrata pugliese, choux vert et bresaola, betterave parfumée à la truffe blanche, dense dans ses arômes, compose richement dans la limpidité des saveurs. Les Noix de Saint-Jacques en carpaccio, poutargue et pickles de légumes batifolent avec esprit ravissant l’œil et le palais. 










Plat de résistance, les Grosses langoustines sautées, crème de topinambour, vierge italienne à la vanille, incomparable classique de la maison, s'annoncent délectables dans la caresse des parfums nuancés. La farandole fumante des Ravioli de potiron, crème d’artichauts, jus au parme et châtaignes grillées s’alanguit de plaisir.

La ronde des desserts n’est pas en reste. Le Semifreddo aux marrons, biscuit crunch, cerises amarena convoque des songes évanescents de forêt noire, délice aérien, jeu de textures, fondant, craquant, intensément gourmand. Les Bouchons Baba au limoncello assument leur double nationalité avec grâce. Très bons.

L’abondance de qualificatifs élogieux s’applique également à la note très raisonnable. Le rapport qualité-prix est fort appréciable, particulièrement dans ce quartier entre l’Etoile et le Trocadéro. Le Conti nous emmène en voyage à Venise pour la plus sereine des sérénades.

Restaurant Conti
72 rue Lauriston - Paris 16
Tél : 01 47 27 74 67
Horaires : Du lundi au vendredi de 12h à 14h et de 19h45 à 22h15 - Fermé le samedi et le dimanche



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.