Expo : L'Asie maintenant - Musée Guimet - Prolongation jusqu'au 24 février 2020



En 2019, le Musée National des Arts Asiatiques Guimet fêtait ses 130 ans. A cette occasion, de nombreux événements ont lancé des ponts entre les époques afin de célébrer les valeurs historiques de l’institution. L’exposition anniversaire L’Asie maintenant, prolongée jusqu’au 24 février 2020, renoue avec l’esprit d’innovation du fondateur Emile Guimet (1836-1918). Elle prolonge la démarche de ce passionné en intégrant un parcours contemporain aux collections permanentes. Le jeu de piste met en en lumière les acquisitions récentes du musée soulignant la politique d’enrichissement des fonds actuels. Cet événement s’inscrit dans une continuité, une curiosité renouvelée pour la création du temps, source d’innovation. Le parcours inédit, expérience de découverte captivante, tend à représenter toutes les formes d’expression artistique, la diversité de la production actuelle. La mise en regard avec les oeuvres anciennes souligne l’énergie commune, les inspirations, les emprunts, les généalogies. La scène artistique du XXIème, Japon, Corée, Afghanistan, Chine s’exprime puissamment dans la variété fascinante des approches.











Emile Guimet, industriel lyonnais fortuné et grand collectionneur, effectue une série de voyages en Asie durant la seconde moitié du XIXème siècle. Son périple au Japon en 1876 le marque particulièrement. Il initie le projet de créer un musée des religions de l’Egypte, de l’antiquité classique et des pays d’Asie. Si sa vocation de collectionneur le porte naturellement vers les périodes anciennes, Emile Guimet est un homme de son époque et s’intéresse de près à la création vivante dans sa diversité. Cette démarche des plus modernes deviendra l’un des axes majeurs du futur musée parisien. 

Au cours de ses voyages, il se penche particulièrement sur les formes d’expressions artistiques liées aux religions, notamment le bouddhisme et visite de nombreux temples. Par goût personnel, il s’intéresse beaucoup à la céramique et pas seulement ancienne. Lorsqu’Emile Guimet inaugure la nouvelle institution de la place Iéna en 1889, il souhaite fonder un « musée qui pense, un musée qui parle, un musée qui vit ». 

A partir de 1945, le musée Guimet affine sa vocation. Le Louvre reçoit l’intégralité des pièces égyptiennes du musée Guimet qui en retour se voit confier l’ensemble des collections du département des arts asiatiques du Louvre. Il devient alors l’un des premiers musées des arts asiatiques dans le monde.









L’exposition L’Asie maintenant dévoile, au cœur des collections permanentes, un florilège d’œuvres actuelles qui incarnent le dynamisme et la diversité la scène contemporaine. L’évènement met en lumière des pratiques artistiques hétérogènes, photographie, travail du métal, de la verrerie, de la céramique, du bambou tressé, peinture sur toile, sur papier ou paravent, calligraphie…

La photographie est représentée par le travail de Takashi Arai et Takumi Fujimoto, photographes japonais, celui de Carlos Ayesta et Guillaume Bression, deux Français travaillant sur les terres désolées de Fukushima ou encore ceux de Pascal Convert en Afghanistan, Hugues et Caroline Dubois en Indonésie, Christian Milovanoff ou encore Michael Kenna. 










Les encres de Li Xin côtoient les tressages de bambou de Shouchiku Tanabe, les laques de Kohei Sekino, Fumie Sasai ou encore Tran Nu Yen Khe. La section japonaise expose de nombreuses calligraphies de Shingai Tanaka, Sobin Yamada et Gyokuso Matsui. Les peintures sur toile du chinois Jiang Dahai et du coréen Kim Chong-hak.  Textiles et costumes ne sont pas en reste avec les créations de Samiro Yukoni et Junko Koshino.

Les installations d’artistes comme Jayashree Chakravarty prolongent le parcours. Au quatrième étage, la carte blanche plasticienne Min Jung-yeon dont je vous parlais ici propose une expérience immersive dont je vous parlais ici en détails








Placée dans la bibliothèque, l’œuvre Reduction de Takahiro Kondo est l’unique pièce du plasticien et céramiste présentée en Europe. Le moulage à échelle réduite du corps de l’artiste adoptant la position yogique du padsama fait référence à la tragédie de Fukushima de 2011.  En réaction à la catastrophe, Takahiro Kondo réalise à partir de 2014, une série de sculptures de porcelaine à partir de moulages pris directement sur son corps. La cuisson de la pâte de porcelaine réduit la silhouette d’environ 20%. Cette taille réduite confère à l’oeuvre le statut de présence étrange du fait de ses proportions très réalistes sur un volume anormalement petit. 

L’exposition L’Asie Maintenant porte un regard particulier sur la céramique contemporaine, en hommage à la passion d'Emile Guimet pour cet art millénaire. Au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, après des siècles d’interdit, la pratique de la céramique est ouverte aux femmes japonaises dans les écoles d’art. A la suite de ce bouleversement des mœurs, mouvement sculptural de « céramiques objets » naît au cours des années 1950. A l'hôtel d'Heidelbach, bâtiment annexe du musée Guimet, est présenté à l’occasion de l’exposition L’Asie maintenant un ensemble remarquable prêté par le musée Cernuschi actuellement en travaux. Cette collection de céramiques contemporaines réalisées par des femmes artistes japonaises, telles que Satoko Fujikasa, Chieko Katsumata ou encore Yoshimi Futamura, illustre le raffinement et la préciosité de la création actuelle.

L’Asie Maintenant
Prolongation jusqu’au 24 février 2020

6 place d’Iéna - Paris 16



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.