Ailleurs : Portraits de Lyon, introduction incarnée aux grandes transformations du Musée d'Histoire de Lyon



Le Musée d’histoire de Lyon a entamé, sous l’égide de son directeur Xavier de la Selle, un cycle de profondes transformations. Afin d’affiner sa vocation de musée moderne dédié à la ville au sein de l’ensemble Gadagne Musées, l’institution a engagé une refonte en quatre étapes. De musée de collections à l’ancienne, le MHL deviendra musée de ville contemporain, ancré dans l’actualité, plus proche d’un public renouvelé, entre habitants et touristes de passage. Les quatre nouvelles expositions permanentes, présentées au rythme d’une par an jusqu’en 2022, annoncent un repositionnement majeur avant le centenaire de Gadagne en 2021. La toute première, Portraits de Lyon, inaugurée en décembre 2019, pose désormais les jalons de ce que sera la future muséographie. Dans ce parcours repensé, l’approche scientifique rigoureuse originelle se double d’une démarche éducative et ludique pas exempte d’humour qui confère une place importante à la créativité, aux imaginaires. L’innovation s’inscrit au cœur du dispositif à venir avec l’utilisation des nouvelles technologies, l’interactivité, la multiplication de modules inventifs. Le Musée d’histoire de Lyon restera ouvert durant toute la durée des aménagements, période transitoire nécessaire à sa réinvention.










Le Musée d’histoire de Lyon ambitionne de devenir le point essentiel de référence et de ressources sur la ville. Ce projet s’ouvre sur le renouvellement du parcours muséographique dont l’approche moderne et innovante initiera des échanges inédits. Les quatre récits autonomes des expositions permanentes, quatre fils rouges déployés d’ici 2022, chacun lié à un grand enjeu contemporain, vont permettre de redécouvrir le musée sous quatre angles différents grâce à des astuces de scénographie. De la Capitale des Gaules à la grande métropole contemporaine, le MHL propose de regarder la ville différemment, son évolution, son urbanisme, de prolonger le travail de mémoire au sujet du territoire afin que les visiteurs se réapproprient l’Histoire pour mieux y inscrire leur propre histoire. 

La première exposition permanente, Portrait de Lyon, questionne l’identité de la ville façonnée par la présence humaine. Cette introduction ludique a pour vocation de caractériser un ensemble en perpétuelle réinvention, de saisir l’essence de la ville, du tissu urbain, matière fluctuante, en fonction des différents facteurs déterminants tels que la population ou la topologie. La nouvelle scénographie synthétique et évolutive imaginée par Scenorama cherche à tisser un lien avec le visiteur. Au sein de l’hôtel de Gadagne, bâtiment Renaissance classé, il était question d’intervenir le moins possible sur le bâti patrimonial. Dès lors, la mise en valeur et la transformation des espaces est rendue possible grâce aux modules mobiles et aux jeux de lumière, notamment le choix audacieux du rose néon. 












L’exposition Portraits de Lyon s’ouvre sur le mur des symboles. Dans des alcôves illuminées, onze emblèmes définissent l’identité de la ville, toque de Paul Bocuse, marionnette de Guignol, rosette de Lyon. Prêté par le musée de l’OL, le maillot de l’Olympique Lyonnais présenté n’est pas n’importe lequel. Il s’agit de celui de la saison 2001/2002, saison du premier des sept titres consécutifs de champion de France remportés par l’équipe de football. Les commentaires sonores qui accompagnent chaque pièce permettent de dépasser le simple cliché pour mieux comprendre les origines de ces vecteurs de l’identité lyonnaise. Une alcôve libre, dont l’objet déterminé par un panel d’habitants est amené à changer régulièrement, souligne la notion de ville évolutive et reconnecte les liens essentiels avec la population locale.

Afin d’incarner la ville contemporaine dans sa réalité quotidienne, d’en saisir les atmosphères à chaque heure de la journée, la réalisatrice Hamza Benkirane a tourné un film immersif en caméra subjective. Un jour à Lyon, véritable promenade invite le visiteur à la flânerie à travers la ville, à pied et à vélo.

La suite de l’exposition se veut portrait de famille. Six ilots de présentation retracent les différentes périodes clé de la construction de Lyon, chacune incarnée par un personnage fictif, passeur d’histoire. La narration visuelle et sonore déploie une fresque historique depuis l’Antiquité jusqu’au XXIème siècle. Scenorama a fait appel à des Lyonnais afin de réaliser des portraits photographiques en costume d’époque décalés à chaque fois par la présence d’un élément clin d’œil, rébus contemporain. 











Epoque Gallo-romaine, médiévale, Renaissance, XVIIIème siècle, XIXème siècle et XXIème siècle, l’évolution de la ville au fil des âge trouve une nouvelle représentation qui permet de mieux appréhender les défis de la contemporanéité. Les ilots sont animés par un livret écrit et au casque un texte lu par des comédiens qui retracent l’histoire des personnages. Des objets représentatifs issus des collections, à chaque fois des chaussures et des clés, illustrent le propos tandis que les plans de la ville soulignent l’iconographie imaginative.

Le film d’animation réalisé par Maître Chat résume avec humour 2000 ans d’histoire. Les évolutions urbaines compilées en dix tableaux chronologiques célèbrent les grands architectes, les grands chantiers, interrogeant les thèmes de l’habitat, l’économie et les différents pouvoirs.  








La ville moderne acquiert une dimension plus accessible grâce à la grande maquette interactive en relief réalisée par Tactile Studio et Anamnesia. Un système de video-mapping piloté par les visiteurs depuis une console intuitive permet d’activer 90 points d’intérêt selon des scénarios de découverte variés, trois séquences narratives historique, économique et humoristique. Célébrant l’idée d’une ville en mouvement façonnée par sa population, la maquette permet au touriste de passage de mieux se situer dans l’espace, d’identifier les grands repères urbains. Le dispositif réalisé sur mesure pour le musée d’histoire de Lyon développe une véritable réflexion sur les aires géographiques de la ville contemporaine.

Les quatre expositions aux thèmes indépendants qui seront dévoilées d’ici 2022, proposeront quatre parcours comme autant de façons de repenser la visite du musée. Leur intrication rendra possible le développement d’un récit historique synthétique et l’établissement de points de repères essentiels pour comprendre la ville actuelle. A la fin de l’année, en novembre 2020, la deuxième intitulée Entre Rhône et Saône aura pour thème les questions environnementales liées à l’eau dans la ville. En novembre 2021, la troisième Echanger, fabriquer, innover portera sur les migrations, l’économie, la croissance et le développement durable. La quatrième, inaugurée en novembre 2022, Pouvoirs, engagements et citoyenneté, s’intéressa à la notion de citoyenneté et à l’exercice des pouvoirs complémentaires dans la ville. 

Curiosité, humour, plaisir de l’exploration, le musée d’histoire de Lyon réinventé offre la possibilité à chacun d'inscrire son propre parcours dans la ville comme le prolongement d’une grande histoire commune.

Portraits de Lyon
Exposition permanente

Gadagne Musées
1 place du Petit Collège - Lyon 5
Horaires : du mercredi au dimanche de 10h30 à 18h30



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.