Ailleurs : Flower Tree, une oeuvre de l'artiste coréen Choi Jeong Hwa - Lyon 2



Flower Tree, improbable chimère imaginée par l’artiste sud-coréen Choi Jeong Hwa à l’occasion de la Biennale de 2003, a su séduire les Lyonnais à tel point que la ville s’est portée acquéreur de l’oeuvre en 2006. Ce bouquet de fleurs composée de variétés multiples greffées sur un même tronc, stylise le concept même de plante en jouant sur l’artificialité radicale. Cette oeuvre immarcescible convoque par sa dimension imputrescible l’idée de fugacité sublime de la nature, la fragilité et la mise en danger extrême des environnements par l’activité humaine. Il a été inauguré place Antonin Poncet en 2007, à l’occasion du lancement de la nouvelle édition de la Biennale d’art contemporain, dans le cadre même où il avait été présenté originellement. En revanche, l’implantation du Flower Tree est fortement remise en question par les architectes des Bâtiments de France qui désirent que l’oeuvre soit déplacée afin de respecter la perspective du quai de la Saône.











Devenue l’un des emblèmes de la ville de Lyon, cette création de l’artiste Choi Jeong Hwa culmine à 6 mètres de haut. Sa structure fondamentale repose sur un poteau en acier inoxydable peint. Le tronc en résine de polyester, haut de 1,6 mètres, est surmonté d’une structure circulaire en acier, qui supporte les fleurs en résine de polyester. Cette sphère se déploie sur un diamètre de 6,5 mètres de circonférence.  

Réalisé dans des matériaux qui n’avaient pas été pensés pour une exposition pérenne en extérieur, le Flower Tree a été victime des intempéries diverses comme du grand soleil mais également de vandalisme voire même de vol. En 2013, parmi les 85 fleurs originelles, une dizaine de fleurs sont portées disparues, subtilisées par des indélicats, tandis qu’une quinzaine de fleurs irrémédiablement abîmées par la météo, pétales fragilisés et couleurs passées ont été remisées. La structure métallique de l’oeuvre est alors visible par certains endroits. 

Si une restauration ponctuelle intervient dès cette date, une opération plus extensive est menée en 2015. Envoyés dans les ateliers de restaurateurs afin d’en assurer la conservation, les éléments compromis ont retrouvé leur aspect joyeusement pop tandis que ceux trop détériorés ont été remplacés. Les fleurs ont été enduite d’un vernis anti-UV plus résistant aux intempéries tandis que place Antonin Poncet l’aménagement d’un nouveau dispositif contre le vandalisme assure une sécurité accrue de l’oeuvre.









Né en 1961 à Séoul, figures majeures de l’expansion de la scène artistique contemporaine sud-coréenne dans les années 1960, Choi Jeong Hwa s’est illustré par le biais de multiples formes d’expression issues des arts visuels, graphisme, design industriel, mobilier, architecture avant de se concentrer sur sa vocation de plasticien. Depuis cette canalisation de son travail vers l’expression artistique pure, il multiplie les différents médias, abordant aussi bien les concepts d’installation, que les sculptures ou les vidéos. 

Choi Jeong Hwa puise son inspiration dans les éléments de la culture populaire et du quotidien. Il embrasse l’iconographie accessible pour le plus grand nombre afin d’ouvrir la voie à la réinvention d’un imaginaire collectif plus engagé, plus conscient. Sous des abords pop assumé, une naïveté de façade, son propos se veut plus ambigu. 

Par le biais de ses sculptures monumentales, destinées à devenir des oeuvres d’art public, Choi Jeong Hwa suggère d’appréhender l’espace public sous un angle différent afin de lui redonner sens. Il compose ses œuvres à partir de matériaux hétéroclites détournés, recyclés, des objets de consommation courante, éléments de série, en plastique, bon marché. Ces emprunts lui permettent de souligner l’essence destructrice de l’économie mondialisée et de dénoncer la société de consommation de masse.

En explorant le répertoire des fleurs, Choi Jeong Hwa se penche sur la création d’éléments synthétiques monumentaux qui évoquent puissamment la fragilité de la nature et les problèmes écologiques majeurs auxquels l’être humain est confronté du fait de sa négligence. Au-delà de la célébration apparente de l’artificiel, du synthétique, il souligne les préoccupations écologiques majeures de notre temps, la vulnérabilité des écosystèmes. En Corée du Sud, l’urbanisation galopante fait disparaître du quotidien les éléments naturels qui sont remplacés par des créations humaines. Vertige existentiel de la fleur artificielle qui remplace définitivement son alter ego organique. Œuvres surdimensionnées, effrayantes par leur beauté monstrueuse, les floraisons inquiétantes de Choi Jeong Hwa soulèvent de puissantes interrogations sociales, écologiques, politiques.

Flower tree, Choi Jeong Hwa
Place Antonin Poncet - Lyon 2



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie. 


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