Expo Ailleurs : Jaume Plensa - Être là - Musée de Valence, art et archéologie - Jusqu'au 13 avril 2025

Jaume Plensa - Série White Forest (2015)
 

L'exposition "Jaume Plensa. Être là" célèbre un anniversaire, les trente ans de l'intervention du plasticien catalan à Valence dans le cadre de la Biennale "Un sculpteur. Une ville". En 1994, Jaume Plensa, trente-neuf ans et déjà reconnu à l'international, répond à l'invitation lancée par la cité drômoise à investir les espaces publics et les salles de son musée. Après Mark Di Suvero en 1990 et Etienne Martin en 1992, il déploie hors les murs, vingt-et-une portes en fonte, disposées à travers les lieux emblématiques de Valence, ainsi que vingt-et-une sculptures dans les vitrines des commerçants du centre-ville. Ainsi il initie des dialogues dédiés aux habitants entre les oeuvres, l'architectures, la nature. Pour fêter cette relation particulière entre Jaume Plensa et Valence, la ville accueille un événement double : l'inauguration d'une sculpture, œuvre pérenne déposée dans le cœur historique et une exposition rétrospective au Musée de Valence, art et archéologie, "Jaume Plensa. Être là", orchestrée par la commissaire Ingrid Jurzak, conservatrice du patrimoine, directrice du musée de Valence. 


Jaume Plensa - Shadow Study (2011) / Australia (2021) / Shadow Studies

Jaume Plensa - Flora (Nest) (2021) / Shadow Studies / Martina (Nest) (2022)

Jaume Plensa - Australia (2021) / Shadow Studies

Jaume Plensa - Lucia (Nest) (2022)

Jaume Plensa - Valence (1994)

Commande de la ville de Valence financée par deux entreprises privées Alizon et Rampa, le Département, la Région et l'État, "Le Messager", sculpture haute de quatre mètres a été dévoilée, le 9 novembre 2024, place des Ormeaux, entre le Musée de Valence et la cathédrale Saint-Apollinaire. Composition spirituelle de signes et de symboles entrelacés, la dentelle de métal entremêle neuf alphabets, notamment pour la première fois l'alphabet arménien.

L'exposition "Jaume Plensa. Être là" rend hommage à l'oeuvre d'un artiste nomade pluridisciplinaire, installé successivement à Barcelone, Berlin, Bruxelles, Londres, Paris. Ses statues monumentales, disséminées à travers le monde entier, habitent les espaces publics : "Julia" (2018), sur la Plaza de Colon à Madrid, la "Crown Fountain" (2004) au Millennium Park à Chicago, "Behind the wall" au Rockefeller Center de New York et en France, "Nomade" sur la terrasse du bastion Saint Jaume à Antibes, "Sanna" la place de la Comédie à Bordeaux, "Conversation" la place Masséna à Nice. 

Les huit salles de l'exposition qui se tient au Musée de Valence retracent les étapes d'une carrière, véritable invitation à la flânerie habitée. À travers l'évocation des séries emblématiques de Jaume Plensa, les huit chapitres poétiques témoignent d'une démarche, multiplication des techniques, exploration plastiques des matériaux. Albâtre, basalte, bois, bronze, inox succèdent à la tôle découpée et soudée des années 1980. Le verre et la résine, à partir des années 1990, jouent sur la transparence et l'opacité, travail prolongé par la lumière des oeuvres publiques électrifiées. L'exposition rend compte des effets d'échelle des oeuvres monumentales jusqu'aux sculptures de dimensions plus réduites. 


Jaume Plensa - Slumberland XXXIII (Alexandra) (2015) / Shadow Study LXVIII (2011)
White Forest (Sana) (2015)

Jaume Plensa - White Forest (2015)

Jaume Plensa - Gran interior (1991)

Jaume Plensa - Série Still (2021)

Jaume Plensa - Silent Rain (2003)


Les corps de lettres imaginés par Jaume Plensa incarnent un message de paix. Ils représentent la symbiose de l'individu et de la communauté universelle des hommes. "Le Messager", "Australia", silhouettes agenouillées, dans une posture de dévotion ou de méditation, disent l'importance des mots, de la langue incarnation sensible d'une culture. La littérature est omniprésente, les poèmes de Charles Baudelaire, William Blake, les grands textes, les propres mots de Jaume. Les silhouettes ciselées inscrivent l'être de chair dans le récit, invitent à voir le monde à travers les mots, l'écrit tandis que le souffle du réel les traverse. Démarche alternative, l'installation "Silent rain" (2003), rideau de lettres qui reprend la Déclaration universelle des droits de l'Homme, propose au visiteur d'expérimenter l'œuvre.  

Dans la série "Nest" (2022), les visages féminins surgissent de l'albâtre, yeux clos sur des paysages intérieurs, figures énigmatiques en quête de sens, en repli vis-à-vis du monde, dans un état entre rêve et éveil. Les portes de fonte de "Valence" (1994) transportent le visiteur dans les expériences plastiques de la Biennale "Un artiste. Une ville". La série "White Forest" (2015), bronzes moulés d'après des modèles en bois, présence puissante, silencieuse, fantomatique, font le lien entre l'Homme et la nature dans une forme de beauté construite, réinventée. 


Jaume Plensa - Face IV (2008) / Face (2008) / Sappho (2018)

Jaume Plensa - Face (2008) / Sappho (2018)

Jaume Plensa - Sappho dessin (2018) / Slumberland (2015) / Paysage

Jaume Plensa - Sappho (2018) / Sappho dessin (2018)

Jaume Plensa - Le Messager (2024)


L'exposition "Jaume Plensa. Être là" éclaire importance de la relation entre les oeuvres tridimensionnelles et la production graphique sur papier. L'artiste décrit les sculptures comme des projections dans l'espace des dessins, des estampes, des collages à l'instar de la série "Gran interior" (1991), fruit d'une technique mixte. Jaume Plensa investit la pratique du dessin. Il vante l'instantanéité du processus, contrairement à celui de la sculpture, lent et long, qui nécessite l'intervention de collaborateurs. Fragilité, volatilité, immédiateté. La série "Face" (2008) associe des visages du monde entier à des textes notamment les articles de la Déclaration des Droits de l'Homme

Jaume Plensa. Être là
Jusqu'au 13 avril 2025

Musée de Valence, art et archéologie
4 place des Ormeaux - 26000 Valence
Tél : 04 75 79 20 80
Horaires : Du mercredi au dimanche de 10h à 12h et de 14h à 18h / Juillet-août 10h à 18h - Nocturne jusqu'à 21h le 3ème jeudi de chaque mois - Fermé les jours fériés 



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.