Expo : Andrew Hem - Fragmentz - Galerie Openspace - Jusqu'au 20 juillet 2019



A l’occasion de sa première exposition solo en France, l’artiste Andrew Hem présente à la Galerie Openspace, une série de peintures sur toiles et une sélection d’aquarelles sur papier issues de ses carnets de croquis. Américain d’origine cambodgienne, ses parents ont fui le génocide des Khmers Rouges pour s'installer en Californie. Il y a grandi bercé par la culture skate de Los Angeles et depuis nourrit son oeuvre de ce double acquis. A l’héritage de la société rurale et animiste de ses ancêtres, il mêle l’univers de la rue californienne, celle des quartiers les plus modestes. Formé dans la section illustration au Art Center College of Art and Design of Pasadena, Andrew Hem a longtemps été à la fois enseignant et illustrateur pour la presse, The Los Angeles Times, New Scientist, The Atlantic... et les marques telles que Lucky Brand Jeans, Adidas, Sony Pictures. Désormais, il se consacre à son travail personnel. Issu de l’univers du street art, il a apprivoisé gouache, huile et acrylique pour son travail d’atelier. Proche des artistes David Choe, Sainer, Escao, James Jean, Andrew Hem expose dans le monde entier, Los Angeles, Chicago, Seattle, New York, Londres, Zurich et aujourd’hui Paris avec ce premier événement intitulé Fragmentz.









Style puissant, riche palette chromatique, son monde singulier à la frontière entre réalité et fiction, évoque plus la perception émotionnelle des choses que la vérité physique. Par le biais d’une peinture figurative aux accents oniriques, il emporte l’imaginaire vers une forme de surréalisme. L’expérimentation dans la rue, le graffiti ont offert à Andrew Hem la possibilité de bousculer la notion de composition en s’appropriant l’espace ouvert de la ville.  En quête de dynamisme, la représentation sur les murs se singularise à la fois par sa dimension narrative et par son graphisme. Cet ensemble de qualités se retrouvent désormais sur des toiles aux modulations plastiques ultra-léchées. 

L’imaginaire composite d’Andrew Hem mêle l’esthétique du graffiti à la sensibilité des légendes tribales cambodgiennes. Alors que ses expériences personnelles, la mémoire vive de ses voyages imprègnent profondément ses œuvres, les souvenirs de sa famille, ceux racontés, rêvés, réinventés, affleurent sans cesse. Nature luxuriante des jungles profondes, paysages de la ville moderne provoquent un doux trouble, à la fois si familiers et totalement étrangers. Car Andrew Hem nous entraîne à sa suite dans les contrées de l’esprit, au cœur des royaumes invisibles.











Malgré l’éclat des nuances, une mélancolie prégnante flotte sur ses tableaux. La solitude récurrente des personnages, leurs poses méditatives soulèvent des interrogations. Ils errent, ils dansent parmi les mondes flottants dans une forme de somnambulisme. Ces figures hantées semblent prophétiser l’inévitable disparition de l’être humain. 

En quête de leur propre voie, ces longues silhouettes se mettent en mouvement et impriment un dynamisme particulier au trait. Les oeuvres méditatives contrastent avec les toiles célébrant le mouvement, sa fluidité saisit dans l’instant. Andrew Hem joue sur les deux tableaux introspection et action. Ces carnets de croquis dans lesquels il capture des instantanés document ses expériences, témoignent des observations.










Couleurs somptueuses et maîtrise technique sont convoquées au service d’une expression sensible des expérimentations du temps, de l’espace, du voyage. L’eau élément essentiel de l’oeuvre d’Andrew Hem évoque les fluctuations du rêve, la mémoire fragmentée, les bribes du souvenir. Les tableaux comme autant de récits d’atmosphère, incarnent les visions de l’artiste, manifestation sur toile de ses impressions obsédantes, modulations stylisées. Beauté.

Andrew Hem - Fragmentz
Jusqu’au 20 juillet 2019

Galerie Openspace
116 boulevard Richard Lenoir - Paris 11
Tél : 09 80 66 63 94
Horaires : Du mercredi au samedi 14h-19h et sur rdv en dehors de ces horaires



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.