Lundi Librairie : La prophétie de John Lennon - Louis-Henri de la Rochefoucauld



La prophétie de John Lennon - Louis-Henri de la Rochefoucauld : En 1966, John Lennon annonçait dans l’Evening Star : « Le christianisme s’en ira. Je n’ai pas besoin de débattre de cela. J’ai raison et l’avenir le prouvera. Aujourd’hui, nous sommes plus populaires que Jésus. » De nos jours, alors que les idoles rock vivent leur crépuscule, le religieux fait un véritable retour. Le premier album solo de Louis de Calville, aka Clovis, Roi des Francs a laissé largement indifférent public et critique. Le musicien désabusé peine à retrouver l’inspiration quand il est touché par une révélation divine, investi d’une mission par les voix qu’il entend. « Je n’ai jamais été Tina Turner et je ne comprenais pas pourquoi : c’est parce que j’étais Bernadette Soubirous. » Louis doit donner naissance à la musique sacrée moderne. Mais les muses se dérobent, c’est l’impasse artistique. Tandis qu’il s’interroge - la prophétie de John Lennon ne serait pas en train de trouver un renversement spectaculaire - il se rapproche des acteurs de la culture pop et rock afin d’éclairer son chemin. Producteurs, journalistes, stars du rock, pas adaptés aux évolutions de l’époque peinent à lui venir en aide.

Critique musical et littéraire, à Technikart et Lire, Louis-Henri de la Rochefoucauld signe une farce satirique sur le rock, la pop et Dieu. Quand John Lennon, entre mégalomanie et provocation, déclarait que le christianisme était destiné à disparaître, Jésus à être supplanté par les icônes de la modernité pop, il ne prévoyait pas le retour en grâce du religieux face à la confusion de notre époque. D’une plume acérée, l’auteur mène l’autopsie de la culture rock avec autant d’amour que de mauvaise foi. L’humour est corrosif, la plume acérée. Il porte un regard lucide volontiers sarcastique sur le monde de la musique, ses inévitables dérives commerciales, causes de sa déliquescence.

Par le biais d’un double de fiction pétri de contradictions, Louis-Henri de la Rochefoucauld caresse le fantasme d’une pop mystique universelle qui deviendrait l’avant-garde. « Démoder les musiques de jeunes, en faire des marottes d'Anciens en créant une pop catholique qui réunirait les nouveaux Modernes, ce serait un beau projet... »  Tandis qu’il ponctue son récit d’extraits d’entretiens menés pour Technikart, l’intrigue passe au second plan. Le livre tourne à l’exercice savoureux d’étude de caractères, sorte d’inventaire non-exhaustif avant liquidation, Dans sa galerie de portraits, il épingle Philippe Manœuvre, Pascal Nègre, Katy Perry, Christophe, Phoenix, Kiddy Smile. Art du bon mot, sens du drolatique, 

Nostalgique d’un âge d’or passé, Louis-Henri de la Rochefoucauld n’épargne pas les protagonistes de la grande légende et balance quelques coups de griffe savamment dosés. Charlotte Gainsbourg ne se rappelle pas de son écrivain préféré - Michel Houellebecq. Christophe filoute avec art des maisons de disque ravies de se faire rouler dans la farine. Philippe Manœuvre, encyclopédie vivante, est devenu une sorte de figure totémique. Pascal Nègre, aux méthodes d’un autre âge, s’est fait débarquer avec pertes et fracas de chez Universal. Ces représentants d’une aristocratie des temps modernes, déjà sur le déclin, sont à leur tour rattrapés par Jésus qui a pour lui subversion et énergie. Le romancier l’affirme haut et fort « Christ is the new cool ».

La Prophétie de John Lennon - Louis-Henri de la Rochefoucauld - Editions Stock



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.