Avec toutes mes sympathies - Olivia de Lamberterie : En plein été 2015, Olivia de Lamberterie passe ses vacances à Cadaquès avec la grande famille recomposée qui est la sienne. Un matin, Florence, sa belle-sœur l’appelle du Québec où elle habite, rongée par l’inquiétude. Alexandre, le frère cadet d’Olivia, un être solaire dévoré par les ombres intérieures, a disparu laissant une note inquiétante sur son ordinateur. Charismatique, doué, généreux, fantasque, ce graphiste de talent, directeur artistique Ubisoft éditeur de jeux vidéo, mène une vie paisible à Montréal, aux côtés de, Florence sa femme, son indéfectible soutien et de Juliette leur fille. Toute sa vie, Alexandre a lutté contre une dépression rampante. A l’annonce de cette disparition, Olivia imagine le pire car il a déjà essayé de se mettre fin à ses jours des années auparavant. Elle saute dans un avion pour le Québec. Alexandre est retrouvé, interné dans un hôpital psychiatrique, abruti par les médicaments. Florence et Oliva partage le même sentiment d’impuissance et la même volonté d’aller le chercher jusqu’au fond des abîmes. Mais ce n’est qu’un sursis. Alexandre de Lamberterie se donne la mort le 14 octobre 2015 en se jetant du pont Jacques Cartier à Montréal. Comment surmonter l’épreuve du deuil ?
Journaliste, critique littéraire, Olivia de Lamberterie lit les autres avec passion depuis toujours. Elle dirige les pages Livres du magazine Elle, intervient comme chroniqueuse dans l’émission Télématin, est critique au Masque et la Plume sur France Inter. Afin de résister au chagrin, aux larmes, elle a répondu à l’impérieuse nécessité de faire revivre ce frère tant aimé qui ne supportait plus le poids de l’existence. Refusant la disparition, elle prolonge son existence de quelques instants, le temps du livre. L’élégance du cœur donne à sa plume une sincérité, une pudeur nécessaire dans l’expression de cette indicible douleur.
Oliva de Lamberterie écrit pour surmonter l’absence et soigner les blessures. Pour faire face au deuil et dire l’amour qui les a uni, elle se découvre des ressources insoupçonnées. Il y a le chagrin bien sûr et puis surtout la joie des souvenirs communs, la relation fusionnelle, les beaux moments, la fantaisie comme l’intranquillité. Elle y raconte l’enfance heureuse dans une famille bourgeoise unie, des taiseux qui ne manifestent pas leurs émotions mais s’aiment profondément. Prédisposition génétique, hypersensibilité, la dysthymie, trouble de l’humeur chronique, état dépressif latent, qui frappe le flamboyant mais irrémédiablement mélancolique Alexandre ressemble à une malédiction familiale. Quatre cousins germains de leur père se sont suicidés. Cette maladie, la perte du désir de vivre, les médecins peinent à la cerner, à la nommer puis à la soigner.
Histoire de mémoire et le deuil, Olivia de Lamberterie, inconsolable, exprime son indignation, sa souffrance dans un récit intime parcouru de fulgurances poétiques. La grâce et la profonde bienveillance de son auteur illuminent ce texte sensible et teinté d’humour qui loin du triste monument aux morts se révèle ode à la vie d’une grande justesse. Et promesse faite à son frère d’un jour écrire son propre livre, enfin honorée.
Avec toutes mes sympathies - Olivia de Lamberterie - Editions Stock - Prix Renaudot Essai 2018
Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.
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