Jours tranquilles, brèves rencontres - Eve Babitz : Egérie intello, icône underground, Eve Babitz est la fille à suivre dans les années 1960-70. Illustratrice, elle réalise des pochettes d’album pour des groupes tels que The Byrds, Buffalo Sprinfield. Elle a un don pour l’écriture et rédige des articles pour magazines, Vogue, Esquire, Cosmopolitan, Rolling Stone. Ecrivaine, elle publie livres et recueils qui racontent la ville de Los Angeles, sa frénésie, à travers ses tribus hautes en couleurs, chez les heureux du monde, les riches, les célèbres, Hollywood, ses artistes, ses gens de cinéma, la scène rock californienne, faune étrange, délicieusement exotique. La société se transforme, la libération sexuelle bat son plein. L’alcool coule à flots, la drogue se répand et fait des victimes. Eve tombe amoureuse tous les quatre matins. Avec désinvolture, elle écume les lieux branchés, clubs, bars dans une débauche de luxe tandis que la nature sublime d’une Californie de rêve sert de toile de fin à cette fête sans fin. Elle nous entraîne dans une virée au cœur de la vallée de Nappa, s’échappe à Palm Springs dans le désert, fréquente de richissimes mondains qui s’ennuient claquemurés dans leur résidence privée, enclave ultra sécurisée. Eve croise de jeunes starlettes blasées par leur célébrité naissante, des mondains excentriques, des artistes extravagants.
Belle plante érudite, maîtresse de Jim Morrisson, d’Ed Rusch, de Steve Martin, Eve Babitz fait voler en éclats les conventions et trace, déterminée, son propre chemin. A vingt ans, elle est la femme nue qui joue aux échecs face à Marcel Duchamp sur une célèbre photographie 1963 de Julian Wasser. Recueil de chroniques joliment assemblées, traduit en France quarante ans après sa parution aux Etats-Unis en 1974, Jours tranquilles, brèves rencontres rassemble des instantanés amusants décalés, des anecdotes savoureuses, autant de brefs moments éclairants, saisis sur le vif comme autant de petites nouvelles ayant pour thème central le Los Angeles des années 1960-70, le monde des nantis, celui des arts ou encore du cinéma.
Eve Babitz, provocatrice désinvolte, fine observatrice de ses contemporains, nous y raconte sa vie avec un art consumé de la frivolité, dissimulant sous une apparente naïveté sa profondeur d’esprit. Il ne faut jamais paraître sérieux. Revendiquer la futilité, l’extravagance est un prérequis. Sous le soleil de Californie, notre guide se trouve toujours à l’épicentre de la tendance. A son charme légendaire, elle allie un don pour reconnaître le talent, s’entourant des futurs grands, musiciens, acteurs, écrivains.
Elle saisit l’air du temps, témoignant avec panache d’une époque. Souvenirs, confidences, notre spirituel cicérone ouvre les portes de la ville et trace en creux le portrait de la cité des Anges, métropole monstre, et des créatures qui la peuplent. L’éternelle amoureuse, séductrice hédoniste, déploie une écriture précise, incisive où l’ironie d’une fausse innocence confère un humour décalé aux textes. Avec un rare talent de conteuse, Eve Babitz retranscrit une atmosphère singulière animant les saynètes de personnalités qu’elles croquent en quelques phrases vivaces, plume acide trempée dans un vitriol souriant. Un livre délicieux, solaire, piquant.
Jours tranquilles, brèves rencontres - Eve Babitz - Traductin Gwilym Tonnerre - Editions Gallmeister
Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.
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