Théâtre : La petite fille de Monsieur Linh d'après Philippe Claudel - Adapté et interprété par Sylvie Dorliat - Le Lucernaire



Après un long voyage éprouvant, Monsieur Linh, sa petite fille serrée contre son cœur, arrive dans un port français, un glacial matin d'hiver. Il a fui son pays ravagé par la guerre après la mort de son fils et de sa belle-fille. Logé avec le paisible, trop paisible nourrisson, dans un foyer de transit, Monsieur Linh se souvient avec nostalgie de la douceur de vivre de sa terre natale. Alors que le vieil homme se risque à quelques promenades, il fait la connaissance de Monsieur Bark. Malgré la barrière de la langue, un profond lien d'amitié se noue. Rencontre de deux solitudes.





Interprétation sensible du court roman de Philippe Claudel, La petite fille de Monsieur Linh est une fable terriblement contemporaine qui entre douloureusement en résonance avec l'actualité. Evoquant avec sobriété et délicatesse le sort des réfugiés dans un monde hostile d'exil, cette histoire de déracinement, de deuil impossible entraîne le spectateur sur les routes poétiques du souvenir. La mémoire des morts, la solitude et le désespoir trouvent un instant de répit dans la puissance des liens humains, dernier rempart contre la folie, espoir de résilience.

Ce contre cruel, adapté et interprété par Sylvie Dorliat, retrouve ici la force du récit originel, la simplicité de sa grande humanité. Sur le plateau, dans les jeux de lumière et l'épure du décor, règne une atmosphère onirique. La sobriété de la mise en scène pensée par Célia Nogue souligne le caractère intimiste du propos. Sur le fil d'une raison vacillante, le drame est évoqué avec une grande pudeur dans l'émotion poétique des mots.




Sylvie Dorliat alterne jeu et récit dans une belle intelligence du texte, incarnant les protagonistes avec précision et beaucoup de sincérité. Lumineuse, habitée, elle traduit merveilleusement la détresse, la naïveté teintée de mélancolie tendre de ce grand-père en déroute ou encore la bonhommie truculente d'un Monsieur Bark tout aussi attachant.

Histoire poignante d'exil et d'amitié, La petite fille de Monsieur Linh est une pièce bouleversante, un très beau moment de théâtre.

La petite fille de Monsieur Linh d'après Philippe Claudel
Jusqu'au 20 août 2017
Adapté et interprété par Sylvie Dorliat
Mise en scène Célia Nogues

Le Lucernaire
53 rue Notre Dame des Champs - Paris 6
Tél : 01 45 44 57 34



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.