Nightlife : L'Orphée Privé, bar de nuit musical - 7 rue Fontaine - Paris 9



Derrière la porte très ordinaire d'un immeuble anonyme, se cache incognito un bar de nuit musical au passé sulfureux. Durant trente-sept ans au 7 rue Fontaine, un sauna libertin a attiré une clientèle en quête d'émotions fortes. Depuis 2011, ce lieu s'est métamorphosé en un bar à cocktails, tout ce qu'il y a de plus moral, évolution emblématique du Pigalle des peep shows et des vénus mercenaires. L'Orphée Privé, nommé en hommage à Jean Marais et Cocteau qui auraient partagé une garçonnière à ce numéro, satisfait à bon compte les envies d'aventure des Parisiens adeptes d'endroits insolites, jouant avec humour sur les codes libertins. Minuscule adresse qui s'échange entre initiés, en sonnant à l'entrée où patte blanche il faut montrer, on ne sait pas trop à quoi s'attendre. L'Orphée sait ménager ses effets.







Humeur festive joyeusement canaille, lieu décalé aux allures de clandé, ce bar imaginé dans un esprit appartement se veut intimiste. Lumière tamisée rouge baiser pour la touche décadente, mobilier chiné, papier peint rétro, appliques art déco et affiches coquines seventies, L'Orphée Privé douillettement lové appuie le clin d'œil d'une luxure vintage bien sage. La salle de massage devenue vestiaire mène au bar où se presse dans un esprit presque familial une foule dense composée d'un aimable combo jeunes branchés, jolies filles, garçons sensibles et habitués du quartier. Au-delà, un piano trône dans une petite salle comme une invitation au bœuf improvisé. Mercredis et jeudis, c'est scène ouverte à l'Orphée. L'atmosphère musical y est éclectique, DJ mixant en live le week-end, on s'agite sur de l'électro, de la pop ou du disco.








Le grand fumoir cosy a remplacé les douches de l'ancien sauna. Dans un coin un fauteuil Emmanuelle en rotin nous plonge dans les seventies coquines que des touches rétro, tel ce vieux poste de radio, soulignent gaillardement. Voyage dans le temps. Volée de chaises de styles hétéroclites, velours sur les canapés, tables basses chinées complètent cette décoration pleine d'astuces. A la tête de cet établissement bon enfant, Mounir Katché, ancien du Queen, des Bains Douches et de L'Anthracite travaille avec Camille Delalande à la direction artistique pour une expérience singulière, un peu déjantée, un peu comme à la maison qui ne manque pas de charme.









Côté bar, on mise sur des cocktails gentiment inventifs - cocktails classiques 12 euro, alcool premium 16 euro - aux noms des plus cocasses. La Coquine, l'Erotica, La Fessée, la Grosse cochonne, l'Oxygène, l'Etrangère, le Pigalle, le PQR, on se donne des petits frissons interlopes en passant la commande. Les fruits sont frais, les sirop Monin, si l'Orphée ne roule pas des mécaniques en mode mixologie pointue dont sont adeptes les expat' de la Capitale, tout cela est des plus rafraîchissants.

L'exiguïté des lieux, victimes leur succès, peut être un peu contraignante. Je compte donc sur vous pour garder l'adresse confidentielle. On reste entre nous, n'est-ce pas ?

L'Orphée Privé
7 rue Fontaine - Paris 9
Horaires : du mardi au jeudi de 20h30 à 2h - du vendredi au samedi de 20h30 à 4h
Tél : 01 42 80 24 38



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.