Expo : From Heaven to Hell, les photographies ambiguës et sensuelles de Stéphane Thévenon - BAB's galerie - Jusqu'au 2 avril 2016

Crédit Stéphane Thévenon

Loin des studios, Stéphane Thévenon promène son objectif à travers des univers contrastés, d'usines désaffectées inquiétantes en paysages normands idylliques. Alors qu'une inquiétude presque imperceptible semble planer sur ses clichés, la magnificence de la nature devient prétexte d'expression, les corps féminins, puissants et sensuels, réflexion contemplative. Images surprenantes, provocantes, à l'érotisme ambiguë, son goût de la mise en scène, de la stylisation déploie les interrogations du spectateur qui devient acteur en imaginant histoire et contexte. Il expose, jusqu'au 2 avril, une série intitulée From Heaven to Hell à la BAB's Galerie.





Crédit Stéphane Thévenon


Peintre pendant douze ans, Stéphane Thévenon renonce aux pinceaux frustré de ne pas parvenir à transmettre sur toile les émotions qui l'habitent. Depuis cinq ans, il expérimente une nouvelle forme d'expression artistique à travers la photographie. Proche de la culture alternative, il est le co-fondateur du collectif Street Art Shooteurs. Cette passion pour la création de rue lui a permis de rencontrer des artistes engagés en perpétuelle réappropriation de l'espace urbain. Au cours de ses pérégrinations en compagnie des graffeurs, il découvre de nombreux lieux singuliers qui aujourd'hui inspirent la scénographie de ses photos.   







Crédit Stéphane Thévenon


L'utilisation du fish eye permet à Stéphane Thévenon de renforcer l'impression d'irréalité que ce soit en pleine nature ou dans des lieux clos très urbains. La composition, les couleurs, les textures sont travaillées de telle sorte qu'elles évoquent l'œil du peintre. L'aspect désaturé de ses images est lié à l'intérêt profond qu'il porte aux anciennes photographies, cartes postales colorisées à postériori. Les teintes passées soulignent la dualité de formes familières devenues mosaïque dépaysante. La terre et le ciel, éléments ancrés, se parent de mauve cyanose, tandis que la chlorophylle s'évapore, comme dans cette vision post apocalyptique d'une petite voiture d'enfant abandonnée dans un champ violet. Les tirages noir et blanc jouent sur le clair-obscur tandis que des touches de couleur viennent souligner le rouge d'une bouche, rouge passion, rouge sang.




Sujet de prédilection du photographe, le nu féminin occupe une place à part dans son oeuvre. Le corps sculptural, alangui, sulfureux procède sous son objectif d'une esthétique graphique où la force des lignes déifie ces vestales dénudées, walkyries intimidantes qui imposent leur présence de guerrière avec la morgue de déesses. Altières dominatrices, ces créatures ambiguës séduisent, provoquent, se laissent admirer. La dimension plastique du corps androgyne s'exprime dans la puissance d'un dos tatoué, un jeu de lumière sur une musculature, la moire des peaux. Images de femmes fortes et sensuelles, les clichés de Stéphane Thévenon remettent en question les corps figuratifs au-delà du nu pour révéler des personnalités. Formes et beauté utilisées de façon symbolique mettent en exergue un érotisme, levier d'expérience libertaire, de projection fantasmagorique.

From Heaven to Hell - Stéphane Thévenon 
Jusqu'au 2 avril 2016

BAB's Galerie
27 rue Casimir Perier - Paris 7



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.