Petit Piment - Alain Mabanckou : A l’orphelinat de Loango à 20km de Pointe-Noire, le prêtre zaïrois Papa Moupelo recueille un nourrisson qu’il nomme Tokusima Nzambe po Mose Yamoyinko abotami namboka ya Bokoko, Rendons grâce à Dieu, le Moïse noir est né sur la terre des ancêtres. Le petit garçon, que tout le monde appelle Moïse par commodité, grandit presque heureux veillé par Sabine Niangui. Alors que le Congo trouve la voie de l’indépendance, les choses changent. L’impitoyable Dieudonné Ngoulmoumako et ses nombreux neveux, adeptes des punitions corporelles et des restrictions de budget, prennent la tête de l’établissement lorsque les religieux quittent le pays. En 1969, la révolution socialiste fait à son tour disparaître le bon père Moupelo.
Moïse n’a qu’un seul véritable ami, Bonaventure Kokolo. Quand les jumeaux Songi-Songi et Tala-Tala, deux petites brutes, s’en prennent à lui, il décide de le venger d’une façon plutôt cocasse qui lui vaut très vite le surnom de Petit Piment. Placé d’autorité sous la coupe des jumeaux, Moïse se laisse convaincre de fuir l’orphelinat avec les deux terreurs. Ils rejoignent les enfants des rues du Grand Marché de Pointe-Noire. Dans le quartier Trois-Cents, Moïse rencontre une mère maquerelle zaïroise Maman Fiat 500 et devient son protégé.
Moïse n’a qu’un seul véritable ami, Bonaventure Kokolo. Quand les jumeaux Songi-Songi et Tala-Tala, deux petites brutes, s’en prennent à lui, il décide de le venger d’une façon plutôt cocasse qui lui vaut très vite le surnom de Petit Piment. Placé d’autorité sous la coupe des jumeaux, Moïse se laisse convaincre de fuir l’orphelinat avec les deux terreurs. Ils rejoignent les enfants des rues du Grand Marché de Pointe-Noire. Dans le quartier Trois-Cents, Moïse rencontre une mère maquerelle zaïroise Maman Fiat 500 et devient son protégé.
Truculent récit initiatique, satire sociale, dense, intense, Petit Piment retrace, à travers les soubresauts de l’histoire contemporaine d’un pays, la trajectoire chaotique d’un petit bonhomme livré à lui-même. Alain Mabanckou dédie cette fable urbaine moderne à Pointe-Noire, sa ville, son lieu-source. Mêlant l’humour, la folie et la sagesse, ce roman de la rue africaine, flamboyant et touchant, est habité par la poésie. Déployant verve et imagination, l’auteur explore le territoire de l’enfance avec toute la liberté que lui confère la forme du conte, n’hésitant pas à affronter les tabous africains, les conflits ethniques, le racisme intracommunautaire, la traite des esclaves, les outrances des régimes politiques, la corruption, la condition des femmes.
Les aventures rocambolesques de personnages burlesques plus vrais que nature rythment un récit alerte plein de tendresse dont la langue inventive navigue entre élégance et cocasserie. Sous la plume d’Alain Mabanckou, faconde gouailleuse et charme naïf du conteur habile, la sombre réalité des malheurs d’un peuple prend les atours aimables de la fable sans pourtant perdre en lucidité. Derrière la fantaisie, la gravité, tandis qu’en filigrane se dessine le Congo des années 70, pays natal de l’écrivain, nouvelle terre du marxisme-léninisme, terreau fertile pour les dictatures à venir. Récit d’apprentissage inspiré, roman exubérant mais profond, Petit Piment est un beau texte, intelligent et émouvant.
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