Depuis le premier Tour de France de Lance Amstrong, en 1993, à l’âge de 21 ans, le journaliste irlandais David Walsh s’intéresse de près au parcours du sportif qu’il trouve sympathique sans avoir l’étoffe d’un champion. Frappé par la maladie, le cycliste interrompt sa carrière pour revenir en force, le cancer vaincu. Alors qu’Amstrong semble être doté de capacités physiques limitées, sa carrière prend soudainement un nouvel essor. Les médias, les sponsors et le public veulent croire à cette histoire de victoire contre la maladie dont on se relève plus fort. Peu à peu l’incroyable succès est remis en cause par des témoignages et les performances décuplées du coureur deviennent suspectes. Amstrong jouant de sa popularité et de son influence dans le milieu, soutenu par les institutions qui le couvrent, tente de mettre un terme aux investigations de David Walsh.
Biopic ironique et distancié, alliant plaisir et vitesse visuels, thriller sur le fil d’une folle enquête, The Program retrace le démantèlement du programme de dopage qui a fait de Lance Armstrong coureur limité par son physique, une légende capable de remporter sept fois le Tour de France. Dans les coulisses de l’un des plus gros scandales sportifs du siècle, Stephen Frears, le réalisateur, embarque le spectateur dans un univers où gloire et mensonges, dopage et performances vont de paire.
Jouant sur l’ambiguïté du sujet, à travers une mise en scène discrète, il évoque la trajectoire personnelle du sportif. Emporté par ses obsessions de victoire et le cirque médiatique, dépassé par les enjeux du spectacle, Armstrong perd le contrôle tandis que l’entourage professionnel composé de cyniques le pousse toujours plus loin. Un portrait sans concession du champion déchu mais sans jamais verser dans le manichéisme.
Côté casting, Ben Foster, en machine programmée pour gagner, menteur invétéré dévoré par l’ambition, rend avec brio toute la complexité d’un personnage atrabilaire et égotique. A l’écran la ressemblance physique est frappante. Le mimétisme de la gestuelle, l’expressivité sont troublants tant la composition est efficace. Chris O’Dowd, journaliste seul contre tous, est impeccable. Quant à Guillaume Canet qui interprète un méphistophélique Docteur Ferrari, il loupe le coche en en faisant des tonnes. Une outrance dans l’excentricité, à la frontière du burlesque, un accent à couper au couteau improbable rendent sa prestation décevante.
Au cœur d’un milieu opaque, The Program évoque avec lucidité l’ascension et la chute d’un homme prêt à tout pour gagner, jusqu’à cette ultime interview-confession en 2013 sur le plateau de l’émission d’Oprah Winfrey. L’histoire du cyclisme prend une dimension nouvelle à travers ces images relatant les anecdotes et les étapes qui marquent la carrière de Lance Armstrong ainsi que l’avènement du dopage systématisé. Les séquences de reconstitution et scènes de courses sont particulièrement marquantes, ces dernières parvenant presque à rendre sexy un sport pourtant assez peu visuel. Finalement, il faudrait peut-être envisager de mettre en musique les retransmissions estivales du Tour pour attirer un nouveau public.
The Program réalisé par Stephen Frears
Sortie le 16 septembre 2015
Avec : Ben Foster, Lee Pace, Jesse Plemons, Dustin Hoffman, Chris O’Dowd, Guillaume Canet
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