Louis Bloom, un loser asocial, vivote de petits larcins. Mais Louis veut s’en sortir, il a de grandes, de très grandes ambitions. Alors quand sa route croise celle de reporters écumant Los Angeles by night, à la recherche d’images choc à vendre aux chaînes locales, il y voit LA bonne idée qu’il attendait, celle qui correspond à ses attentes ET à ses capacités. Branché sur les fréquences radio de la police, caméra miteuse au poing, il devient chasseur de scoops. Charognard des temps modernes, diablement doué pour dénicher les faits divers sanglants, graves accidents de la route, incendies, meurtres, qui satisferont le voyeurisme des téléspectateurs. Bloom ne tarde pas à franchir la ligne jaune dans une course sans limite à l’info spectacle, au sensationnalisme.
Si le sujet est original, le choc du film est la performance de Jake Gyllenhaal. Il est époustouflant. Métamorphosé pour le rôle : 10 kilos en moins, le visage creusé, le corps comme rétréci, inhibé, inexistant. Banal. Tous ceux qui croisent sa route veulent l’appeler Lou, mais non, il est différent, il n’est pas « commun » contrairement à ce qu’il laisse paraître : il s’appelle Louis ! Et Jake Gyllenhaal donne à Louis une profondeur étourdissante, glaçante, flippante. Par son seul jeu d’acteur, transparait un feu intérieur où un narcisse extrême cohabite avec une totale absence d’empathie. On flirte avec le profil du serial killer.
Jake Gyllenhaal partage la vedette avec Los Angeles, superbement filmée par Dan Gilroy. La ville nous enveloppe, complice de Louis dans sa course aux images trash. Le réalisateur racontait lors d’une interview : « Aux Etats-Unis, les programmes télé sont interrompus par une course poursuite, une traque en directe filmées… mais normalement ces retransmissions doivent être en léger différé afin de couper les images choquantes (accident, meurtre…), sauf que les chaines « oublient » et diffusent en direct ! » Le vrai, le réel, le drame en live ! A l’heure où, en France, nos fameux 20h de TF1 et France 2 nous abreuvent de reportages aseptisés, les Etats-Unis, eux, ont déjà succombé au côté obscur. Mais, s’il n’y avait pas de public réceptif, il n’y aurait pas de spectacle.
Malgré un final relativement prévisible, "Night Call" s’affiche comme un miroir de cette Amérique où n’importe qui peut devenir chasseur d’images, certains encore vaguement journalistes, mais jusqu’où peut-on aller ? En l’absence de déontologie, l’humain côtoie le charognard. Bonjour l’évolution de l’humanité, si Darwin voyait ça… En éveilleur de conscience, il semblerait bien que Jake Gyllenhaal vienne de basculer dans la cour des grands, des très grands. Excellent film ! Oscars vous avez dit Oscars ?
Malgré un final relativement prévisible, "Night Call" s’affiche comme un miroir de cette Amérique où n’importe qui peut devenir chasseur d’images, certains encore vaguement journalistes, mais jusqu’où peut-on aller ? En l’absence de déontologie, l’humain côtoie le charognard. Bonjour l’évolution de l’humanité, si Darwin voyait ça… En éveilleur de conscience, il semblerait bien que Jake Gyllenhaal vienne de basculer dans la cour des grands, des très grands. Excellent film ! Oscars vous avez dit Oscars ?
PS : Si vous aimez l’envers du décor des chaînes d’infos américaines, dignes de ce nom, je vous conseille l’excellente série "Newsroom".
Night Call de Dan Gilroy
Avec Jake Gyllenhaal, Rene Russo et Riz Ahmed
Sortie le 26 novembre 2014
Passionnée par le 7ème art, Sand est chroniqueuse cinéma pour le blog collaboratif Belle et Cultivée
depuis près de trois ans. Vous pouvez la retrouver quotidiennement sur son fil Twitter. Appréciant aussi bien les films d'auteur que
les blockbusters, elle porte un regard aigu et éclairé sur les
productions actuelles. Verbe haut et plume acérée, ses chroniques sauront vous séduire par la qualité de leur analyse, leur bonne humeur contagieuse. Avec Sand, partage est le grand mot.
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