Nos Adresses : Le Lobster Bar - 41 rue Coquillières - Paris 1

Lobster Roll au Lobster Bar

Depuis son ouverture début avril, le Lobster Bar fait couler beaucoup d’encre et attise les curiosités des parisiens en mal de sensations gourmandes dont la mienne. Je n’ai pas résisté à l’envie d’aller visiter ce comptoir bien campé dont le but avoué est de démocratiser le roi des crustacés, son altesse le homard au risque de voir les puristes crier au crime de lèse-majesté.Vingt couverts, service à l’assiette, deux plats à la carte, le lobster roll et le crab roll, le concept est d’une rare lisibilité dans le milieu de la restauration où l’on aime faire des chichis même autour d’un simple burger. Burger qui pourrait bien se voir détrôné dans le cœur des amateurs de cuisine franco-américaine par cet étonnant outsider qui fait déjà fureur Outre-Atlantique. 


Le Lobster Bar - 41, rue Coquillières - Paris 1

Décoration transatlantique au Lobster Bar
Fresque du duo Vår au Lobster Bar

A l’origine du projet, Mathieu Mercier ancien scénariste pour des séries comme Avocats et associés, Boulevard du Palais. Cet helvète marié à une new yorkaise pur jus avait envie de faire une pause, de réaliser un rêve de gosse en se lançant dans la restauration. Adolescent en vacances aux Etats-Unis, il découvre par hasard le lobster roll, sur une plage du Maine en commandant un déjeuner dans  l’équivalent US de la baraque à frite. Les burgers sold out, il se résigne la mort dans l’âme à goûter ce curieux hot dog des mers dans lequel le royal décapode a pris avec impertinence la place de la traditionnelle saucisse. Coup de foudre gustatif.

Le lobster roll dédramatise le homard, désacralise la bête vénérée en Europe comme un produit de luxe. Avec ce chien chaud iodé, inspiré par la cuisine de rue des food trucks américains, Mathieu Mercier revisite au goût français une spécialité anglo-saxonne populaire et nous embarque pour un bref voyage Paris-New York. C’est d’ailleurs dans la Grosse Pomme qu’il est allé chercher conseil auprès d’experts dans les cuisines des célèbres Mary’s Fish Camp et Pearl Oyster Bar.

On retrouve ce joli métissage des idées dans la décoration du Lobster Bar, esprit paquebots des années 20, table en laiton, banquettes en acajou, détails marins. La touche de modernité est apportée par une fresque murale réalisée par le duo de graphistes Vår composés de Björn Atldax et Karl Grandin, célèbres pour avoir conçu le logo tête de mort et la plupart des visuels de la marque suédoise Cheap Monday.


Rillettes d'ormeaux - Lobster Bar

Assiette Lobster Roll généreuse - Lobster Bar

La formule du midi avec plat, dessert et boisson, idéale pour explorer l’idée limpide du Lobster Bar se décline en deux versions option homard - 36 euro - ou crabe - 29 euro. A moins que vous ne préfériez découvrir à l’ardoise, les intitulés clairs et francs, promesses de moments agréables autour des produits de la mer. Les entrées proposées façon tapas offrent une intéressante sélection de taramas bio de chez Safa, à partager entre amis : classique, oursin ou crabe - entre 4 et 5 euro. Mention spéciale pour les rillettes de la mer Groix et Nature, produits bretons de l’île de Groix, spécialités du terroir- 9 euro -, bar de ligne ou ormeaux également appelés oreilles de mer, un gastéropode marin rare dont la pêche très réglementée est limitée.

Assiette graphique et vive, la spécialité du Lobster Bar, le lobster roll dodu est un plaisir de l’œil, servi copieusement - 26 euro l’assiette. Sa modernité presque régressive, s’exprime de façon explicite, simple et concluante.Un petit pain à hot dog doré au beurre sélectionné parmi plus de 12 variétés - curieusement c’est le pain au lait Pasquier avec son côté brioché sucré qui a été choisi car se rapprochant le plus de l’esprit décomplexé ludique des buns oblongues américains. Cent grammes de chair de homard breton, généreuse, découpée en médaillon, tendre et juteuse, sucrée, iodée arrosé d’une sauce à la recette secrète dans laquelle on discerne aisément l’estragon ciselé, le citron et l’huile d’olive. La difficulté a été de trouver des mareyeurs de Rungis susceptibles  d’approvisionner le restaurant toute l’année en crustacés frais. La cuisson du homard fait toute la différence. Dans un premier temps, cuit à la vapeur afin que la chair se décolle de la carapace, puis décortiqué, il est ensuite passé au four.

Le lobster roll est accompagné d’une salade sucrine croquante avec sa petite vinaigrette moutarde à l’ancienne et des frites maisons dorées à l’huile d’olive. Pour les frites qui conservent leur peau afin de leur garder un côté rustique, Mathieu Mercier change de variété de pommes de terre tous les deux mois afin de suivre les saisons et profiter du meilleur de chacune.

Accueil charmant et enthousiaste, ambiance parisienne décontractée, saveurs fraîches et qualité des ingrédients sélectionnés, petit bémol tout de même pour les odeurs de cuisine. Pas de doute les frites sont faites maison et on en garde l’odeur sur les vêtements toute l’après-midi. Un chouilla gênant si l’on retourne bosser après déjeuner. Le Lobster Bar propose un homard revigoré plein d’allant, démocratisé de façon nette et actuelle, 26 euro pour un plat de crustacé prestigieux, c’est très raisonnable à mon sens et l’expérience gourmande est intéressante.

Lobster Bar
41 rue Coquillières - Paris 1
Horaires : de mardi à samedi de 12h00 à 23h00