Depuis deux jours, c’est la panique
dans le milieu de la haute parfumerie. La Commission européenne examine les recommandations
publiées en juin dernier par le Comité Scientifique pour la Sécurité des
Consommateurs concernant des composants des fragrances naturelles couture
qui provoquent des allergies auprès de certains utilisateurs. Les ingrédients
incriminés entrent dans la composition de 90% des parfums des grandes maisons
de Chanel à Dior en passant par Guerlain ou encore Serge Lutens.
Le rapport de la CSSC est un travail
scientifique qui pose une question mais ne représente pas la position de la
Commission. Devant le tôlé général provoqué par la mise en lumière de ce
dossier, Bruxelles s’est voulu rassurant vendredi en soulignant qu’il s’agissait
de savoir s’il faut ajouter ces nouveaux allergènes identifiés par les
scientifiques à la liste des 26 couverts par la législation qui impose un
étiquetage indiquant leur présence.
Les recherches menées par le CSSC
ont déterminé qu’entre 1 et 3 % de personnes seraient allergiques ou potentiellement
allergiques à certains types de composants naturels. Les conclusions pourraient
être inquiétantes pour la filière de la parfumerie si elles étaient prises au
pied de la lettre. Deux mesures sont préconisées qui menaceraient le
processus de fabrication des plus célèbres jus de la planète rendant impossible
leur composition originelle et porteraient un coup fatal à la création
olfactive en réduisant singulièrement la palette de senteurs naturelles à
disposition.
Dans un premier temps, le rapport
prescrit de restreindre la concentration de 12 ingrédients déterminés comme
allergène à 0,001% de produit fini. Cela conduirait certes à limiter l’usage de
composants naturels mais au profit de composants de synthèse ce qui n’est pas
sans soulever certaines interrogations sur l’implication des lobbies de l’industrie
chimique dans la polémique. Cette limitation concernerait notamment la
coumarine qui se retrouve dans les fèves tonka - Belle d’Opium d’Yves Saint Laurent ou Jicky de Guerlain - l’eugénol
dans le clou de girofle - Eau du Soir de Sisley - ou encore le géraniol composant
naturel de l’huile de rose et de palmarosa - Shalimar de Guerlain, le parfum Chloé, Classique de Jean-Paul Gaultier - ou bien le citral présent dans les huiles essentielles
de verveine - L'eau d'Issey pour homme d'Issey Miyaké -
de citron - au d'Hadrien d'Annick Goutal - et de mandarine - Eau d’orange verte d’Hermès.
Pire encore, le rapport préconise l’interdiction pure et simple de mousses d’arbre
à l’origine des notes boisées du Chanel n°5, Féminité du Bois de Serge
Lutens ou Miss Dior.
Changer la formulation des
fragrances, altérer la composition de parfums mondialement connus, c’est
accepter de faire muter leur odeur, de les dénaturer en étant réduit à l’utilisation
de matières premières artificielles. L’héritage culturel olfactif et le
rayonnement mondial de la parfumerie française notamment ne survivrait pas. Sur
un plan économique, petits producteurs de produits naturels notamment de citron
et de bergamote seraient menacés au même titre que l’activité de certains
grands groupes dont la commercialisation de parfums est une base lucrative
permet par exemple de financer la haute couture.
Pour le moment, la Commission
européenne ne voit le débat que comme une simple question d’étiquetage. La législation
actuelle concernant les cosmétiques garantit une protection des consommateurs
et il n’est pour l’instant pas question de la modifier tout au plus de prendre
des mesures réglementaires.
Comme le faisait très justement remarquer ma cousine, plutôt que de tenter d'interdire le Chanel n°5 ils feraient mieux tous ces braves gens d'interdire monsieur Pitt et son regard bovin d'antenne. Je
crois d'ailleurs que les récriminations des
consommateurs au sujet de la nouvelle campagne du parfum star, ont été entendu chez Chanel. La dernière fois que je l'ai vue, la "performance" de Brad avait été singulièrement écourtée au
profit d'images ultra tartes mais très spot de pub à base de créatures enamourées.
Enregistrer un commentaire