De Ouagadougou à Paris, Roukiata Ouedraogo met en scène son parcours, celui d'une écolière rêveuse devenue adolescente idéaliste, jeune femme déterminée qui quitte son pays natal à l'âge de vingt ans pour arriver en France désargentée mais pleine d'espoir. Elle se remémore les premières déconvenues d'une comédienne africaine à laquelle ne sont proposés que les mêmes rôles stéréotypés et enfin les planches sur lesquelles elle trouve enfin l'épanouissement. Auteur, interprète, danseuse, conteuse, Roukiata Ouedraogo est tout cela dans un seule en scène généreux et émouvant. Du rire aux larmes, elle porte un regard amusé sur sa propre traversée initiatique. La rue source d'inspiration se mêle à la dimension autobiographique d'un spectacle qui révèle toute la fantaisie d'une personnalité pétillante.
Venue à Paris pour étudier le stylisme, découragée par une conseillère de "désorientation" comme elle dit, faute de moyens également, Roukiata Ouedraogo a été éducatrice dans un centre aéré, danseuse, mannequin et maquilleuse pour des marques prestigieuses pendant douze ans. A la suite d'un deuil - elle perd tour à tour son frère et son père - elle s'inscrit dans un stage au cours Florent en 2007. Cet épisode marque le début d'une longue route au cours de laquelle elle devra tout apprendre, tout réinventer. Aujourd'hui, l'humoriste qui est également chroniqueuse à la radio dans l'émission Par Jupiter sur France Inter, interprète son troisième spectacle.
Evoquant avec malice les différences culturelles entre Afrique et France, la comédienne passionnée par l'écriture croque avec finesse défauts et particularités, verbe haut, plume colorée, accent chantant. L'oncle ancien combattant, sa mère à qui elle annonce sa décision de devenir saltimbanque, la conseillère d'orientation, elle endosse les rôles avec une gouaille irrésistible, déclinant une galerie de personnages truculents.
Authentique, Roukiata Ouedraogo porte un regard très juste sur la société contemporaine, capable de nous faire rire avec des sujets légers, le froid français, les castings, les couples mixtes comme de nous interpeller sur des thématiques plus graves, sans jamais pour autant sombrer dans le pathos. Le racisme, sa propre expérience de l'excision, les maux des femmes, l'éducation et la santé en Afrique, sa réflexion fait entendre des vérités.
Dans les mots de Roukiata Ouedraogo, le rire devient une arme contre les injustices, les inégalités. En prenant la parole, elle s'engage dans le combat d'émancipation des femmes pour dénoncer les pesanteurs sociales et véhiculer un message afin de faire évoluer les mentalités. Avec humour, joie et poésie. Un spectacle vibrant, pour sourire et s'émouvoir.
Je demande la route, de et avec Roukiata Ouedraogo
Mise en scène Stéphane Eliard
Mise en scène Stéphane Eliard
Du 11 janvier au 7 avril 2018
Jeudi, vendredi et samedi à 21h30
Relâches exceptionnelles les 15 et 16 mars
Le Lucernaire
53 rue Notre-Dame-des-Champs - Paris 6
Réservations : 01 45 44 57 34
Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.
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