Paris : La Campagne à Paris, la quiétude bucolique d'un havre fleuri - XXème



La Campagne à Paris baigne dans une quiétude rare. Isolé de la ville par sa géographie légèrement surélevée, ce quartier confetti est l’une de ces jolies surprises insolites dont la Capitale a le secret. Pavillons de ville abondamment fleuris, calmes allées où prospèrent glycines vénérables, rosiers opulents, passiflores somptueuses, lilas, jardinets arborés, le temps suspend son vol au cours d’un bel après-midi d’été. La Campagne à Paris se compose de trois rues principales, les rues Paul Strauss, Irénée Blanc et Jules Siegfried et quatre venelles parées d’escaliers permettant une ascension de la petite butte n’ayant pris de nom qu’en 1994, la rue Georges Perec, la rue Père Prosper Enfantin et la rue Camille Bombois.












La porte de Bagnolet, sous ses aspects très urbains, réserve quelques jolies surprises à ceux dont la curiosité les pousserait à s’aventurer au-delà du dédale des ruelles du XXème arrondissement. En remontant un peu vers le nord, depuis la place Edith Piaf jusqu’à celle d’Octave Chanute, le flâneur accède à un hameau préservé, ilot verdoyant aux ruelles pavées délimité par le boulevard Mortier, la rue du Capitaine Ferber et la rue Géo Chavez.

Le coeur de notre actuelle Campagne à Paris est situé sur les terres de l’ancienne commune de Charonne rattachée à Paris en 1860. Ce micro-quartier se trouve plus exactement sur la colline où se déployer en sous-sol les carrières de gypse du père Roussel. Ces profondes excavations ont été  comblées sous le Second Empire par les gravats issus des grands travaux haussmanniens de la place de la République et de l’avenue Gambetta. Jusqu’en 1907, un petit bois naturel se développe sur la butée stabilisée.











A cette époque, une coopérative, menée par le pasteur Sully Lombard, humaniste fortement engagé qui multiplie les actions sociales, rachète le terrain. Une vaste entreprise immobilière dans la lignée de ses oeuvres de bienfaisance voit le jour.  Le projet prévoit de réaliser un lotissement de 92 pavillons de ville destinés à une population dont les revenus modestes ne leur permettent pas de se loger décemment à Paris. La coopérative prend le nom de Campagne à Paris, appellation qu’elle transmet à ce nouveau quartier dont le charme bucolique rend un bel hommage à cette poétique dénomination. Les travaux durent jusqu’en 1928. Ouvriers, fonctionnaires, employés prennent alors possession de ces nouvelles habitations. 

Autrefois populaire, ce quartier est aujourd’hui le rêve de nombreux Parisiens aisés mais il n’est accessible qu’aux chanceux qui pourraient découvrir par le bouche à oreilles la vente de l’une de ces habitations hautement convoitées. Il faut montrer patte blanche et séduire le voisinage. Le comité de quartier très actif veille au grain. Bordé de petites maisons de ville classiques des cités ouvrières en briques ou en meulières, ce village insolite offre un spectacle chamarré dans une atmosphère cossue de petit hameau prospère jalousement préservé et entretenu par les riverains.












Chaque pavillon de deux étages doté d’un jardinet reflète la personnalité de leur propriétaire. Jolies marquise, barrières colorées et dextérité de mains vertes anonymes jouent de leur charme pour séduire voire parfois éblouir. Certains recoins rappellent l’Angleterre, d’autres les régions françaises comme la Normandie.

Si peu de voitures s’y croisent, nombreux sont les promeneurs ravis de profiter l’espace de quelques heures de ce luxe champêtre en plein cœur du tumulte urbain. L’une des grandes chances du quartier de la Campagne à Paris est la fragilité du terrain. Les anciennes carrières ayant beau avoir été comblées, les sous-sols ne permettent pas la construction d’immeubles modernes dont les fondations risqueraient de s'effondrer. 











Une promenade pleine de charme et de nostalgie, une bouffée d'air frais dans la moiteur étouffante de la ville saturée de bruits et de vapeurs carboniques. Un délice de connaisseurs à ne partager qu'entre initiés pour le plaisir des grands et des petits.

La Campagne à Paris - XXème arrondissement
Métro Porte de Bagnolet
Accès depuis la place Octave Chanute ou la rue du Lieutenant Chauré ou encore la rue du Capitaine Ferber
Délimitée par le boulevard Mortier, la rue du Capitaine Ferber et la rue Géo Chavez
Trois rues principales : les rues Paul Strauss, Irénée Blanc et Jules Siegfried
Quatre venelles parées d’escaliers : la rue Georges Perec, la rue Père Prosper Enfantin et la rue Camille Bombois