Ailleurs : Quai Vauban à Sète, témoin de la conception d'une ville portuaire sur canaux au XVIIème siècle, mémoire de la Venise du Languedoc entre l'étang de Thau et la Méditerranée

 

Le Quai Vauban à Sète, à l'Est du Pont de la Gare, entre le canal latéral et le bassin du Midi, fait face au quai du Maréchal Foch et à la Gare de Sète. Caractéristique de la configuration urbaine sétoise, il accueille les visiteurs venus en train. Le quai porte le nom de l'ingénieur et architecte militaire Sébastien le Preste de Vauban (1633-1707), concepteur de systèmes défensifs fortifiés à la fin du XVIIème siècle et au début du XVIIIème. Sous le règne de Louis XIV, Vauban organise la protection du Royaume autour d'une "ceinture de fer", concentration de places fortes positionnées aux frontières. Le quai Vauban témoigne de l'histoire sétoise entre patrimoine du XVIIIème siècle et constructions récentes. Le réseau des canaux constitue la caractéristique principale de la ville moderne de Sète, développée sous l'impulsion de Louis XIV et de son ministre Colbert afin de créer un nouveau port commercial languedocien. Reliée à Marseillan par un long lido, cordon littoral isolant la lagune, et un réseau praticable de canaux, la cité ouvre l'accès au port et à la mer aux bateaux marchands navigant sur le Canal du Midi.

Placé dans une ZZPPAUP, zone de protection de patrimoine architectural urbain et paysager, il a fait l'objet récemment d'aménagements, dans le respect de la faune, notamment d'oursin pierre et de grandes nacres. Désormais, il propose des espaces d'amarrage destinés aux bateaux de plaisance. Dans le cadre d'une politique littoral propre et navigable, sécurité et développement du secteur nautique, une opération de dépollution a été menée, en 2025, sur le canal quai Vauban. 







Accrochée aux flancs du Mont Saint Clair, entre l'étang de Thau et la Méditerranée, la commune de Cette - officiellement orthographié Sète à partir de 1928 - demeure un modeste village de pêcheurs jusqu'au XVIIIème siècle. Au début de son règne, le roi Louis XIV (1638-1715), conseillé par son ministre Jean-Baptiste Colbert (1619-1683) nourrit des projets de développement pour la région du Languedoc malmenée lors des Guerres de religion. Le plan d'action comprend la création d'un nouveau port, l'édification de places fortes et le percement de nouveaux canaux afin de relier le Canal des Deux Mers - ancien nom du Canal du Midi - à Narbonne. 

En 1663, Jean-Baptiste Colbert (1619-1683) charge le chevalier Louis Nicolas de Clerville (1610-1677), ingénieur du Roi de prospecter sur la côte du Golfe du Lion afin de déterminer les emplacements propices. Membre de la commission du canal du Midi entre 1663 et 1666, le chevalier choisit pour futur port, un promontoire sauvage où niche Cette, un modeste village de pêcheurs. 

L'ingénieur Pierre-Paul Riquet (1609-1680), en charge du projet, fermier général des gabelles et entrepreneur imagine de relier l’océan Atlantique et la mer Méditerranée en s’affranchissant du seuil de Narouze, seuil de partage des eaux. Il présente ses plans à Jean-Baptiste Colbert en mai 1663. 







Début octobre 1666, un édit royal signé à Saint-Germain-en-Laye valide la construction d’un "canal de communication des deux mers Océane et Méditerranée". Le chantier compte jusqu’à mille ouvriers en même temps. Il débute en 1666 et s'achève en 1681. Le creusement du Canal Royal de Sète qui relie le bassin de Thau à la Méditerranée marque l'étape finale de l'entreprise. Le hameau de Cette se transforme en ville portuaire. La première pierre du môle Saint-Louis est posée le 29 juillet 1666, lors d'une cérémonie conduite par Monseigneur François du Bosquet, évêque de Montpellier. L'acte royal officiel de la fondation de la ville est signé le 30 septembre 1673. 

En 1684, Louis XIV charge Vauban d'inspecter les ports sur les côtes françaises afin d'y établir des citadelles. L'ingénieur visite Sète et confie le dossier des structures défensives à l'un de ses disciples, Antoine Niquet (circa 1641-1726), ingénieur du roi, nommé ingénieur général des fortifications de Provence, du Dauphiné et du Languedoc en 1680. Celui-ci trace des plans préliminaires qui ne sont pas mis en chantier à défaut de budget. Revers militaires, famines, révoltes, les difficultés financières marquent la fin de règne de Louis XIV. 








Un évènement en lien avec la Guerre de succession d'Espagne (1710-1713) provoque un sursaut. La flotte britannique menée par l'amiral Morris attaque le port de Sète entre le 24 et le 29 juillet 1710. La ville mal protégée tombe rapidement. Elle est reprise grâce à l'intervention des troupes du duc de Noailles (1678-1766), officier du roi Louis XIV, gouverneur du Roussillon et du Berry.

À la suite de cette offensive, la Couronne finance les structures défensives du port de Sète et double l'armement du fort Saint Louis édifié sur le môle. Au-dessus de l’anse du Lazaret, est aménagée la Butte Ronde, batterie semi-circulaire à deux bastions et six canons. Les fortifications de la ville ne voient pourtant le jour qu'après 1743, à l'occasion de la Guerre de Succession d'Autriche qui oppose la France de Louis XV et l'Angleterre. L'ingénieur royal, Jacques-Philippe Mareschal (1689-1778), nommé en 1739 ingénieur des fortifications de Provence et Languedoc complète le système défensif du port de Sète entre 1743 et 1746. Les plans originaux d'Antoine Niquet déterminent l'édification du fort Richelieu sur les hauteurs du Mont Saint Clair et du fort Saint Pierre à l'aplomb d'une falaise, ainsi que celle de la Redoute du Castellas côté Marseillan. 



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.