Ailleurs : Maison Goll à Sélestat, une bâtisse Renaissance dont le décor peint, récent, rend hommage aux grands humanistes sélestadiens

 

La Maison Goll, au 46 rue des Chevaliers à Sélestat, attire l'oeil par son décor peint de facture récente et son architecture héritée du XVIème siècle, date de sa configuration actuelle. Bâtisse Renaissance construite sur quatre niveaux, elle se développe en un sous-sol, un rez-de-chaussée commerçant, deux étages d'habitation. Au rez-de-chaussée, l'espace marchand s'ouvre sur trois arcades cintrées, plein cintre et arc brisé, de proportions différentes. L'une d'elle permet d'accéder à la cour et à la tourelle où se trouve l'escalier à vis qui dessert les deux étages d'habitation. Au premier étage, le balcon à balustrade de fer forgé date de la fin du XIXème siècle. L'oriel, élément remarquable en encorbellement, court sur deux niveaux. Le décor en trompe-l’œil récent, ponctué de portraits, célèbre les grands humanistes sélestadiens. Les médaillons représentent, au niveau de l'oriel, Beatus Rhenanus (1485-1547) et Érasme de Rotterdam (1469-1536), sur les côtés de l'oriel, au deuxième étage, Sébastien Brant (1458-1521) et Jean Mentel (1410-1478), au premier étage, au-dessus du balcon, Martin Bucer (1491-1551) ainsi que Jacques Wimpheling (1450-1528). L'inscription partielle à l'inventaire des monuments historiques, par arrêté du 29 avril 1931, protège façade avec oriel, balcon et toiture.

Sur la parcelle où se trouve l'actuelle Maison Goll, les archives municipales signalent une Maison à la Bourse, puis Maison au Boeuf, propriété de la famille Morimont dès le XIIIème siècle puis des Bittel au XIVème siècle. Jean - Hans - Goll (vers 1475-1531), éminent membre de la corporation des cordonniers, figure de la vie publique sélestadienne, acquiert la bâtisse en 1518. Chef de tribu des cordonniers, il est élu en 1525 à la charge de bourgmestre de Sélestat. Reflet de son ascension politique et sociale, il fait aménager la maison désormais à l'enseigne Zum Wilden Mann - à l'homme sauvage. 

Son héritier, son fils Michel Goll (?-1552), membre de la tribu des marchands à partir de 1529, également bourgmestre, mène de grands travaux qui modifient profondément la nature de l'édifice. Dans la cour, une pierre porte ce qui semble être la date de ce chantier, 1542. 

Au XVIIème siècle, leur descendant, bourgmestre et prévôt de Sélestat, Henri Guillaume von Goll (1598-1672), élevé par Ferdinand III à la noblesse d'Empire, seigneur de Kintzheilm et de Heimbach, appose ses armes ainsi que celles de son épouse Anne Ursule von Opsern dans le décor intérieur de l'oriel. 

En 1678, date figurant en façade sur cour, la maison, alors propriété de l'une des filles Goll, est vendue à l'apothicaire Jean Georges Klotz. Il la transforme afin de l'adapter à son commerce et aux besoins de son ménage. 

Au XIXème, l'abbé Joseph François Antoine Schaal (1753- 1829), curé de l'église Sainte Foy, habite la maison du 46 rue des Chevaliers. Son frère le général-maire François-Ignace Schaal (1747-1833), figure du Premier Empire, y décède en 1833.

Le décor en trompe-l’œil récent, début du XXIème siècle, s'inspire de la maison Pfister de Colmar. Il rend hommage aux humanistes sélestadiens. 

Maison Goll

46 rue des Chevaliers 67600 Sélestat

Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.