Paris : Rue de la Tour des Dames, témoin du lotissement de la Nouvelle Athènes au XIXème siècle - IXème arr

N°2 rue de la Tour des Dames 

La rue de la Tour des Dames, se trouve au coeur de la Nouvelle Athènes, micro-quartier initié sous la Restauration (1814-1830) par des spéculateurs et devenu l'épicentre du mouvement romantique. Son nom évoque la présence d'un ancien moulin édifié vers 1320, propriété de l'abbaye de Montmartre, privé de ses ailes au XVIIIème siècle et rasé en 1822. Prisé des artistes du XIXème siècle, les lieux conservent un certain cachet grâce à la préservation de nombreux hôtels particuliers où ont résidé les célébrités de leur temps notamment les grands comédiens du Théâtre français, Talma, Mademoiselle Mars, Mademoiselle Duchesnois. La voie adopte pour dénomination rue de la Tour des Dames sur le plan de Verniquet en 1789. La ruelle de la Tour des Dames mentionnée sur le plan de Turgot (1734-1739) renvoie à un tronçon de l'actuelle rue Catherine de la Rochefoucauld (1667-1760), abbesse de l'abbaye de Montmartre.


N° 14-16

n°10

n°11

N°11


Les archives de l'abbaye de Montmartre attestent de la présence à l'emplacement de l'actuelle rue de la Tour des Dames, d'un moulin à vent et d'un chemin y menant dès les années 1320. Le moulin se situe alors au niveau du numéro 4 de la rue de la Tour des Dames. Son activité cesse en 1717. L'ouvrage alors privé de ses ailes se fait tourelle avant d'être rasé lors du lotissement de la rue, à l'occasion de la construction d'un hôtel particulier en 1822 pour l'architecte Henry de Paul de Clouet, racheté par le comte Etienne de Cambacérès en 1826. 

À partir de 1820, le receveur général des finances Augustin de Lapeyrière (1779-1831), plus grosse fortune de France sous la Restauration, et l’architecte Auguste Constantin (1791-1842), créent la Nouvelle Athènes, lotissement développé sur les pentes du quartier Saint-Georges en pleine urbanisation. Les promoteurs réunissent des parcelles champêtres, héritées de l'ancien domaine de l'abbaye de Montmartre, entre le quartier des Porcherons et les terrains au nord de la rue Saint-Lazare, de la rue de la Rochefoucauld et à celle des Martyrs. Ces terres maraîchères sont alors plantées de pépinières, vignes et champs. 

La rue de la Tour des Dames témoigne de la conception d'un lotissement homogène devenu quartier des arts et des lettres, la Nouvelle Athènes. La voie se distingue par un ensemble préservé de petits hôtels particuliers sur la rive impaire, et d'édifices plus opulents au début de la rive paire.



n°5

N° 9 et N° 9 bis

N°9

n°4

N°9

Au numéro 1, se trouve l'hôtel de Melle Mars, née Anne-Françoise-Hippolyte Boutet (1779-1847), propriétaire de 1824 jusqu'en 1838. L'hôtel construit en 1746 est modifié au gré des différents propriétaires, l'officier de marine et gouverneur colonial Bertrand-François Mahé de la Bourdonnais (1699-1753), puis le maréchal d'Empire Laurent de Gouvion Saint Cyr (1764-1830). Il fait l'objet d'une profonde transformation, en 1826, par l'architecte Louis Visconti (1791-1853), auteur du tombeau de Napoléon aux Invalides, de la fontaine Saint Sulpice (1842-1848).  En 1840, il est acheté par Napoléon Alexandre Berthier, premier duc de Wagram (1810-1887), époux de Zénaïde Françoise Clary (1812-1884). 

Au numéro 2, l'hôtel de Lestapis date de 1819. Le chantier débute sur les plans de l'architecte Biet pour le compte du prince de Wurtemberg. Il n'est achevé qu'en 1823, lors du rachat par Claude Baillot (1771-1836) député, pair de France. Il devient la propriété de la famille Lestapis de 1838 à 1870.

L'hôtel particulier du numéro 3, voit le jour en 1820, sur les plans de l'architecte Auguste Constantin. Il est édifié pour Augustin de Lapeyrière sur les dépendances de l'hôtel Valentinois, rue Saint-Lazare, acquis par le promoteur en 1820. La comédienne Melle Duchesnois, née Catherine-Joséphine Raffin (1777-1835), partenaire à la scène de Talma, l'acquiert en 1822. Elle y tient un salon, fréquenté par des hommes de lettres tels que Victor Hugo (1802-1885). Malade, elle quitte la scène puis est contrainte de revendre en 1834. 

Au numéro 4, l'architecte Henry de Paul de Clouet fait l'acquisition de la parcelle en 1822 où il fait édifier un hôtel particulier sur les plans de son confrère Hubert Gengembre (1790-1863). La bâtisse de style néo-classique est rachetée, en 1826, par le comte Etienne de Cambacérès (1804-1878), neveu de Jean-Jacques de Cambacérès (1753-1824), deuxième consul sous le Directoire puis archichancelier de l’Empire. En 1838, Paulin Talabot (1799-1855), ingénieur, l'un des patriarches d'une famille ayant participé à l'essor du chemin de fer en France.

Au numéro 5, l'hôtel du peintre Horace Vernet (1789-1863), a été édifié sur les plans de l'architecte Louis-Pierre Haudebourt (1788-1849), adjoint de Louis Visconti en 1833 sur le chantier de la bibliothèque royale. Rattaché au numéro 7, oeuvre de l'architecte Auguste Constantin, il a un temps été le domicile d'Inès de la Fressange. 



N°7

N°3

N°1

N°1

Au numéro 5, l'hôtel du peintre Horace Vernet (1789-1863), a été édifié sur les plans de l'architecte Louis-Pierre Haudebourt (1788-1849), adjoint de Louis Visconti en 1833 sur le chantier de la bibliothèque royale. Rattaché au numéro 7, oeuvre de l'architecte Auguste Constantin, il a un temps été le domicile d'Inès de la Fressange. 

Au numéro 9, oeuvres de l'architecte Charles Lelong (1786-1854), se trouve l'ancienne maison édifiée pour le tragédien François-Joseph Talma (1763-1826). En 1821, le comédien commande au jeune Eugène Delacroix un décor destiné au rez-de-chaussée. 

Au numéro 10, le Centre d'accueil de jour Geneviève Laroque de la Fondation Œuvre de la Croix Saint-Simon occupe un hôtel particulier coquet. 

Au numéro 11, le bâtiment caractérisé par sa belle façade de brique rouge et pierre blonde a été la résidence du médecin Jean-Baptiste Charcot (1867-1936) puis un temps Centre de Liaisons Européennes et Internationale de Sécurité Sociale, libéré en 2024. 

Au sein de l'immeuble du numéro 13, réside dans les années 1950 la famille de Jean-Philippe Smet, futur Johnny Hallyday (1943-2017). 

Les numéros 14-16 sont occupés par une sous-station électrique désaffectée, construite en 1927, réhabilitée dans les années 2010, et devenue Centre d'animation Nouvelle Athènes Jacques Bravo depuis 2014. La structure a remplacé une ancienne poste aux chevaux en activité de 1830 à 1873, puis la Compagnie de voiture Camille. 

Lino Ventura enfant et sa mère ont habité au numéro 20. 

Rue de la Tour des Dames
Accès 7 rue Catherine de la Rochefoucauld / 12 rue Blanche / 2 rue Pigalle - Paris 9
Métro Trinité d'Estienne d'Orves ligne 12



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie. 

Bibliographie
Le guide du patrimoine Paris - sous la direction de Jean-Marie Pérouse de Montclos - Hachette
Le guide du promeneur 9è arrondissement - Maryse Goldemberg - Parigramme
Grammaire des immeubles parisiens - Claude Mignot - Parigramme