Expo Ailleurs : Pierre Soulages. La Rencontre - Musée Fabre de Montpellier - Jusqu'au 4 janvier 2026

 

L'exposition "Pierre Soulages. La Rencontre" rend compte du lien privilégié noué entre l'artiste, l'institution culturelle et la Ville de Montpellier. Cette rétrospective intervient dans le cadre d'un double anniversaire le bicentenaire du Musée Fabre et vingt ans de la donation Pierre et Colette Soulages. Les commissaires Michel Hilaire, conservateur général du patrimoine, ancien directeur du Musée Fabre, et Maud Marron-Wojewodzki, conservatrice du patrimoine, responsable des collections modernes et contemporaines, ont réuni cent-vingt oeuvres, tableaux, oeuvres sur papier, sur cuivre, sur verre, avec une attention particulière portée sur le tournant de l'Outrenoir à partir de 1979.

Le titre de l'exposition fait référence à l'un des chefs-d’œuvre du Musée Fabre, un tableau de Gustave Courbet "La Rencontre" ou "Bonjour Monsieur Courbet" (1854), représente la rencontre sur la route de Montpellier du peintre et de son mécène Alfred Bruyas. Le parcours déployé sur trois niveaux, et 1 200m2, se prolonge au fil de l'accrochage permanent et l'aile où est exposée la donation Pierre et Colette Soulages. Éclairage inédit, il évoque des grandes étapes de sa carrière, évolution de sa pratique, les recherches plastiques, réflexion théorique sur l'abstraction, expérience de la matière, de la lumière, conception architecturale et clair-obscur. Entre spiritualité et philosophie, le propos de l'évènement exprime la primauté de l'expérience plastique sur la narration. 








En 1940, à la suite de l'Armistice, Pierre Soulages, démobilisé, s'installe en zone libre. À Montpellier, il fréquente assidument le Musée Fabre où il admire en particulier les Courbet. D'avril 1941 à juin 1942, il prépare le professorat de dessin à l'École des Beaux-Arts. Là, il rencontre Colette Laurens (né en 1921). Ils se marient le 24 octobre 1942, à Sète, ville natale de la jeune femme. Pierre Soulages ne réinvestit pleinement sa pratique picturale qu'au lendemain du conflit mondial. Le succès international est immédiat. 

Pierre Soulages fait l'objet de deux expositions d'envergure au Musée Fabre de Montpellier en 1975 et en 1999. Le fonds Soulages, collection de référence, se compose d'une donation consentie en 2005 par Pierre et Colette Soulages, vingt toiles complétées par dix dépôts. L'établissement a également acquis deux Outrenoirs datés de 1996. L'ensemble est présenté dans une aile moderne aménagée à cet usage. 

Pas de côté sur l'idée de chronologie, le parcours de l'exposition "Pierre Soulages. La Rencontre" se déploie en six séquences articulées autour de thématiques : "Matière première", "Un peintre en bâtiment", "Écriture & silence plastique", "Cette couleur violente. Noir-lumière et clair-obscur", "L’envers du noir. Blancs & transparences", "L’espace de la peinture". 

La scénographie explicite les expérimentations plastiques autour du noir et de la lumière. Les premiers travaux au brou de noix, au goudron conversent avec les oeuvres denses des débuts, matière compacte comme maçonnée ou les compositions rigoureuses architecturales du début des années 1950.







Les oeuvres de la fin des années 1950 se caractérisent par le surgissement de la couleur qui couve sous le noir comme la lave sous la croûte terrestre, magma rouge, bleu. À partir de 1979, l'Outrenoir impose sa vibration si singulière, noir étiré en couches épaisses, raclé, griffé. Les outils complètent le geste, l'intervention sur la matière. La lame pose les aplats, le pinceau trace des stries. La texture, les reliefs révèlent la lumière. Parenthèse amusante, l'exposition présente des essais - jugés infructueux par l'artiste - autour du blanc, en particulier une toile, fruit de ces expérimentations, sauvée de la destruction par Colette Soulages et exposée pour la première fois.

La dernière salle consacrée aux suites et aux formats monumentaux se distingue par le choix de l'accrochage, système de câbles, sans cimaises, avec plinthe et corniche, expérimenté pour la première fois en 1966 à l'occasion d'une exposition monographique à Houston. Cette installation traduit la réflexion menée par Pierre Soulages lui-même sur la présentation de ses oeuvres.







L'exposition "Pierre Soulages. La Rencontre", rend compte des dialogues formels, plastiques, théoriques initiés avec l'art de ses confrères, l'héritage historique et la création contemporaine. Les amitiés, les admirations racontent en filigrane la formation d'un goût, d'une vision. La scénographie pose en regard les oeuvres de Soulages et celles des collections du Musée Fabre, sources d'inspiration : Rembrandt (1606-1669), Claude Lorrain (1600-1682). Vibration des échos avec les tableaux de Francisco de Zurbarán (1598-1664) notamment sa "Sainte Agathe" (vers 1635-1640), influence de Gustave Courbet (1819-1877) celle de toiles telles que "Les Baigneuses" (1853) et "Autoportrait au col rayé" (1854). Le dialogue créateur initié avec Paul Cézanne (1839-1906), Gustave Le Gray (1820-1884) et son "Effet de soleil dans les nuages - Océan" (vers 1856), Vincent Van Gogh (1853-1890) et le "Paysage au coucher de soleil" (1885), Piet Mondrian (1872-1944) et "L'arbre gris" (1911). 

Le parcours consacre une place importante aux contemporains, Zao Wou-ki (1920-2013) et le tableau "29.05.63" (1965), Pierrette Bloch (1928-2017) et "Sans titre" (2008), Henri Michaux (1899-1984), Riopelle (1923-2002), Simon Hantaï (1922-2008), Morita Shiryu (1912-1998). L'exposition évoque l'amitié de Pierre Soulages et Hans Hartung (1904-1989), rencontré en 1947 à l'occasion du Salon des Surindépendants à Paris. La fascination du premier pour la spontanéité du geste du second, l'appréciation des compositions "telluriques et cosmiques" d'Anna-Eva Bergman (1909-1987), compagne d'Hartung. 

Une expérience virtuelle immersive coproduite par Lucid Realities complète le propos. 

Pierre Soulages. La Rencontre 
Jusqu'au 4 janvier 2026

39 boulevard Bonne Nouvelle - 34000 Montpellier 
Tél : +33 (0)4 67 14 83 00
Horaires : Du mardi au dimanche de 10h à 18h - Fermé le lundi



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.