Expo Ailleurs : Parade - Stefan Rinck - Domaine départemental de Chamarande - Jusqu'au 28 septembre 2025

 

"Parade", exposition monographique de Stefan Rinck au Domaine départemental de Chamarande, éclaire l'œuvre sculpturale singulière de l'artiste allemand. L'évènement illustre une approche satirique empreinte d'un humour féroce, fantaisie lyrique au service d'une dimension politique. Dans le parc, trois sculptures monumentales, haute de 3 mètres, "Camarillo in disguise" (2025) en calcaire, "Fate's fool" (2025) en grès, "It Owl" (2021) en calcaire, ouvrent le parcours. Il se prolonge à L'Orangerie où se trouvent une dizaine de sculptures entre 50 centimètres et 1 mètre et un ensemble de dessins à l'encre et au pastel gras.

Stefan Rinck imagine un bestiaire fantasmagorique, monstres, créatures hybrides qui empruntent aux totems amérindiens, aux idoles de l'île de Pâques, aux fétiches africains, aux grotesques des bas-reliefs médiévaux. Les animaux stylisés revêtent des oripeaux humains dans un mouvement de détournement à vocation politique. Les personnages dissimulent leur nature véritable derrière des masques tribaux, aztèques, africains, japonais. Son anthropomorphisme attribue des caractères humains à des figures hybrides. Cette lecture décalée du monde place en exergue "la barbarie du progrès", "le primitivisme du langage scientifique", souligne la cruauté sous l'innocence enfantine. 








Né en 1973, à Hombourg dans la Sarre, au sein d'une famille d'artistes, Stefan Rinck s'initie au travail de la pierre en devenant apprenti tailleur de pierre entre 1993 et 1995. Il poursuit ses études, histoire de l'art et philosophie, à l'Université de la Sarre à Sarrebruck entre 1995 et 1996 puis intègre l'Académie des Beaux-Arts de Karlsruhe entre 1996 et 2000. 

Pour révéler le message, la forme inscrite dans la matière, il apprivoise le grès, le calcaire, le marbre, la diabase, la quartzite, exercice difficile, expérience physique. Stefan Rinck emploie les outils traditionnels selon la technique de la taille directe. Les traces des instruments sur la matière en soulignent la noblesse tout autant que la rudesse. 

Très inspiré par le style roman du début du XIème siècle à la seconde moitié du XIIème qui préfigure l'art gothique, il associe culture érudite, les grotesques des bas-reliefs médiévaux, les figures carnavalesques, les éléments des arts premiers, références la Grèce antique, aux civilisations amérindienne et inuite, aux images de la culture pop, jeux vidéo, bande-dessinée, folklore. Il détourne les attributs culturels, fusionne contes et légendes, éléments historiques, motifs religieux, croise les registres à l'instar de son "Croc Pope" (2024), crocodile devenu pape de l'Apocalypse dont la ressemblance avec Yoshi interroge, allures de gargouille ou de personnages échappées de Mario Bros. 








Figures sacrées et avatars contemporains se parent d'une aura, une expressivité particulière, tel que "Bookhead" (2021). Pour les pièces réalisées à l'occasion de l'exposition, Stefan Rinck a emprunté des motifs au "Ballet des fées des forêts de Saint-Germain". Oeuvre du compositeur Antoine Boësset (1587-1643), librettiste René Bordier (15..-1658), dansé par Louis XIII et son entourage en 1625, elle se distinguait par le foisonnement des costumes mythologiques allégoriques, exotiques. 

Stefan Rinck croque l'humanité, l'universalité de l'expérience qui dénonce par sa narration syncrétique les travers du monde contemporain. 

Parade - Stefan Rinck
Jusqu'au 28 septembre 2025

Domaine départemental de Chamarande
38 rue du Commandant Arnoux - 91730 Chamarande
Tél : 01 60 82 26 57
Horaires : Ouvert toute l’année : janvier : 9h-17h / février-mars : 9h-18h / avril-mai : 9h-19h / juin-septembre : 9h-20h / octobre : 9h-18h / novembre-décembre : 9h-17h
Entrée libre et programmation gratuite



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.