Paris : Église Jeanne de Chantal, lieu de culte caractéristique de la première moitié du XXème siècle, porte de Saint Cloud - XVIème

L'Église Sainte Jeanne de Chantal, au carrefour du quartier de la Porte de Saint Cloud, est caractéristique des lieux de culte édifiés durant la première moitié du XXème siècle en périphérie de Paris sur les terrains libérés par la démolition de l'enceinte de Thiers. Conçue sur des plans originaux architecte Julien Barbier (1869-1940), le sanctuaire a connu d'importants retards dans sa construction interrompue par la Seconde Guerre Mondiale. Le chantier débute en 1932 mais un bombardement en 1943 met en péril l'édifice qui est un temps désaffecté avant d'être restauré puis achevé en 1962.

L'Église Sainte Jeanne de Chantal se distingue par une structure de béton, des murs parés de moellons en pierre reconstituée, un clocher indépendant et une coupole néo-byzantine. D'une superficie de 1603m2, le programme décoratif intérieur se révèle d'une grande sobriété. La fresque monumentale de l'abside réalisée par René Dionnet (1909-1994) représente Le Couronnement de la Vierge. Pour la chapelle du Saint Sacrement, le maître-verrier Jacques Le Chevallier (1896-1987) a composé huit vitraux figuratifs, Les Litanies de la Vierge.  


 




Le quartier de la Porte de Saint Cloud se développe dans les années 1920. Avec l'augmentation de la population, la nécessité de construire une nouvelle église pour accueillir les fidèles se fait sentir. Une paroissienne fortunée, à la veille de rejoindre le couvent de la Visitation de Sainte Marie, ordre fondé par François de Sales (1567-1622) et Jeanne de Chantal (1572-1641), accorde un don important destiné à cette édification. 

L'architecte Julien Barbier (1869-1939) dessine un édifice de style néo-byzantin, très en vogue au début du XXème siècle, inspiré par la redécouverte de l'ancienne basilique Sainte Sophie de Constantinople. La première pierre est posée en 1932. Mais la guerre interrompt le chantier. L'église bombardée en 1943 est désaffectée. 

Au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, l'Œuvre des Chantiers du Cardinal, association fondée en 1931 par le cardinal Verdier (1864-1940) afin de promouvoir la construction et l'entretien des églises catholiques de Paris et de la région parisienne, sauve l'église Jeanne de Chantal. Le chantier reprend en 1949 sous la direction de Charles Nicod (1898-1967) pour s'achever en 1962. La chapelle primitive subit des modifications importantes. Les nouveaux plans agrandissent la nef et aplatissent la coupole. 








Les décors intérieurs tardifs sont l'oeuvre de René Dionnet (1909-1994), peintre spécialiste de l'art sacré et les vitraux de Jacques Le Chevallier, artiste peintre vitrailliste. À partir de 1948, en collaboration avec Maurice Rocher et Joseph Pichard, ce dernier fait renaître les ateliers d'art sacré fondés par Maurice Denis et Georges Desvallières. Il réalise de nombreux vitraux et verrières à Paris notamment ceux de la maison du maître-verrier Louis Barillet square Vergennes, oeuvre de l'architecte Robert Mallet-Stevens

D'importants aménagements surviennent dans les années 1970 sous l'impulsion du père Lustiger, curé de la paroisse de 1969 à 1972. Le sculpteur Jean Touret (1916-2004) de 1960 à 1973 de notamment à cette occasion la croix en cuivre derrière l'autel.

Les deux chapelles latérales, aménagées de part et d'autre du maître-autel sous la direction de l'architecte Nathan Crouzet sont bénies en 2016. Le peintre et sculpteur Jean-Louis Sauvat imagine un décor unique. Trame dessinée en grisaille colorisée par des projecteurs, il imagine les premières fresques numériques destinées au décor d'un lieu de culte. Laurent Lecomte, historien spécialiste du XVIIème siècle et de l'Ordre de la Visitation développe deux espaces d'exposition 







L'Église Sainte Jeanne de Chantal est dotée de quatre cloches de volée. La plus grande Marie-Bernadette, 360kg, a été fondue en 1937 par Louis Bollée. En 2004, trois nouvelles cloches la rejoignent : Esther 283kg, Françoise 217kg, Jeanne 157kg. Produites à la fonderie Cornille-Havard de Villedieu-les-Poêles, elle se distinguent par leur décor polychrome, oeuvre de l'artiste Marc-Antoine Orellana. 

Église Sainte Jeanne de Chantal 
Place de la Porte de Saint Cloud / 96 boulevard Murat - Paris 16
Horaires : Mardi à vendredi 8h30 à 20h - Samedi 9h à 20h - Dimanche 8h30 à 20h
Métro Porte de Saint Cloud ligne 9



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie. 

Bibliographie
Églises parisiennes du XXe siècle. Architecture et décor - sous la direction de Simon Texier - Action Artistique De Paris
Le guide du promeneur 16è arrondissement - Marie-Laure Crosnier-Leconte - Éditions Parigramme