Paris : Cimetière de Passy, l'élégante nécropole de l'Ouest parisien, inaugurée au XIXème siècle - XVIème

 

Le Cimetière de Passy, inauguré en 1820, bénéficie d'une situation exceptionnelle avec vue sur le palais de Chaillit et la Tour Eiffel, entre quartier résidentiel prestigieux et hauts-lieux touristiques, notamment la place du Trocadéro. D'une superficie de 1,7 hectares, il se déploie entre l'avenue Georges Mandel au Nord, à l'Est la place du Trocadéro, au Sud-Est l'avenue Paul Doumer, au Sud l'avenue du Commandant Schlœsing. Derrière les hauts murs de soutènement, la nécropole parisienne abrite 2 600 tombes et mausolées en concession perpétuelle, ainsi que de nombreuses chapelles. Lieu de recueillement, jardin hors du tumulte de la ville, le cimetière de Passy compte environ 290 arbres de 15 essences, cyprès, châtaigniers, marronniers.

De nombreuses personnalités y reposent, les fondateurs de la Samaritaine Ernest Cognacq et Marie-Louise Jay, des figures littéraires, Maurice Genevoix, Jean Giraudoux, Tristan Bernard, des musiciens Gabriel Fauré, Henri Berstein, Claude Debussy, des comédiens, Fernandel, Réjane, Madeleine Renaud, Jean-Louis Barrault, des politiciens Sadi Carnot, Georges Mandel, Edgar Faure, des peintres Edouard Manet, Berthe Morisot, le sculpteur Emmanuel Frémiet, des architectes Robert Mallet-Stevens, Hector Lefuel, des industriels, Marcel Dassault, Francis Bouygues, Louis Renault. Parmi les sépultures remarquables se trouvent la chapelle en rotonde de la famille Talleyrand-Périgord, le mausolée surmonté d'une croix orthodoxe de Marie Bashkirtseff (1858-1884), diariste et peintre, les caveaux des familles Taittinger, Givenchy, Guerlain. 







Au XIXème siècle, quatre nouveaux cimetières sont créés au-delà de l'enceinte des Fermiers Généraux : au Nord le cimetière de Montmartrecimetière du Père Lachaise, à Charonne, à l'Estcimetière du Montparnasse à Montrouge au Sud et le cimetière de Passy à l'Ouest. 

À la fin du XVIIIème siècle, les traditionnels cimetières intramuros, insalubres, causent des problèmes d'hygiène publique. Le cimetière des Innocents, au coeur de Paris, ferme le 1er décembre 1780 à la suite de différents incidents. Dépouilles et ossements sont alors transférés dans les carrières de gypses désaffectées hors les murs, les actuelles catacombes. La saturation des nécropole intramuros et la pénurie des lieux de sépulture invitent à une réflexion sur les modalités d'inhumation.  

Le 21 février 1801, le préfet de la Seine Nicolas Frochot (1761-1828) entérine la création de quatre nouveaux cimetières au-delà des murs. En 1804, un décret impérial interdit les inhumations en ville et au sein des églises. 







Le cimetière communal du village de Passy, situé sur la rive impaire de la rue Lekain, trop exigu, ferme définitivement en 1802. Il est remplacé par une nouvelle nécropole, vaste de 9 ares, inaugurée en 1820 sur une parcelle offerte par un certain M. Bonneau, à proximité du boulevard de Longchamp, le long du mur des Fermiers Généraux. Le cimetière se trouve alors en surplomb, placé sur une très ancienne plateforme calcaire, qui s'étendait de Saint Ouen jusqu'à la butte de l'Étoile. 

Le site fait l'objet d'extensions successives 1826, 1833, 1846, 1854, pour atteindre 18 ares. Mais en 1858, le percement de l'avenue de l'Empereur, future avenue Georges Mandel, ampute le domaine et le réduit le domaine à 17,4 ares. 

En 1860, l'annexion des communes limitrophes au territoire de la Ville de Paris rattache Passy à la Capitale. Lors l'aménagement de la colline de Chaillot à partir de 1867, l'entablement calcaire est partiellement arasé, plaçant le cimetière sur une butée distinctive. Le cimetière de Passy devient à partir de 1874 "la nécropole aristocratique", lieu de sépulture des élites, des mondes des arts et des affaires. 








À l'occasion des chantiers menés de 1931 à 1936, dans le cadre de l'Exposition Universelle de 1937, le cimetière se dote d'une porte monumentale et d'un pavillon d'accueil de style Art déco, réalisé sur les plans de l'architecte René Berger (1878-1954). L'ensemble édifiée en 1934-1936 comprend des grilles de Raymond Subes (1891-1970) et des bas-reliefs sculptés de Louis Janthial (1904-1965).

Cimetière de Passy
2 rue du Commandant Schlœsing - Paris 16
Horaires : Du 6 novembre au 15 mars : du lundi au vendredi de 8h à 17h30 - Samedi 8h30 à 17h30 - Dimanche et jours fériés 9h à 17h30 - Du 16 mars au 5 novembre : du lundi au vendredi de 8h à 18h - Samedi de 8h30 à 18h - Dimanche et jours fériés de 9h à 18H
Métro Trocadéro lignes 6, 9



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie. 

Bibliographie 
Le guide du promeneur 16è arrondissement - Marie-Laure Crosnier-Leconte - Éditions Parigramme
Guide de l'architecture moderne à Paris 1900-1990 - Hervé Martin - Éditions Syros Alternatives
Paris Art déco Immeubles, monuments et maisons de l'entre-deux-guerres (&918-1940) - Gilles Plum - Éditions Parigramme Collection Grammaire de la ville