Crédit Kevin Louviot |
Simone Jacob, future Simone Veil, nait à Nice en 1927. Fille de l'architecte André Jacob et de son épouse Yvonne Steinmetz, benjamine d'une fratrie de quatre, elle vit une enfance heureuse. Le souffle de l'Histoire vient bouleverser son destin : Seconde Guerre Mondiale, défaite et armistice de 1940, Occupation allemande du Sud de la France à partir de 1943. La famille Jacob, de confession juive, menacée, entre dans la clandestinité. En 1944, Simone a seize ans lorsqu'elle est arrêtée et déportée au camp d'Auschwitz-Birkenau avec sa mère et sa soeur Madeleine. Son père et son frère, Jean, également arrêtés sont convoyés en Lituanie. Ils disparaissent sans que jamais personne sache ce qu'ils sont devenus. Denise, la soeur aînée, demeurée seule à Lyon, entre dans la Résistance avant d'être à son tour arrêtée par la Gestapo. Yvonne meurt du typhus en déportation. À dix-huit ans, de retour des camps, Simone entame des études de droit à la suite desquelles, elle entre dans la magistrature en 1956, et devient haut fonctionnaire dans l'administration pénitentiaire. En 1974, nommée ministre de la Santé sous la présidence de Valéry Giscard d'Estaing, elle débute une carrière politique. Elle porte alors le projet de loi pour la dépénalisation de l'avortement. Simone Veil sera la première présidente du Parlement européen en 1979.
Arnaud Aubert, auteur et metteur en scène de la pièce "Simone en aparté", son voisin à Cambremer, signe le portrait sensible d'une militante déterminée et indépendante, qu'il qualifie "d'icône républicaine". Le texte nourri par les livres, en particulier l'autobiographie "Une vie" publiée en 2007, les archives de l'INA, convoque le souvenir vivant de Simone Veil (1927-2017), à dix ans, à vingt ans, à trente ans, à soixante, tour à tour, fille, épouse, mère. Les monologues ponctués de saynètes, autant d'épisodes témoins d'un parcours, évoquent avec intelligence les combats politiques d'une survivante, dépositaire d'une mémoire, celle de la Shoah, qui va œuvrer durant toute sa vie à la défense des oppressés et pour les droits de l'Homme. Les parenthèses plus intimes, celle d'une femme réservée, d'une grande pudeur, qui se livrait peu, d'une grande pudeur, prennent la forme de confidences émouvantes.
Au Studio Hébertot, le dépouillement du dispositif scénique imaginé par Hervé Mazelin, laisse des espaces à l'interprétation, épure et sobriété propice à l'imaginaire. Sophie Caritté, seule en scène, livre une interprétation vibrante, incarne les facettes d'une identité, les combats, féminisme, droit de l'Homme, IVG, la construction européenne, et la part plus personnelle, l'humaniste amoureuse des arts, les rapports avec ses proches, en particulier la mère. La comédienne entretient la ressemblance physique avec Simone Veil mais préfère adopter des similitudes dans le phrasé plutôt que l'imitation. La fluidité de la pensée se place mieux dans le mouvement.
Portrait sensible d'une personnalité publique, "Simone en aparté" rend hommage à une femme engagée réputée pour sa force de caractère, son refus des compromis comme des conformismes, une héroïne moderne confrontée à la violence du monde. Un destin hors du commun à travers la Grande Histoire.
Simone en aparté
Jusqu'au 15 janvier 2025 - Relâches : 24 décembre, 25 décembre et 01 janvier
Mardi et mercredi à 19h
Écrit et mise en scène par Arnaud Aubert
Avec Sophie Caritté
Scénographie Hervé Mazelin
Lumières Estelle Ryba
Musique Nicolas Girault
Costumes Yolène Guais
Création du TANIT Théâtre en novembre 2021 à Lisieux (14)
Production TANIT Théâtre
En coproduction avec le Théâtre Lisieux Normandie (14)
Compagnie subventionnée par la Région Normandie, la Communauté d’Agglomération Lisieux Normandie, le Conseil Départemental du Calvados et la DRAC Normandie.
ESPACE PHILIPPE TORRETON - ST-PIERRE-LÈS-ELBEUFS (76) : Samedi 8 mars 2025, 20h30
THÉÂTRE LE PASSAGE - FÉCAMP (76) : Mardi 29 avril 2025, 14h30 et 20h30
Studio Hébertot
78 bis boulevard des Batignolles - Paris 17
Tél : 01 42 93 13 04
Horaires : Jeudi, vendredi, samedi 19h
Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.
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