Paris : Ancien Grand garage de la Motte-Picquet, désormais concession Aston Martin, un bâtiment Art déco à l'esthétique marquée par son fonctionnalisme - XVème

 


L'ancien Grand garage de la Motte-Picquet, seul garage parisien inscrit à l'inventaire supplémentaire des Monuments historiques par arrêté du 3 juillet 1986, déploie sa longue façade entre les numéros 6 et 10 de la rue de la Cavalerie. La protection patrimoniale vient éclairer l'originalité de ses caractéristiques techniques, typologique et programmatique. Le bâtiment de style art déco en béton armé, édifié sur les plans de l'architecte Raymond Farradèche (1893-1959) entre 1928 et 1930.  Le programme mixte, témoin de sa modernité, associe un parking sur huit niveaux, dont deux en sous-sol, d'une capacité de 800 véhicules, tandis que les trois étages supérieurs sont réservés aux logements et activités sportives. Un système de double rampe, destiné à fluidifier la circulation en imposant un sens unique, forme deux hélices concentriques. Objet d'un brevet, il dessert l'ensemble des espaces de stationnement. Il comprend deux rampes autonomes, l'une ascendante et descendante. Les 6ème, 7ème et 8ème étages sont réservés aux logements et équipements sportifs. Le club de tennis, de nos jours ouvert aux nouveaux adhérents par parrainage, est à l'origine accessible aux propriétaires d'espace de stationnement.








Aujourd'hui, le bâtiment réhabilité en showroom automobile est la propriété du groupe BPM distributeur de plus de trente marques, automobile, utilitaires, camions, moto, camping-cars, dans toute la France et à Monaco. Il accueille une concession BPM Exclusive qui promet et distribue les voitures de la maison Aston Martin.

La société Grand Garage de La Motte Picquet constituée en 1928 par trois associés, Félix Paquet, Charles Paquet et M. Grospiron, revendique trois activités principales, exploitation de garage, achat et vente de véhicules neufs et d'occasion, achat et gestion de patrimoine immobilier. L'entreprise se porte acquéreur d'un terrain vaste de 1716m2 le long de la rue de la Cavalerie. Elle regroupe à cette occasion plusieurs parcelles du 4bis au 10. 

La demande de permis de construire est déposée le 29 août 1928. L'architecte Raymond Farradèche collabore avec l'ingénieur Ch. Maillard à l'occasion du chantier. Le plan en longueur à la profondeur limitée privilégie l'éclairage naturel des plateaux. Le bâtiment se distingue par son adaptation à la fonctionnalité. Afin d'être en mesure d'accueillir, 800 véhicules, la stabilité et la portance de l'ouvrage ont fait l'objet d'une attention particulières avec des fondations renforcées. La circulation induite par la double rampe à sens unique permet accès et dégagement rapide. Le Grand garage de la Motte-Picquet est inauguré le 7 octobre 1930.








Pensé selon une conception moderne de la mixité programmatique, il regroupe espaces de services et installations techniques. À chaque étage de parking, se trouvent une guérite de garde, un poste de lavage aménagé dans le double vide central des rampes et les installations techniques d'élévation d'eau, une station d'essence alimentée par un système relié au sous-sol caves contenance de 20 000 litres, une chaufferie, des magasins de pneus et d'accessoires variés, des ponts de graissage. Les ateliers de mécanique et de carrosserie ont été aménagés au 5ème étage afin d'optimiser l'éclairage et l'aération.

Les étages supérieurs, 6ème, 7ème et 8ème, sont accessibles directement par des ascenseurs indépendants. Le club sportif, ancien trinquet argentin terrain d'un sport dérivé de la pelote basque avec tribunes, est couvert par une charpente de bois assemblée et boulonnée, dite Zollinger au 7ème étage. Elle forme une galerie prolongée par des terrasses découvertes. Réhabilité en courts de tennis, aujourd'hui le tennis club de la Cavalerie dispose d'un restaurant dont le décor originel a disparu au fil des rénovations, un salon de thé, un bar. 

Grand garage de la Motte-Picquet
6-10 rue de la Cavalerie - Paris 15
Métro La Motte-Picquet lignes 6, 8, 10



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie. 

Bibliographie
Éric Lapierre - Guide d’architecture Paris 1900-2008 - Pavillon de l’Arsenal