Théâtre : La Joconde parle enfin, de Laurent Ruquier - Avec Karina Marimon - Théâtre de l'Oeuvre - Prolongation jusqu'au 1er juin 2024

Crédit Fabienne Rappeneau

Horripilée par le nombre de théories farfelues à son sujet, la Joconde sort de son cadre pour remettre les pendules à l'heure. Elle chante, elle danse, elle reprend la parole après cinq-cents ans de silence et retrace son destin. Elle raconte tout d'abord l'histoire de son modèle, Lisa Gherardini épouse d'un riche marchand florentin, Francesco del Giocondo évoquant la première séance de pose dans l'atelier de Léonard de Vinci (1452-1519). Acquis par François Ier en 1518, le tableau est l'un des seuls indiscutablement identifiés comme étant l'oeuvre du maître de la Renaissance. Sa trajectoire depuis sa création ne manque pas de rebondissement jusqu'à sa résidence pas si tranquille au Louvre, notamment son vol en 1911 par un vitrier italien. À la suite de ce forfait, il conserve le tableau durant deux ans sous son lit, dans le double-fond d'une valise. Mona Lisa ne retrouve les cimaises du musée qu'après bien des péripéties.




Au XXIème siècle, "La Joconde" est l'oeuvre d'art la plus visitée au monde. Vingt-mille personnes se pressent devant elle chaque jour. Laurent Ruquier s'empare de la fascination exercée par le tableau, l'une des toiles les plus fameuses de l'histoire de l'art, peinte entre 1503 et 1506 ou 1513 et 1516, pour écrire un monologue alerte et érudit. Ce portrait de femme sur fond de paysage de montagne perdue dans les brumes, a fait l'objet d'un véritable déchaînement de thèses baroques ou sérieuses. À commencer par les questions sur l'identification du modèle et la modification du titre originel Monna Lisa, avec deux n, contraction de Ma donna Lisa, Madame Lisa. Qui est-elle ? Un homme, la mère de Léonard, Léonard lui-même travesti, son amant... Le front et les sourcils épilés, marqueurs controversés associés plutôt aux prostitués qu'aux dames de la bourgeoisie, auraient été effacés au XVIème siècle selon une hypothèse scientifique récente. Légendes et mythes se sont multipliés autour de cette peinture à l'huile sur panneau de peuplier.

Karina Marimon, nommée aux Molières pour la pièce "Big Mother" de Mélody Mourey, remarqué du grand public pour son rôle de la cousine de Napoléon dans la virgule humoristique produite par Jamel Debbouze, "La Petite Histoire de France", diffusée sur W9, prête ses traits à La Joconde. Elle incarne une Mona Lisa piquante, qui n'a pas sa langue dans la poche, verve savoureuse à la fantaisie des pus divertissantes. Seule en scène, sur le ton de la conversation informelle avec ses admirateurs, elle redonne vie à cette icône de l'art dans une mise en scène dynamique signée Rodolphe Sand, pousse la chansonnette avec talent. Un spectacle plein de tendresse, instructif et très réussi.

La Joconde parle enfin 
Prolongations : le 23, 24, 25, 30, 31 mai à 20h30 - Le 1er juin à 20h30
Le jeudi et vendredi à 19h, le samedi à 16h et 19h, le dimanche à 17h

De Laurent Ruquier
Avec Karina Marimon
Mise en scène Rodolphe Sand

Théâtre de l'Oeuvre
55 rue de Clichy – Paris 9
Tél réservations : 01 44 53 88 88



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.