Paris : Passage Jean Nicot, atmosphère villageoise au coeur du quartier du Gros-Caillou - VIIème

 

Le passage Jean Nicot, voie discrète, se distingue par la modestie de son bâti, loin de l'image d'opulence bourgeoise du quartier du Gros-Caillou. Accessible par deux porches étroits, il présente des constructions d'une grande simplicité tout en déployant une variété de styles, de gabarits, d'alignements. Ce caractère villageois, presque populaire, se retrouve entre la rue Saint Dominique et l'avenue Bosquet, avec des voies commerçantes, bordées d'immeubles peu élevés. Ces dispositions s'expliquent par la présence au XIXème siècle de la Manufacture des tabacs et de sa main-d’œuvre, population ouvrière qui logeait à proximité. L'esthétique contraste avec celle du lotissement exclusivement résidentiel, entre Quai d'Orsay et Champs de Mars, où fleurissent immeubles haussmanniens et post-haussmanniens haut de gamme. Le passage Saint Jean, qui tient alors son nom de la rue voisine et de la présence d'une statue à l'angle de la rue Saint Dominique et de la future rue Jean Nicot, devient passage Jean Nicot par arrêté du 1er février 1877.









Le quadrilatère entre les rues Surcouf, de l'Université, Jean Nicot et le quai d'Orsay a été formé par le rattachement à la rive gauche de l'ancienne île des Cygnes, ou île Maquerelle. Jusqu'au XVIIIème siècle, un chenal "la Petite Seine" sépare ce banc de terre de la rive. Il est comblé en amont à partir de 1786, au niveau de l'actuelle rue Surcouf. Puis en 1812, la portion côté Champ de Mars subit le même sort pour libérer les terrains où est construite la Tour Eiffel

En 1829, sur le quai d'Orsay à proximité de la pompe à eau du Gros-Caillou, ouvre une Manufacture de tabac. Elle longe alors le côté pair de la rue Saint-Jean-du-Gros-Caillou qui devient Nicot vers 1830 puis Jean Nicot par arrêté du 24 août 1864. 









Jean Nicot (1530-1604), diplomate, ambassadeur de France au Portugal, érudit et philologue est considéré comme l'introducteur du tabac en France. Il découvre cette plante considérée alors comme médicinale par l'entremise d'un marchand flamand lui envoie des graines. Jean Nicot fait pousser ces dernières dans son jardin lors de son séjour à Lisbonne et vante les mérites de la plante auprès de Catherine de Médicis. La Manufacture des Tabacs fermée en 1905, est rasée en 1909. 

Passage Jean Nicot 
89 rue Saint Dominique / 170 bis rue de Grenelle - Paris 7
Métro La Tour Maubourg ligne 8




Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie. 

Bibliographie
Le guide du patrimoine Paris - Sous la direction de Jean-Marie Pérouse de Montclos - Hachette
Le guide du promeneur du 7è arrondissement - Françoise Colin-Bertin - Parigramme
Saint-Germain des Prés et son faubourg, évolution d’un paysage urbain - Dominique Leborgne - Parigramme
Connaissance du Vieux Paris - Jacques Hillairet - Rivages