Paris : Passage Gustave Lepeu et Passage Alexandrine, ruelles champêtres au passé ouvrier - XIème

 

Le passage Gustave Lepeu et le passage Alexandrine, dans le XIème arrondissement, témoignent du tissu urbain développé au XIXème siècle à l'Est de la Capitale, mémoire du Paris ouvrier. De configuration semblable, ils sont bordés d'anciens ateliers artisanaux, petites manufactures. Ils conservent des proportions équivalentes, passage Gustave Lepeu long de 147 mètres, passage Alexandrine de 132 mètres, un semblable bâti de faible hauteur. Aujourd'hui, ces ruelles hors du temps, végétalisées à l'initiative des riverains, rivalisent de charme aussi champêtre que modeste. Esprit bucolique et pavés nostalgiques.









Le Passage Gustave Lepeu et le Passage Alexandrine, deux voies parallèles, ont été ouverts en 1865 dans le quartier de la Roquette. Émile Lepeu, négociant, acquiert à cette époque, plusieurs parcelles à proximité des prisons de la Petite et la Grande Roquette. Ces terrains, prélevés sur l'ancien domaine des Bénédictines de la Madeleine de Traisnel, ont été libérés par la nationalisation des biens du clergé en 1790. 

Au début du XVIIème, les religieuses de cette communauté fondée en 1142 en Champagne, quittent leur région d'origine pour fuir les ravages des Guerres de Religion. En 1652, elles établissent un couvent rue de Charonne. Peu à peu leur domaine prend de l'ampleur. À la veille de la Révolution, il s'étend de la rue de Charonne à la rue des Boulets - actuelles rue Léont Frot - et jusqu'à la rue de Montreuil, sur quarante hectares. Les terrains confisqués en 1790 font l'objet d'une intense spéculation. 

Émile Lepeu, le nouveau propriétaire, les fait lotir en 1865 afin de créer la rue Émile Lepeu ainsi que le passage Gustave Lepeu et le passage Alexandrine Lepeu, du nom de ses enfants. L'ensemble se développe sous la forme d'une cité ouvrière animée dès 1889 d'une intense activité artisanale ainsi que de commerces alimentaires. 








À la fin du XIXème siècle, le Passage Alexandrine attire des imprimeries. Le long du Passage Gustave Lepeu, ateliers de métallurgie et autre ferrailleurs œuvrent jusqu'à la Seconde Guerre Mondiale. La maison Heyen, spécialisée dans les filets de bois et bandes de mosaïque destinés aux décors des meubles, s'installe aux numéros 13 / 15 en 1870. En 1923, elle devient entreprise Chalange et Bonnet réputée pour ses modèles réduits en bois, ses boîtes de construction jusqu'au début des années 1980. 

Passage Gustave Lepeu  : Accès 48 rue Léon Frot / 31 rue Émile Lepeu - Paris 11
Passage Alexandrine  : Accès 44 rue Léon Frot / 27 rue Émile Lepeu - Paris 11
Métro Charonne ligne 9



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie. 

Bibliographie
Le guide du promeneur 11è arrondissement - Denis Michel et Dominique Renou - Parigramme