Ailleurs : Mouans-Sartoux, jolie commune provençale fondée en 1496, foyer culturel dynamique

 

Mouans-Sartoux, entre l'arrière-pays de Grasse, la montagne, et le littoral de Cannes, la Méditerranée, s'attache à incarner la devise au fronton de la Mairie, "Que cette heure soit la meilleure pour tous". Au coeur de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur, la commune est le fruit d'un heureux mariage entre deux villages modestes. Sartoux, sur la colline du Castellaras, et de Mouans dans la plaine, développées à la fin du XVIème siècle, sont réunies sous le nom de Mouans-Sartoux par décret impérial du 28 mars 1858. 

Jusqu'au XVIIIème siècle, épidémies et conflits armés empêchent l'économie de prendre son essor. Paysans, ouvriers agricoles, journaliers et petits propriétaires terriens - la bourgeoisie locale - composent une population originelle, modeste par ses revenus. Les exploitants travaillent surtout la vigne, les oliviers. La culture des fleurs à parfum à partir du XIXème siècle, en particulier le jasmin et la rose, change la donne. Mouans-Sartoux est la deuxième commune productrice du pays grassois. Les anciens noms de rue, rue de la Cabraire, la chèvre, aujourd'hui rue de la Liberté, évoquent une activité d'élevage.

La configuration en damier de la ville répond au plan quadrillé dit de Lérins, à l'instar de Valbonne, Biot ou Vallauris. Architecture homogène, palette chromatique chatoyante et goût pour la parure florale, Mouans-Sartoux entretient le charme pittoresque de ses anciennes maisons de ville en pierre maçonnée, plutôt étroites et hautes. La plus ancienne date de 1496, année officielle de la fondation de Mouans. Le crépi et la couleur n'apparaissent qu'au XIXème siècle. Traditionnellement, le rez-de-chaussée abrite écuries et cave, le premier étage, cuisine et pièce à vivre, le deuxième, parfois une chambre et le dernier étage, grenier à céréales et foin. Ponctuées de nombreux chasse-roues protégeant les angles des habitations, les murs, les rues conservent la largeur réglementée nécessaire au passage des charrettes. 

Le château de Mouans, première résidence seigneuriale édifiée à la fin du XVème, rasé lors des Guerres de Religion et reconstruit au XVIème siècle, en grande partie démolie à la Révolution, est relevé de ses ruines au XIXème siècle. Ville de culture, Mouans-Sartoux dispose de deux institutions muséales, l'Espace de l'art concret dédié à l'art contemporain et le Musée reflet d'un monde rural orienté histoire locale, complété par le complexe cinéma et médiathèque "La Strada", nommé en l'honneur de Federico Fellini.
 


Église Saint André de Mouans-Sartoux


Place Suzanne de Villeneuve




En 1144, les archives indiquent le castrum de Mouans, un camp fortifié. L'abbaye cistercienne Notre-Dame-des-Prés s'installe à Sartoux en 1199. Vers 1350, la Provence est dévastée par la peste et l'insécurité, fruit du conflit qui oppose la dynastie des Plantagenêt à celle des Valois au cours de la Guerre de Cent ans (1337-1453). La population décimée, les villages primitifs de Mouans et de Sartoux sont abandonnés. 

A la fin du XVème siècle, Pierre de Grasse, seigneur de Mouans, favorise l'installation de soixante familles, originaires du figounia genes, région de Gênes, afin de repeupler le territoire. Les familles de Figons se voient offrir des terrains à Mouans et à Sartoux, en échange de divers engagements, notamment résider sur place et construire une maison. Le village de Mouans est créé à proximité du prieuré de Saint-André, en 1496 date officielle de la fondation.

L'église Saint-André, édifiées dans un style roman, provençal fait partie des premiers bâtiments officiels. Aujourd'hui, située sur la place Suzanne de Villeneuve, elle est éclairée par huit vitraux de Gottfried Honegger (1917-2016). Cet artiste suisse installé à Mouans-Sartoux dans les années 1980 est également à l'initiative de la création de l'Espace de l'Art concret au sein de l'ancien château en 1990. 

Les infrastructures se développent rapidement au début du XVIème siècle. Plusieurs fours communaux sont mis à disposition des habitants. L'accès payant en temps normal devient gratuit lors des fêtes. L'actuelle rue Frédéric Mistral s'appelait rue du Four. Jean de Grasse, fils de Pierre, fait construire le château de Mouans originel entre 1504 et 1510.


Château de Mouans - Espace de l'art concret


Espace de l'Art Concret


Église Saint André de Mouans-Sartoux



Au cours de la seconde moitié du XVIème siècle, la confrérie des Pénitents blancs, composée de laïcs catholiques qui ont fait voeux de dévotion, de pénitence et de charité, érigent la chapelle Saint Bernardin. Elle est mentionnée dans des registres départementaux en 1584 dans le cadre d'une commande de retable par les Pénitents auprès de François Canavery maître-prieur de la ville de Vence. Elle se trouve aujourd'hui en face du lavoir, visible depuis l'actuelle rue Frédéric Mistral. Nationalisée à la Révolution, vendue à un particulier en 1909, elle ne se visite pas.

En pleine guerre de religion, Charles-Emmanuel Ier, duc de Savoie (1562-1630), petit-fils de François Ier, s'apprête à revendiquer le trône du roi de France. Il est sollicité par les seigneurs provençaux de la Ligue catholique qui lui accordent le titre de comte de Provence en 1590. Depuis Nice, le duc de Savoie s'empare des villes réformées, notamment Antibes. Il envahit plusieurs fois le Dauphiné, pousse jusqu’à Fréjus, Draguignan et Aix. De 1592 à 1594, les Savoyards occupent Grasse et Vence. En 1592, ils assiègent, durant trois jours, le château de Mouans, résidence de Suzanne de Villeneuve-les-Arcs (vers 1550 - avant 1623), veuve de Pompée de Grasse, dame d'honneur de la reine Marguerite. La reddition n'est acceptée qu'en échange de la promesse non-tenue d'épargner le village et le château. 

Sur l'ordre du duc de Savoie, Henri de Villeneuve, seigneur de Gaut, qui occupe Grasse depuis 1590, est chargé du démantèlement à titre d'exemple, afin notamment d'éviter qu'il ne serve de base arrière aux partisans de la Réforme. En avril 1592, des ouvriers recrutés à Vallauris, rémunérés un florin la journée, achèvent la démolition en quatre jours. Déterminée à obtenir justice, Suzanne de Villeneuve rejoint le duc de Savoie à Cagnes-sur-Mer pour demander réparation de la destruction de son château. Clémence tardive, il lui accorde quatre-mille écus mais tarde à verser la somme. La baronne le poursuit jusqu'à Antibes où, enfin, elle est dédommagée. Elle devient une héroïne locale.










Tout au long du XVIIème siècle et jusqu'au XVIIIème, en 1630, 1649, 1649, 1664 et 1720, des épidémies de peste ravagent la région qui se trouve également aux premières loges des conflits entre les grandes puissances européennes. De 1688 à 1697, la guerre de la Ligue d'Augsbourg oppose la France de Louis XIV (1738-1715), allié à l'Empire ottoman ainsi qu'aux jacobites irlandais et écossais, à une large coalition européenne, la ligue d'Augsbourg menée par l'Anglo-Néerlandais Guillaume III, l'empereur du Saint-Empire romain germanique Léopold Ier, le roi d'Espagne Charles II, Victor-Amédée II de Savoie et l'ensemble des princes du Saint-Empire romain germanique. Ce conflit connait des répliques sanglantes à travers la Provence bien après la fin des hostilités qui reprennent rapidement. 

De 1701 à 1714, à la suite de la mort sans descendance de Charles II, le dernier Habsbourg espagnol, la guerre de Succession d'Espagne oppose le Royaume de France allié à l'Espagne, l'Électorat de Bavière, l'Électorat de Cologne, aux Provinces-Unies, Angleterre, Saint-Empire, Savoie, Portugal, Autriche, Prusse, Aragon, Camisards. En 1707, village, église, château de Mouans sont pillés et incendiés par les troupes autrichiennes et piémontaises, les habitants passés par le fer. Alexandre de Grasse, baron de Mouans (avant 1650-1712), est grièvement blessé lors de l'attaque. 

La guerre de Succession d'Autriche, de 1740 à 1748, frappe la région. Certaines puissances européennes qui avaient souscrit à la Pragmatique Sanction de 1713, décret souverain solennel par lequelle l'empereur Charles VI du Saint-Empire léguait à sa fille Marie-Thérèse d'Autriche les États héréditaires de la maison de Habsbourg, la conteste. La coalition formée par la Prusse, la Bavière, la France s'oppose à celle réunissant l'Autriche, la Grande-Bretagne, les Provinces-Unies et la Russie.

En 1730, la municipalité fait construire le lavoir de Mouans, sur l'actuelle place du Général Leclerc à proximité des fours à chaux. Entre 1750 et 1789, le château de Mouans passe dans la famille Villeneuve, parents des Grasse. À la Révolution, victime des "patriotes" de Grasse, il est rasé jusqu'à la corniche en 1796 et deux tours sur trois démolies. La famille Durand de Sartoux, seigneurs de Sartoux depuis 1473, fait l'acquisition en 1804-05 de la tour restante et des soubassements, vestiges du château ruiné. À partir de 1824, il est relevé, selon les plans anciens, d'abord les deux ailes, puis plus tardivement les tours Est et Ouest. 


Lavoir de Mouans-Sartoux - place du Général Leclerc

Fontaine 1894

Place Jean Jaurès

Place Jean Jaurès

Chapelle Saint Bernardin

Place du Général de Gaulle


À partir de 1854, les communes de Mouans et Sartoux se rapprochent dans l'objectif d'une fusion. Sartoux étend par le développement des quartiers des Gourettes, des Plantiers, des Indes extension de Sartoux. En 1858, un décret impérial réunit officiellement Mouans et Sartoux en une seule entité. À cette occasion, l'ancienne Mairie de Mouans située sur l'actuelle place Suzanne de Villeneuve en face du château de Mouans, est remplacée par la nouvelle Mairie, inaugurée en 1859, sur la place qui porte désormais le nom de place Général de Gaulle. Les premiers maires sont Dominique-Marc Negrin (1858-1870), Jean-Baptiste Jules Alexandre Durand de Sartoux de 1870 à 1876, Charles Marius Lions de 1876 à 1881

En 1861, la place attenante à la mairie, actuelle place Jean Jaurès, où se trouvaient les anciens fours à chaux désaffectés pour raison d'hygiène est aménagée. Malonnée, c'est à dire pavée de tomettes carrées, elle devient aire de séchage du grain et lieu de festivité municipal. La gare de Mouans-Sartroux construite à l'occasion du tracé la voie ferrée Cannes-Grasse entre 1861 et 1868. Le Dr Marcellin Geoffroy, maire de 1881 à 1894, fait installer l'éclairage au gaz des rues. En 1894, il inaugure la fontaine sur l'actuelle place Suzanne de Villeneuve, alimentée par le canal de la Siagne.

En 1962, à la fin de la guerre d'Algérie, le camp de Timgad, hameau de forestage accueille les familles de Harkis en périphérie de la vie. Il demeure habité jusqu'au début des années 1980.

En 1988, la commune acquiert le château de Mouans pour ouvrir en 1990, l'Espace de l'art concret, dévolu à l'art contemporain. Le Musée reflet d'un monde rural prend place dans les anciennes écuries. Inauguré en 1994, il évoque la vie quotidienne au XIXème siècle.

Office de tourisme 
258 avenue de Cannes - 06370 Mouans-Sartoux
Tél : + 33 (0)4 93 75 75 16
contact@mouans-sartoux.net



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.