Expo Ailleurs : Architectes de l'étrange. Sarah Winchester et Ferdinand Cheval - Palais idéal du facteur Cheval - Jusqu'au 14 janvier 2024

Ghost dance (2023) Laurent Paulré / Whisper room I & II (2020) Balcon-fenêtre (2019) Jérôme Poret
Une nuit chez Sarah Winchester (2023) Martine Aballéa / Be my ghost (2022) Chloé Dugit-Gros
 

Au Palais idéal du facteur Cheval, l'exposition "Les architectes de l'étrange. Sarah Winchester et Ferdinand Cheval" lance des ponts entre les destins atypiques. Ferdinand Cheval (1836-1924) à Hauterives dans la Drôme, Sarah Winchester (1839-1922) à San José aux États-Unis, sont animés par une même passion pour des projets architecturaux démesurés. Ces deux contemporains ont chacun conçu, de part et d'autre de l'Atlantique, une oeuvre bâtie dont la fantaisie et l'envergure frappent encore les esprits. Cent ans après leurs disparitions, les légendes urbaines inventées autour de ces constructions entretiennent la curiosité des touristes du monde entier. Les commissaires Céline du Chéné, productrice à France Culture, autrice de "La Malédiction de Sarah Winchester, la contre-enquête" aux éditions Michel Lafon, et Frédéric Legros, directeur du Palais idéal du facteur Cheval orchestrent un dialogue entre ces deux épopées personnelles qui échappent aux qualificatifs. Ils ont choisi de poser en regard ces imaginaires débridés par le biais d'oeuvres contemporaines. Fascinés par ces démiurges plus grands que nature. Martine Aballéa, Chloé Dugit Gros, Olivier Morvan, Jérôme Poret rendent un hommage tout particulier à Sarah Winchester dans le cadre du musée du Palais idéal. Des gravures de Giovanni Battista Piranesi (1720-1778), graveur et architecte italien, ainsi qu'une bande-son atmosphérique de Laurent Paulré, réalisateur à Radio France, complètent le dispositif.


Portraits de Ferdinand Cheval et Sarah Winchester

Photographies de la Maison Winchester

Maison Winchester


Ghost dance (2023) Laurent Paulré

L'exposition "Les architectes de l'étrange. Sarah Winchester et Ferdinand Cheval" vient souligner similitudes et points de divergence entre les deux projets hors normes. Architectes autodidactes dont les aspirations, les intentions demeurent mystérieuses, Sarah et Ferdinand font preuve d'une même inventivité. Ils sont animés par une détermination semblable à réaliser leur rêve et se moquer du qu'en dira-t-on. Sous le regard de leurs contemporains, moqueurs, suspicieux, réprobateur, ils font face à l'incompréhension parfois même jusqu'au questionnement de leur santé mentale.  

À Hauterives, Ferdinand Cheval, le modeste facteur, trace les plans et bâtit de ses mains son Palais idéal durant trente-trois années. À San José en Californie, Sarah Winchester, riche héritière des carabines Winchester, dessine sa maison et confie la construction à des ouvriers. Aujourd'hui, la villa qui a compté près de cinq-cents pièces et sept niveaux, a été réduite à quatre étages et cent-soixante-et-une pièces. Au fil des années, Sarah Winchester entreprend de transformer cet improbable chantier long de vingt ans en oeuvre humaniste. Elle engage des travailleurs issus de minorités qui ont du mal à se faire embaucher, veille à une rétribution équitable avec des avantages, assurances maladie et retraite, un salaire convenable et des bonnes conditions de travail. La dimension sociale est très importante pour la veuve fortunée aux intentions philanthropes. 


Balcon-fenêtre (2019) - Whisper room I et II (2020) Jérôme Poret

Whisper room I et II (2020) Jérôme Poret

Une nuit chez Sarah Winchester (2023) Martine Aballéa

Whisper room I et II (2020) Jérôme Poret / Be my ghost (2022) Chloé Dugit-Gros

Les prisons imaginaires (1750) planches 1, 3, 8 rééditées en 1940
Giovanni Battista Piranesi


Sarah Winchester a toujours refusé de s'exprimer au sujet de son énigmatique projet, création d'un monde fantasmagorique. L'absence d'explication a alimenté spéculations, ragots et légendes. Frappée par les drames, son enfant et son mari décèdent précocement, veuve à quarante-trois ans, la femme d'affaires acquiert, à San José, un ranch de huit pièces. Elle se lance dans une entreprise pharaonique pour le transformer en une maison démesurée dont l'expansion semble n'avoir pas de limites. Escaliers qui ne mènent nulle part, fenêtres au sol, portes ouvertes sur des murs, aux yeux des riverains de San José, l'architecture de la villa Winchester apparaît au mieux déraisonnable au pire complètement loufoque. 

Dès les années 1890, à défaut d'explication, la presse locale développe une histoire à sensation susceptible d'attirer les touristes. Une série d'articles affirme que Sarah Winchester serait frappée par une malédiction, hantée par les morts victimes des carabines Winchester. La veuve aurait consulté une médium afin de rompre le mauvais sort. Elle lui aurait indiqué que pour échapper à ces fantômes, il lui faudrait édifier une bâtisse, piège pour les esprits, labyrinthe destiné à les perdre. 

Toujours selon ces médias peu scrupuleux, Sarah Winchester aurait organisé chaque soir des séances de spiritisme afin de communiquer avec l'au-delà et d'en recevoir les plans de la maison. De nos jours, "The Winchester Mystery House" a été transformée en maison hantée de fête foraine par des entrepreneurs du divertissement. Par les animations proposées, ils entretiennent à des fins touristiques les théories les plus farfelues autour de la villa et de Sarah Winchester.


La Maison tentaculaire (2020) Olivier Morvan / Balcon-fenêtre (2019) Jérôme Poret

La Maison tentaculaire (2020) Olivier Morvan

La Maison tentaculaire (2020) Olivier Morvan

La Maison tentaculaire (2020) Olivier Morvan

La Maison tentaculaire (2020) Olivier Morvan

Le Palais idéal du facteur Cheval organise des animations en lien avec l'exposition : 

- samedi 25 novembre 2023 : projection du film "La Dame de Saint Lunaire" (2016) réalisé par Agathe Oléron. Le long-métrage relate l'histoire de Jeanne Devidal (1908-2008), employée des PTT, qui a construit une maison à partir d'éléments de récupération.  

- vendredi 12 janvier 2024 : Conférence et rencontre avec l'historienne Stéphanie Sauget, autrice de l'ouvrage "Histoire des maisons hantées en France, Grande-Bretagne et États-Unis (1780-1940)". L'artiste photographe Estelle Chaigne proposera aux visiteurs de prendre leur portrait en argentique dans les conditions de la fin du XIXème siècle. 

Les architectes de l'étrange. Sarah Winchester et Ferdinand Cheval 
Jusqu'au 14 janvier 2024

8 rue du Palais - CS 10008 - 26390 Hauterives 
Tél : +33 (0)4 75 68 81 19
Horaires d'ouverture : En janvier : de 9h30 à 16h30 / De février à mars : de 9h30 à 17h30 / D'avril à juin : de 9h30 à 18h30 / De juillet à août : de 9h00 à 18h30 / En septembre : de 9h30 à 18h30 / D'octobre à novembre : de 9h30 à 17h30 / En décembre : de 9h30 à 16h30




Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.