Paris : Jardin des Plantes, héritier du Jardin du Roi, fleuron du Muséum National d'Histoire Naturelle - Vème

 

Le Jardin des Plantes, écrin de verdure au cœur de la ville, associe le plaisir de la flânerie dans l’un des plus beaux espaces verts de Paris et l’aspect pédagogique d’un centre scientifique renommé. Héritier du Jardin du Roi, l’espace botanique créé au XVIIème siècle, agrandi au fil des époques et devenu Muséum national d’histoire naturelle à la Révolution, nourrit pour vocation de réunir, conserver, étudier des collections patrimoniales extensives. Les parterres de fleurs rythment 22,5 hectares de jardin à la française, auxquels s’ajoutent des jardins spécifiques. Tulipes, narcisses, pensées, primevères, roses, cannas, dahlias, abutilons, fuchsias nuancent l’espace vert de mille couleurs. Aux allées bordées de platanes répondent de nombreux arbres remarquables. Œuvres hommages et statues ponctuent la balade. Lieu d’enseignement et de connaissance, les végétaux des parterres sont soigneusement étiquetés. Le long des allées Cuvier et Centrale, 4500 spécimens sont classés par famille et genre.

De nos jours, le Muséum regroupe une vingtaine de sites dédiés à l’étude scientifique du vivant, parmi lesquels le Jardin des Plantes originel, ou encore le Musée de l’Homme, le Parc Zoologique de Paris, la Grande Galerie de l’Evolution, ou encore l’arboretum Versailles-Chèvreloup… Le Jardin des Plantes est l’une des plus anciennes institutions scientifiques de France. Cet établissement de premier plan attire depuis sa création savants, botanistes, zoologistes, paléontologues du monde entier. La communauté de scientifiques oeuvre au sein d’un laboratoire de recherche unique, et dispense un enseignement réputé au cœur de l’école de botanique, où se croisent étudiants en cursus scientifiques, horticulteurs et même amateurs. Le Muséum national d’histoire naturelle déploie des galeries historiques exceptionnelles, la Grande Galerie de l’Evolution, la galerie de Paléontologie et d’Anatomie comparée, la Galerie de Minéralogie, auxquelles s’ajoutent les espaces de la Ménagerie et le Zoo du Jardin des Plantes, ainsi que les grandes serres, expérience sensorielle et esthétique. Les expositions développées abordent des thématiques aussi bien historiques que scientifiques ancrées dans la réalité contemporaine tel que les enjeux de la biodiversité.








Le Jardin des Plantes médicinales est créé par un édit royal de janvier 1626 à l’initiative de Guy de La Brosse (1586-1641) médecin ordinaire du roi Louis XIII et botaniste, grâce à l’appui de Jean Héroard (1551-1628), premier médecin du roi. Les terrains acquis par la couronne dans le Faubourg Saint Victor sont ouverts au public en 1634. L’ensemencement des collections botaniques débute à l’été 1635. Cinq ans plus tard, a lieu l’inauguration officielle du centre d’enseignement. Des scientifiques illustres, La Brosse lui-même en tant que premier surintendant du Jardin Royal des Plantes, des docteurs en médecine, botanique, chimie, histoire naturelle, dispensent cours et interventions. En 1693, Guy Crescent Fagon (1638-1718), petit neveu du fondateur, botaniste au Jardin du Roi et médecin devient premier médecin de Louis XIV, position qui le place d’office à la direction de l’institution. Il s’entoure de chercheurs et de scientifiques de haut vol parmi lesquels Joseph Pitton de Tournefort (1656-1708) et Antoine de Jussieu (1686-1758). Il initie les premières missions expéditionnaires en charge de la collecter des spécimens dans le monde entier.

Le Jardin du Roi, domaine agrandi, bâtiments développés, devient l’un des plus importants centres de recherche sous l’impulsion de Georges Louis Leclerc de Buffon (1707-1788) qui en devient surintendant 28 juillet 1739. Naturaliste, mathématicien, biologiste, cosmologiste, philosophe et écrivain français, il incarne l’Esprit des Lumières. Durant près d’un demi-siècle, il fait appel aux meilleurs scientifiques de son temps pour devenir professeurs au Jardin du Roi, et entretient un réseau de savants à travers l’Europe. Il réunit sous son égide, Louis Daubenton (1716-1799) médecin, naturaliste et zoologiste qui deviendra le premier directeur du Muséum national d’histoire naturelle, Jacques-Bénigne Winslow (1669-1760) médecin et anatomiste d’origine danoise, Antoine-François Fourcroy (1755-1809) médecin et chimiste, Antoine-Laurent de Jussieu (1748-1836) botaniste.

A la Révolution, le Jardin du Roi devient Jardin des Plantes. Jacques Bernardin de Saint-Pierre (1716-1800), botaniste en assure l’intendance de 1792 à 1793. Par décret de la Convention, en 1793, le jardin reçoit officiellement le titre de Muséum National d'Histoire Naturelle. Louis Daubenton, nommé à la tête de l’institution, définit sa mission « la conservation et l’enrichissement des collections, la recherche fondamentale et appliquée, l’enseignement et la diffusion des connaissances dans le domaine des sciences naturelles et humaines ». Par les grandes figures de l’instruction se trouvent Geoffroy Saint-Hilaire (1772-1844) naturaliste, Bernard Germain Lacépède (1756-1825) naturaliste, Georges Cuvier (1769-1832) créateur de l'anatomie comparée, paléontologue, René-Just Haüy (1743-1822) minéralogiste, fondateur de la cristallographie rationnelle, Antoine Becquerel (1788-1878) physicien et son fils également physicien, Edmond Becquerel (1820-1891). 

La Bibliothèque consacrée aux sciences naturelles, créée sous la Révolution, rassemble 800 000 volumes imprimés, 3000 manuscrits, collections 7000 vélins. Elle a été complétée par la création d’une Médiathèque en 1994.








Joyaux du Jardin des Plantes, les cinq serres à structures métalliques, parmi lesquelles quatre ouvertes au public, perpétuent une tradition séculaire de collection de plantes appartenant à des climats radicalement différents. Aux orangeries royales ont succédé les premières serres de dimensions modestes. Au XIXème siècle, l'architecte Charles Rohault de Fleury (1801-1875) s’inspire des avancées techniques des serres anglaises, pour imaginer des bâtiments portés par des armatures métalliques, innovation qui deviendra un prototype à suivre. 

En 1836, deux grandes serres toujours en place, serre de Nouvelle Calédonie et serre de l’histoire des plantes, sont inaugurées. Suit la création de deux jardins d'hiver. Le premier réalisé par l’architecte Jules André (1819-1890), voit le jour en 1889 à l’occasion de l’Exposition Universelle. Il est démoli entre 1932 et 1934. Le second oeuvre de l’architecte René Berger (1878-1954), est construit dans un style Art déco, entre 1935 et 1936 à l’emplacement libéré par la démolition. Inauguré en 1937, il devient en 2010 Serre des forêts tropicales humides. 

L’organisation et la vocation des serres a été repensée à l’occasion de la refonte des collections entre 2005 et 2010. Désormais les visiteurs ont accès à la serre des forêts tropicales humides, dite la Grande Serre ou le jardin d’hiver, la serre des déserts et milieux arides, la serre de Nouvelle Calédonie, le pavillon central, anciennement serre mexicaine, la serre de l’histoire des plantes, pavillon occidental, qui conserve plantes fossiles et variétés les plus anciennes, précédemment serre australienne.









De nos jours, les jardins spécialisés scandent la promenade à travers cet espace vert unique. Le jardin de l’école de botanique créé au XVIIIème siècle par le botaniste André Thouin (1747-1824) conserve 2 500 variétés d’arbustes, de plantes herbacées. Initié en 1932, le jardin écologique, secteur clos, se définit comme une réserve de la biodiversité naturelle parisienne. Afin de minimiser l’intervention humaine, il a été fermé en 1960. L’accès très limité n’est autorisé aux jardiniers et chercheurs que depuis 1982. 

La Roseraie, en face de la Galerie de Géologie et de Paléobotanique, recense 170 variétés modernes et anciennes, et retrace l’histoire de la rose, de son introduction en Europe. Composé en 1964 à la façon des jardins hollandais, le Jardin d’Iris, entre la Galerie de Botanique et la Galerie d’Anatomie comparée et de Paléontologie, cultive 150 variétés d’iris, et un ensemble de plantes rares. Vaste de 4000m2, le Jardin alpin crée en 1931, auquel la rédaction a consacré un article complet ici, réunit 200 plantes de montagne arbustives et herbacées, originaires des Pyrénées, du Caucase, de la Corse, des Alpes, de l’Amérique du Nord et de l’Himalaya. 

Le Jardin des Plantes comporte un ensemble d’arbres historiques remarquables. Un arbre de Judée planté en 1785, un chêne Velani de 1814, un pin de Corse de 1784, comptent parmi les plus anciens spécimens. Devant la Galerie de Minéralogie, un sophora du Japon a fleuri pour la première fois en 1777. Les graines envoyées depuis la Chine par un jésuite naturaliste ont été semées par Bernard de Jussieu en 1747. Devant la Galerie de Botanique un robinier faux acacia, introduit au Jardin des Plantes en 1636, est un rejet du célèbre plus vieil arbre de Paris, planté en 1601 par Jean Robin arboriste du roi Henri IV, directeur du Jardin des Apothicaires. Dans la cour du laboratoire de Paléontologie, un Gingko biloba mâle, arbre aux quarante écus, conservé en pot sous verre a été planté par Thouin en 1792. Il appartient à une famille d’arbres apparue il y a 270 millions d’années. Le Gingko biloba, espèce dioïque dont les individus sont soit mâle soit femelle, peut vivre plus de mille ans. 









Aux collections botaniques répond la Ménagerie l’un des plus anciens jardins zoologiques au monde créée en 1794 à l’initiative de Bernardin de Saint Pierre. A l’origine, elle réunit les animaux de la Ménagerie royale de Versailles et ceux confisqués aux montreurs d’animaux, activité interdite par la Commune. Parc de 5,5 hectares, le Zoo du Jardin des Plantes abrite 240 mammifères, 500 oiseaux, 130 reptiles.

Devant le Grand Amphithéâtre, le Labyrinthe imaginé par l’architecte Edme Verniquet (1727-1864), sous la Révolution présente un ensemble d’essences méditerranéennes, chênes verts, pins, cèdres, ifs, buis et d’arbres remarquables, érable de Crète rapporté par Tournefort en 1702, thuyas d’Orient, chêne à gros fruits originaire d’Amérique du Nord, cèdre du Liban planté par Bernard de Jussieu en 1734. Au sommet de la butte, le Belvédère du Labyrinthe, dit gloriette de Buffon, a été édifié en 1788. Verniquet, précurseur, conçoit l’une des premières structures métalliques architecturales, soixante ans avant Baltard ou Eiffel. 

Jardin des Plantes
Galeries, jardins, zoo
57 rue Cuvier - Paris 5
Tél : 01 40 79 56 01 
Horaires : Ouvert tous les jours
Du 1er au 25 mars 2023 : 8h - 18h30
Du 26 mars au 30 septembre : 7h30 - 20h
Du 1er au 28 octobre : 8h - 18h30
Du 29 octobre au 29 février 2024 : 8h - 17h30



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.


Bibliographie
Le guide du promeneur 5è arrondissement - Bertrand Dreyfuss - Editions Parigramme
Le guide du patrimoine Paris - sous la direction de Jean-Marie Pérouse de Montclos - Editions Hachette