Ailleurs : Villa Alicius, l'annexe résidentielle du Palais idéal du facteur Cheval, émouvant hommage à la fille de Ferdinand - Hauterives

 

La Villa Alicius, maison de la famille Cheval à partir de 1896, bâtiment fonctionnel indissociable du Palais idéal du facteur Cheval, ouvre désormais ses espaces aux expositions temporaires organisées par le monument. Edifiée entre 1888 et 1895, son appellation rend hommage à la fille du célèbre facteur, Alice Marie Philomène (1879-1894), emportée par une méningite à l’âge de quinze ans. Homme peu éduqué, Ferdinand Cheval s’illustre à partir de 1879, il a quarante-trois ans, en artiste-bâtisseur hors normes. A défaut de maîtriser les bases académiques de l’architecture et de la maçonnerie, cet autodidacte visionnaire invente des techniques très proches des dernières innovations de son époque telles que le béton armé. Le Palais idéal (1879/1912), association libre et spontanée des cultures, des architectures, s’inspire d’une iconographie coloniale abordée de façon aussi candide que sincère. Chef-d’œuvre de l’art naïf, il fascine les artistes, les Surréalistes, particulièrement André Breton, Pablo Picasso, Niki de Saint Phalle et Jean Tinguley. Il est classé au titre des Monuments historiques grâce à l’intervention d’André Malraux en 1969. L’intérêt de la Villa Alicius attenante, n’est reconnu que tardivement. Façades et toitures de la maison, remise annexe, hangar, belvédère sont inscrits au titre des Monuments historiques par arrêté du 19 mars 2020.






Fils de modestes paysans, Ferdinand Cheval nait le 19 avril 1836 à Charmes-sur-l’Herbasse, petit village à quelques encablures de Hauterives. Il quitte l’école à l’âge de treize ans et devient apprenti boulanger. Il exerce ce métier durant douze années. Un temps ouvrier agricole, il débute sa carrière d’employé de l’administration des postes en juillet 1867. Deux ans plus tard, il est affecté à Hauterives sur la « tournée de Tersanne ». Au cours de ses longues marches, une dizaine d’heures par jour, le facteur Cheval rêve d’ailleurs, de paysages lointains qu’il ne connaît qu’à travers les cartes postales, les revues, les livres illustrés. Il caresse l’idée de bâtir un palais digne de ces songes.

Le 23 janvier 1879, à la suite du mariage de Ferdinand Cheval et Claire Philomène Richaud (1838-1914), le couple fait l’acquisition d’une parcelle constructible de 400m2 pour la somme de 240 francs, dans le quartier du Moulin à Hauterives. En avril 1879, lors d’une tournée journalière, Ferdinand Cheval trébuche sur une roche étrange, à laquelle il donnera le nom de « pierre d’achoppement ». Sa forme singulière l’interpelle. Elle réveille l’envie de se lancer dans la réalisation du Palais longtemps fantasmé. La date officielle du début de chantier est inscrite sur le tympan de la grotte de saint Amédée, saint patron de Hauterives. Grâce aux achats successifs de quatre parcelles autour du terrain initial, Ferdinand Cheval développe sans relâche un monument spectaculaire. Il construit en annexe une maison d’habitation, un hangar, un belvédère. 






En 1888, il acquiert une parcelle de 900m2 à l’Est du Palais idéal. Aidé par un maçon professionnel, il édifie la Villa Alicius baptisée en hommage à sa fille, décédée en 1894. Plan rectangulaire presque classique, la bâtisse en béton de chaux s’élève sur deux niveaux au Nord-Est du monument. Le garde-corps du soubassement et de la terrasse sont constitués de blocs de béton enduits à posteriori. Achevée en 1895, la maison devient la demeure familiale lorsque que le facteur Cheval prend sa retraite en 1896. Le toit-terrasse original inspiré des « maisons d’Inde » selon le mot du facteur Cheval offre une vue d’ensemble sur le Palais idéal. En 1902, il change d’avis et le recouvre d’un toit de tuiles supporté par une charpente en bois. Le belvédère est ajouté en 1906.

La construction du Palais idéal s’achève officiellement en 1912, par la mention « 1879-1912, 10 000 journées, 13 mille heures, 33 ans d’épreuves. Plus opiniâtre de que moi se mettre à l’oeuvre ». Néanmoins, Ferdinand Cheval revenant sans cesse sur le programme décoratif, les travaux prennent plutôt fin en septembre 1913. Au lendemain de ce terme, il relève un nouveau défi, la construction d’un caveau familial au sein du cimetière municipal. Durant huit années, il oeuvre à un mausolée destiné à réunir ses proches, "Le tombeau du silence et du repos sans fin". Le chantier aboutit en 1922.  Le facteur Cheval décède le 19 août 1924 à l’âge de quatre-vingt-huit ans. Il est inhumé auprès de sa femme Claire Philomène Richaud (1838-1914) et sa fille Alice Marie Philomène (1879-1894).

La Villa Alicius devient alors la résidence des gardiens du Palais idéal. A la suite d’un legs et d’un rachat, l’ensemble de la propriété revient à la commune d’Hauterives qui gère l’héritage du facteur Cheval depuis 1994. 

Villa Alicius 
Palais idéal du facteur Cheval 
8 rue du Palais - CS 10008 - 26390 Hauterives 
Tél : +33 (0)4 75 68 81 19
Horaires d'ouverture
En janvier : de 9h30 à 16h30 / De février à mars : de 9h30 à 17h30 / D'avril à juin : de 9h30 à 18h30 / De juillet à août : de 9h00 à 18h30 / En septembre : de 9h30 à 18h30 / D'octobre à novembre : de 9h30 à 17h30 / En décembre : de 9h30 à 16h30



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.