Ailleurs : Nouvelles salles XIVème et XVème siècles du Musée Unterlinden, foisonnante production artistique de la fin du Moyen-Âge - Colmar

 


Les nouvelles salles XIVème et XVème siècles du Musée Unterlinden ont été inaugurées le 2 juillet 2022. A la suite d’une vaste campagne de rénovation et d’agrandissement, chantier de quarante-quatre millions d’euros mené durant près de trois ans, l’institution colmarienne avait rouvert ses portes en décembre 2016. Il restait à dévoiler les très attendues premières étapes du parcours muséographique, situées au rez-de-chaussée du cloître. L’ancien couvent des Dominicaines d’Unterlinden vient de dévoiler les deux salles consacrées au XIVème et au XVème siècles. Repensés, réaménagés ces nouveaux espaces du Musée Unterlinden ouvrent un parcours chronologique qui s’étend jusqu’à l’extension développée dans une ancienne piscine et consacrée aux XXème et XXIème siècles. Les œuvres réunies au sein des nouvelles salles XIVème et XVème siècles du Musée Unterlinden témoignent du foisonnement créatif de la fin du Moyen-Âge. Peintures, sculptures, vitraux, objets d’art profanes, retables éclairent la production de cette période. Ce corpus varié souligne l’importance de l’identification régionale liée aux centres de création comme Strasbourg et Colmar. Les espaces inédits donnent à voir sous un jour alternatif certaines œuvres phares des collections, restaurées à l’occasion de cette inauguration, parmi lesquelles le Retable de Stauffenberg, le Retable de Caspar Isenmann.












Les nouvelles salles XIVème et XVème siècles initient le cycle de visite réinventé du Musée Unterlinden. Le premier espace s’attache aux artefacts produits entre 1380 et 1420, en plein essor du « gothique international », phase tardive de l’art gothique. Le mouvement se développe dès la fin du XIVème siècle aux Pays-Bas flamands, en Bourgogne, en Bohême, dans le Nord de l’Italie et se diffuse au début du XVème à travers toute l’Europe. Les grandes cours, Dijon, Milan Paris, Prague, manifestent leur faste économique et culturel par le soutien accordé à la création artistique. Les aristocrates manifestent des goûts communs sous l’influence de la littérature, la représentation de l’esprit courtois. Au service des grandes familles, les artistes itinérants engagent un dialogue ininterrompu sans frontière. Ils partagent des idées esthétiques. Cette situation engendre une certaine difficulté d’attribution lorsque les bordereaux de commande n’ont pas été conservés. 

Le gothique international se traduit par une profusion décorative, une sophistication et une harmonie des formes. La préciosité nouvelle de la courbe s’accorde à une palette chromatique plus vive. L’observation de la nature donne lieu à une diversification de la faune et de la flore. La représentation de la figure humaine emprunte une douceur expressive inédite. La recherche d’élégance se traduit dans l’attention portée aux détails, les étoffes, les drapés, la lumière. Au service d’un récit, ce descriptif minutieux s’inscrit dans la narration, reflet des préoccupations de l’époque. La représentation artistique traduit en image le raffinement culturel mais aussi les violences guerrières, les terribles épidémies.  

Parmi les pièces emblématiques conservées au musée Unterlinden, « La Crucifixion au dominicain » oeuvre caractéristique du début du XVème siècle, est attribuée au peintre strasbourgeois Hermann Schadeberg, actif entre 1399 et 1449. Réalisée vers 1410/1415, elle a été exposée jusqu’au XVIIIème siècle dans la Collégiale Saint Martin. Cette peinture de chevalet de la région du Rhin supérieur se caractérise par des couleurs intenses, l’éclat métallique du fond doré, le foisonnement des détails, la recherche d’élégance dans les proportions humaines allongées. Dernière manifestation d’un art du Moyen-Âge homogène et cosmopolite, le gothique international fait place des styles hétéroclites.










La deuxième salle couvre la période de 1420 à 1470. La période complexe est marquée par l’émergence d’une nouvelle génération d’artistes. En quête de reconnaissance, ils cherchent à manifester leur singularité. Leur production identifiable et documentée s’inscrit dans des courants à l’échelle régionale. Auteur du Retable du Tempelhof de Bergheim (1445/50), le peintre Jost Haller se forme à partir de 1438 à Strasbourg. Il se fait rapidement connaître à Metz et Sarrebruck. Destiné au couvent des Chevaliers de Saint-Jean de Bergheim, le Retable du Tempelhof de Bergheim est exposé dans l’église de la Commanderie. Il intègre le fonds du Musée national en 1793 puis est transféré à la Bibliothèque nationale du district de Colmar avant de rejoindre les collections du Musée Unterlinden à sa création en 1852.

Pièce fascinante des collections du Musée Unterlinden, le retable de Stauffenberg est réalisé de 1454 à 1460 à la demande de Hans Erhard Bock von Stauffenberg pour la Commanderie d’Issenheim par un maître anonyme. La partie centrale et les deux volets du triptyque ont été dissociés pour être exposés dans différents lieux. Les éléments rassemblés au musée ont néanmoins fait l’objet d’une modification radicale. Les différents panneaux peints ont été sciés vers 1860 afin de présenter l’ensemble en même temps. 

Le retable de la Passion du Christ, exécuté par le maître alsacien Caspar Isemmann entre 1462 et 1465, est destiné au maître-autel de la Collégiale Saint Martin. Installé dans le chœur en 1465, il ne le quitte qu’en 1720 à la suite d’un effondrement partiel. Endommagé, le polyptique est déplacé. L’ensemble désormais incomplet est transféré en 1793 dans l’ancien collège des Jésuites devenu Musée national. Il a été restauré à l’occasion de l’ouverture des deux nouvelles salles du Musée Unterlinden.

Nouvelles salles XIVème et XVème siècles

Musée Unterlinden
Place des Unterlinden - 68000 Colmar
Tél : 03 89 20 15 50
Horaires : Ouvert du mercredi au lundi de 9h à 18h - Fermé le mardi



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.