Expo : "Trésors de la collection Al Thani", exposition inaugurale à l'Hôtel de la Marine, espace pérenne dédié à l'une des plus prestigieuses collections d'art privées

 

La Collection Al Thani, l’une des plus prestigieuses collections privées au monde, retrace l’histoire universelle des arts. Les artefacts réunis illustrent par leur diversité et leur virtuosité la portée du génie humain à travers les âges depuis la haute Antiquité jusqu’au début du XXème siècle. Cet ensemble à vocation universalité rassemble des œuvres d’une qualité exceptionnelle. Au premier étage de l’Hôtel de la Marine, le nouvel écrin de quatre-cent-mètres carrés imaginé à la façon d’un cabinet privé princier, accueille une sélection de cent-vingt artefacts parmi les quelques six-mille pièces qui constituent la collection du cheikh Hamad bin Abdullah Al Thani, cousin de l’émir du Qatar et éminent mécène. Ces ensembles présentés selon un principe de transversalité traversent les âges, les lieux, les civilisations. Le partenariat entre le cheikh et le Centre des Monuments Nationaux, avec lequel le prince a fait montre d’une grande générosité, a été coordonné par le Ministère des Affaires étrangères et non par celui de la Culture. L’accord a fixé un bail de vingt-ans, pour un loyer mensuel de 83 300 euros. L’espace parisien dédié à la collection Al Thani a été inauguré le 18 novembre 2021 à l’Hôtel de la Marine.










La collection Al Thani gérée par une fondation privée, Al Thani Collection Foundation a pour vocation la promotion de l’art et des échanges culturels à travers le monde. De nombreux partenariats avec les plus grandes institutions telles que LA Mayer Museum for Islamic Art de Jérusalem ou le Louvre, ont permis d’initier des prêts et des aides financières salvatrices. Le succès des expositions internationales d’envergure, au Grand Palais à Paris, à la Cité Interdite à Beijing, au Metropolitan Museum of Art à New York, au Victoria & Albert Museum à Londres, au Musée de l’Ermitage à Saint-Pétersbourg etc… a suscité le désir d’une implantation pérenne. Le choix de Paris, ville avec laquelle la famille royale du Qatar entretient un lien particulier, s'est imposé spontanément. 

L’Hôtel de la Marine désormais lieu de résidence permanent inscrit la collection Al Thani dans le prolongement d’une tradition patrimoniale, en association avec le Centre des Monuments Nationaux. Amin Jaffer, conservateur de la collection, ancien conservateur au département d’art indien du Victoria & Albert Museum de Londres, ancien expert de la maison de vente Christie’s, a coordonné la présentation des « Trésors de la collection Al Thani ». Les pièces précieuses soulignent l’attachement du prince aux oeuvres rares voire uniques que ses moyens financiers lui permettent d’acquérir. 

Au contact de conseillers artistiques avisés, le cheikh Hamad bin Abdullah Al Thani, collectionneur passionné, développe l’acuité de son regard. Un instinct naturel doublé d’un intérêt pour l’ensemble des civilisations ne se limitant pas aux arts islamiques marque son goût personnel. Durant son enfance, à l’occasion de nombreux séjours en France, il fréquente assidument en compagnie de sa mère le Louvre, Versailles, Fontainebleau, Chantilly. Cet éveil artistique le sensibilise au patrimoine français. 

En 2007, la famille Al Thani acquiert l’Hôtel Lambert, édifié en 1640 par l’architecte Louis Le Vau sur l’île Saint Louis. Le prince supervise lui-même les travaux de rénovation. Il réunit les pièces de mobilier d’exception pour remeubler l’édifice dans un esprit fin XVIIème. La controverse liée à la modernisation de l’édifice, l’ajout d’éléments variés tels qu’ascenseurs, climatisation, garage sous le jardin, est réglée par un accord à l’amiable en 2010 entre le propriétaire de l’Hôtel Lambert et l’association Sauvegarde et mise en valeur du Paris historique. En 2013, un terrible incendie engendre des dégâts irréversibles, détruisant de précieux décors classés. La restauration s’achève en 2018. 













Les espaces du premier étage de l’Hôtel de la Marine, réserves des tapisseries du Garde-Meuble royal, sont dès l’origine dépourvus de décoration. La sobriété contraste ainsi avec le foisonnement des appartements XVIIème et XVIIIème du palais. Cet esprit singulier a été préservé lors de la création des quatre galeries d’exposition. La scénographie épurée, pensée par l’architecte japonais Tsuyoshi Tane du cabinet Atta, marque un refus de pasticher les intérieurs de l’Hôtel de la Marine. Au sol, marbre noir, le calepinage évoque les parquets Versailles. L’atmosphère intimiste se veut propice à la contemplation, assez peu aux photographies - pénombre des salles, surexposition lumineuse des œuvres. 

Les civilisations se croisent et entament un puissant dialogue. Passé et présent se rejoignent par le biais de ces artéfacts provenant des steppes anatoliennes du néolithique, de l’Egypte des pharaons, de l’Amérique précolombienne, de la Chine de la dynastie Han jusqu’au Gabon du XIXème siècle. Les cartels succincts plus descriptifs qu’explicatifs manquent singulièrement de précision quant à l’origine, au parcours de ces œuvres. Devant la splendeur de ces pièces, leur puissance plastique, leurs qualités uniques, émerveillement et saisissement prennent les visiteurs. Il serait facile d’en oublier les polémiques concernant les droits de l’Homme suscitées par l’état du Qatar, autocratie riche de ses ressources en gaz. Efficacité de la diplomatie souterraine et du « soft power ». En France, l’omniprésence du Qatar, dans le domaine du sport, de l’immobilier, de l’industrie et désormais la culture demeure très critiquée.

A l’Hôtel de la Marine, la salle introductive inscrit son propos dans un ample programme, « Une fenêtre ouverte sur les civilisations ». La scénographie, ruissellement d’or et vitrines individuelles, assume pleinement sa dimension spectaculaire. Les feuilles d’acanthe dorées, suspendues à des fils, s’inspirent d’un motif récurent des programmes décoratifs du XVIIème siècle, initié par Alexis Peyrotte, éminent peintre ornementiste du Siècle des Lumières, illustre pour ses singeries, ses chinoiseries, ses fleurs. L’installation n’est pas sans évoquer, Hanging Garden, une oeuvre de Kris Ruhs présentée à la galerie Azzedine Alaïa en 2015 ici.

Ecrin rutilant pour sept chefs-d’œuvre dont la beauté époustouflante, la rareté et la préciosité fascinent : « La contemplatrice d’étoiles » idole en marbre d’Asie Mineure, 3 300 avant JC, tête de pharaon en jaspe rouge XVIIIème dynastie 1550/1292 avant JC, masque pendentif maya en jade, bois, coquille, nacre, obsidienne, 200 à 600 après JC, dans un état de conservation unique, homme-mouflon d’Asie Centrale datée entre 3000 et 2000 avant JC, mystérieuse statuette chamanique dans un alliage cuivreux préservé, ours malicieux de la dynastie Han qui règne sur la Chine de 206 avant JC à 220 après JC.










Le deuxième espace dédié à la thématique « Les visages à travers les âges » se déploie en onze vitrines hautement techniques. Ces prodiges de technologie épargnent les moindres vibrations aux œuvres aussi fragiles que précieuses. Les yeux des onze visages, onze représentations de la figure humaine, ont été alignés selon une ligne horizontale afin de souligner leur présence. La princesse égyptienne d’Amarna en pierre datant de 1351 avant JC côtoie un masque en mosaïque maya, de jade et d’obsidienne, objet de rituel funéraire, remontant à 200 à 600 après JC. Le buste de l’empereur Hadrien, dont la tête en calcédoine du XIIIème siècle a été montée sur un torse de vermeil à la fin du XVIème siècle à Venise, conversent avec une tête reliquaire Fang du Gabon du XIXème. L’effet produit est troublant.

La troisième galerie, lieu d’exposition temporaire, consacre son premier accrochage aux « Chefs-d’œuvre des terres d’Islam ». Parmi ces merveilles de l’arts islamiques, les plus anciennes pièces remontent au califat omeyyade, et les plus récents à l’empire moghol. Des pages de Coran parmi les premières à avoir été calligraphiées sont présentées aux côtés de vaisselles d’apparat, de précieux exemple des arts textiles, mais également des enluminures profanes.

Le dernier espace « Un trésor antique », fait la synthèse des trésors constitués par les empires de l’antiquité au fil d’une longue vitrine ondulante de dix-huit mètres : rhytons - coupe en corne, en forme de corne ou de tête d'animal - sassanides en or et argent, plaque en or du Tibet, pièces mayas en jade… 

A l’Hôtel de la Marine, les expositions temporaires bisannuelles seront complétées par un ensemble d’événements pédagogiques et de symposiums.

Trésors de la collection Al Thani
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Hôtel de la Marine 
2 place de la Concorde - Paris 8
Horaires exceptionnels jusqu'au 14 juillet inclus
Horaires : Ouvert lundi, mercredi, samedi et dimanche de 10h30 à 19h (fermeture de la billetterie à 18h15) - Mardi de 10h30 à 14h - Jeudi de 12h00 à 19h
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Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.