Paris : 14 rue Eugène Flachat, un hôtel particulier signé Charles Girault, une façade de céramique remarquable - XVIIème



Au 14 rue Eugène Flachat, un hôtel particulier édifié en 1895 par Charles Girault (1851-1932), architecte du Petit et du Grand Palais, du tombeau de Pasteur, dresse une belle façade polychrome sur trois étages couronnés d’un auvent. Le revêtement, calepinage en céramique, briques émaillées et cabochons de grès, inscrit le programme décoratif dans une modernité géométrique qui préfigure l’Art déco. Les frises de faïence scandent les étages, alternance de briques vernissées vertes et de briques jaunes. Les motifs soulignent les fenêtres. Ces éléments agrémentent la façade de notes colorées.






En 1860, la commune de Batignolles-Monceaux est rattachée à la ville de Paris. Le quartier de la Plaine Monceau s’urbanise à partir 1870. Il séduit la nouvelle bourgeoisie, les caciques du Second Empire et de la Troisième République, les récentes fortunes des grands industriels, les artistes à la mode, peintres, musiciens, comédiens. La rue Eugène Flachat, baptisée en l’honneur de l’ingénieur en chef de la Compagnie des chemins de fer de l’Ouest, Eugène Flachat (1802-1873), est ouverte par décret le 30 avril 1879 puis raccordée en 1883 avec le boulevard Berthier. Entre 1880 et 1895, les nouveaux propriétaires rivalisent de panache. Ils font édifier des hôtels particuliers dont les architectures contrastées embrassent les tendances esthétiques éclectiques de la fin du XIXème siècle.

La crise de l’immobilier de 1880 à 1884 avait conforté l’austérité des façades selon les stricts principes haussmanniens d’homogénéité. A partir de 1884, le renouveau de la construction à Paris, dont témoigne le lancement de revues telles que « La construction moderne » en 1885, « L’Architecture » en 1888, vient bousculer la trop sage pierre de taille. Deux premiers décrets de libéralisation du règlement d’urbanisme émancipent les architectes d’un certain nombre de contraintes. Le décret du 22 juillet 1882 autorise des saillies sur rue plus importantes et la construction de bow-windows. Celui du 10 juillet 1884 entérine un nouveau mode de calcul du gabarit. 





Les architectes sortent de l’éclectisme Second Empire en expérimentant le potentiel formel des nouvelles techniques, des nouveaux matériaux, le fer, le béton, le gré flammé. Ces expériences plastiques viennent bousculer l’uniformité de l’architecture haussmannienne notamment les structures apparentes, les revêtements colorés, l’emploi des courbes et de l’asymétrie. La période de 1884 à 1902, ère de grande inventivité, marque un retour à la singularité des immeubles.

14 rue Eugène Flachat - Paris 17



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie. 

Bibliographie
Grammaire des immeubles parisiens - Claude Mignot - Parigramme

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