Ailleurs : Musée Gallo-Romain de la Fondation Pierre Gianadda - Martigny - Suisse

 

L’empereur Claude fonde la ville romaine de Forum Claudii Vallensium en Germanie Supérieure vers 47 ap JC, dans le voisinage direct de l’ancien oppidum d’Octodure, bourg celte cité dans « La Guerre des Gaules » (56/57 av JC) de Jules César. Placée sur l’axe majeur reliant Rome à la Gaule et à l’Angleterre, terre de passage et de migration, elle devient la capitale de la Civitas Vallensium. A la fin du IVème siècle, l’agglomération est éclipsée au profit de Sion, qui devient le siège épiscopal de la région au VIème siècle. Dans le canton suisse du Valais, la ville moderne de Martigny digne héritière d’Octodure, perpétue le souvenir des fastes de la période romaine. De nombreux sites archéologiques redécouverts à partir de 1883, date des premières fouilles menées scientifiquement, conservent les traces de ce riche passé. Depuis les années 1970, vestiges d’édifices antiques, publics et privés, ont également affleuré à l’occasion de la construction d’immeubles et des divers aménagements modernes. Les artefacts de grande qualité, tels que les Grands Bronzes d’Octodure, parmi lesquels la célèbre tête de taureau tricorne, sont exposées au sein de la Fondation Pierre Gianadda dans la section réservée au Musée Gallo-Romain. Point de départ pédagogique, l’institution éclaire le parcours Martigny-la-Romaine, de la borne militaire derrière l’Eglise paroissiale, jusqu’à l’amphithéâtre de cinq mille places. La carte des différentes étapes se trouve sur le site de la Fondation Pierre Gianadda ici.











L’histoire du Musée Gallo-Romain de Martigny est intimement liée à celle de la Fondation Pierre Gianadda. En 1973, Léonard Gianadda, ingénieur civil et promoteur immobilier mène, avec son frère Pierre, le projet de la Tour Belvédère le long de la rue du Forum. L’immeuble doit s’élever à l’endroit où se trouve désormais la Fondation. Des éléments forts laissent présager la présence de vestiges gallo-romains d’un intérêt archéologique certain. En 1976, la découverte d’un temple consacré à Mercure confirme l’hypothèse. L’ancien lieu de culte se prolonge le long d’une parcelle voisine par un enclos sacré, le téménos.

Sur les plans originaux de la Tour Belvédère, la surface de terrain bouleversée nécessaire à la construction du parking devait être quatre fois supérieure à celle nécessaire à l’édification de l’immeuble. Afin de préserver les richesses archéologiques, Léonard Gianadda anticipe la création du parc de stationnement qu’il décale sur l’autre rive de la rue du Forum. A l’issu de ces nouvelles excavations, sanctuaire consacré au dieu d'origine orientale Mithra, Mithraeum (fin IIe-IVe s. après J.-C.) est mis au jour.  En 1976, le décès tragique de Pierre Gianadda met fin au projet de la Tour Belvédère. Léonard Gianadda décide de créer en sa mémoire une fondation hommage, consacrée aux arts. Cette nouvelle institution se constitue autour d’un espace d’exposition temporaire, accueillant des événements d’envergure internationale, d’un parc de sculptures du XXème et XXIème siècle  où l’entrepreneur mécène expose ses collections, un Musée Gallo-Roman célébrant Martigny-la-Romaine, ainsi qu’à partir de 1981 d’un musée de l’automobile.

En 1983 à l’occasion de la construction d’une buvette dans les jardins de la fondation, des thermes romains réapparaissent. La Fondation Gianadda édifiée au cœur des vestiges préserve par ses aménagements particuliers sites et vestiges avec un soin minutieux. Le Musée Gallo-Romain rassemble des artefacts découverts exclusivement à Martigny. Les pièces majeures de cette collection proviennent des fouilles entreprises entre 1883 et 1939. La plupart des éléments réunis depuis trente-cinq ans, notamment ceux en provenance du mithraeum, le sanctuaire à visiter en traversant la rue, est issue des chantiers de construction menés à travers la ville.










De nos jours, le Musée Gallo-Romain de la Fondation Gianadda est lié au Canton par un accord d’agrément afin d’assurer une coopération complète. Ce qui n’a pas toujours été le cas. Alors que le projet se développe, le Conseil d’Etat Valaisan refuse le transfert des Grands Bronzes d’Octodure conservés alors à Sion. Lors de l'inauguration du musée Gallo-Romain de la Fondation, des copies occupent la loge qui leur était destinée jusqu’en 1983. A l’occasion du centenaire de la découverte de ces oeuvres prestigieuses et du bimillénaire d’Octodure, Bernard Comby en charge du Département de l’instruction publique et de la culture autorise finalement le transfert des artefacts originaux.  

L’entente avec les Musées Valaisans a permis de renouveler en 2008 la scénographie du Musée Gallo-Romain sous la direction scientifique de l’archéologue cantonal François Wiblé. Cette nouvelle muséographie prend en compte les avancées des recherches historiques et scientifiques ainsi que les progrès techniques. De grands cartels placés entre les piliers qui scandent les différentes sections, introduisent les thématiques spécifiques au territoire. Les vitrines illustrent ces particularités locales propres à l’agglomération. Monnaies, éléments gravés, poteries, céramiques, sculptures, objets rituels, originaires exclusivement de Martigny sont exposés en permanence.


Musée Gallo-Romain 

Fondation Pierre Gianadda 
59 rue du Forum - 1920 Martigny - Suisse
Tél : +41 27 722 39 78
Horaires : Ouvert tous les jours - De juin à novembre de 9 h à 19 h - De novembre à juin de 10 h à 18 h



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.