Expo Ailleurs : Jean-François Fouilhoux : Le Chant de la terre - La Piscine de Roubaix - Jusqu'au 6 février 2022

 

Céramiste d’exception, Jean-François Fouilhoux (né en 1947) sculpte la terre dans un rituel ancestral mythique. Depuis plus de trente ans, il explore l’art et la technique du céladon, émail de tradition chinoise. Sa science lui vaut d’être reconnu comme Maître céramiste en Chine. Auprès de cette matière singulière, expressive et énigmatique, le modeleur s’est fait chimiste. Les nuances du céladon, bleu gris vert, traduisent la sensibilité du céramiste. La lumière, la transparence et l’effet de glacis soulignent une palette chromatique unique, expression de l’oxyde de fer au moment de la cuisson. A l’occasion des Vingt ans de la Piscine de Roubaix, la commissaire Sylvette Botella-Gaudichon a invité Jean-François Fouilhoux. Ces œuvres ont investi les espaces du rez-de-chaussée du bassin. L’exposition « Le Chant de la terre » présente un ensemble de sculptures aux lignes complexes, vives et tourmentées. Le foisonnement des formes traduit un dynamisme particulier. Celui-ci s’inscrit dans la rapidité du geste, art du mouvement, empreinte dans la terre. Le modelé procède d’une tension, processus progressif du surgissement et effets de matière.







Jean-François Fouilhoux grandit à Corbeil-Essonnes. A l’âge de treize ans le céramiste Daniel Cadot, proche de la famille, l’initie au modelage. Cet apprentissage le pousse à intégrer en 1963, l’Ecole des Arts appliqués dont il sort diplômé à l’âge de vingt ans. Sa passion pour le modelage se confirme, tandis qu’il se découvre un don naturel pour la sculpture, et le dessin sous la houlette de Roger Plin. Formé à des disciplines variées, sa vocation de céramiste se précise auprès de Guy Baudat, lors d’un séjour à Gargilesse en Indres.

Sa connaissance particulière des émaux, le pousse à se pencher tout particulièrement sur l’art des anciens maîtres Song (960-1279 après JC), le céladon. En 1969, à la suite d’un cours au sujet de la céramique chinoise, le jeune Jean-François Fouilhoux rend visite à la collection Calmann-Lévy du Musée Guimet. Éperdu d’admiration, il s’éprend d’un vase de l’époque Song orné d’un tigre en relief, un idéal esthétique dont le précieux glacis deviendra une obsession. Il poursuit son étude du céladon dans des livres qui ne lui dispensent qu’un savoir incomplet. 

En 1976, il installe son atelier à Mont-près-Chambord, près de Blois. Les essais se multiplient dans sa quête de perfection. Jean-François Fouilhoux explore les nuances infinies, les tonalités précieuses. Il produit des pièces fonctionnelles, utilitaires pour le Salon des Ateliers d’art et poursuit en parallèle les créations pièces artistiques uniques. Distingué pour les coupes céladon, il reçoit des médailles. En 1981, ses premières expositions solos se déroulent à la galerie Saver et chez Noëlla Gest. Mais il demeure insatisfait.






En 1986, une erreur de pesée joue le rôle d’épiphanie. Jean-François Fouilhoux révise ses principes afin d’obtenir une matière satinée du célèbre « reflet gras », sensorielle et suave, un céladon translucide, profond. Il développe une technique très personnelle et produit des formes d’une grande diversité. Afin d’embrasser pleinement la richesse du vocabulaire plastique, il créé un outil propice à son travail de façonnage, une lame flexible, un centimètre de large, soixante centimètres de long. Cette virgule de métal souple permet de séparer le bloc de terre dans un geste précis associé à l’excavation à l’évidoir. 

Les angles acérés complètent les courbes sensuelles, dramaturgie des lignes épurées. Les formes concaves, coupes, bols, vagues originelles tendent au fil des ans vers l’épure de la ligne calligraphique. Pleins et déliés, courbes et angles, la douceur des surfaces lissées et les craquelures accidentées contrastent dans la profondeur de la matière, mise en opposition, délicat équilibre. Les arêtes, les saillies rythment la réflexion plastique. Les lignes embrassent la puissance du geste. Évidence de la beauté.


Jean-François Fouilhoux : Le Chant de la terre
Jusqu’au 6 février 2022

La Piscine - Musée d'art et d'industrie André Diligent de Roubaix
23 rue de l’Espérance - 59100 Roubaix
Tél : 03 20 69 23 60
Horaires : du mardi au jeudi de 11h à 18h, le vendredi de 11h à 20h, le samedi et le dimanche de 13h à 18h



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.