Céramiste d’exception, Jean-François Fouilhoux (né en 1947) sculpte la terre dans un rituel ancestral mythique. Depuis plus de trente ans, il explore l’art et la technique du céladon, émail de tradition chinoise. Sa science lui vaut d’être reconnu comme Maître céramiste en Chine. Auprès de cette matière singulière, expressive et énigmatique, le modeleur s’est fait chimiste. Les nuances du céladon, bleu gris vert, traduisent la sensibilité du céramiste. La lumière, la transparence et l’effet de glacis soulignent une palette chromatique unique, expression de l’oxyde de fer au moment de la cuisson. A l’occasion des Vingt ans de la Piscine de Roubaix, la commissaire Sylvette Botella-Gaudichon a invité Jean-François Fouilhoux. Ces œuvres ont investi les espaces du rez-de-chaussée du bassin. L’exposition « Le Chant de la terre » présente un ensemble de sculptures aux lignes complexes, vives et tourmentées. Le foisonnement des formes traduit un dynamisme particulier. Celui-ci s’inscrit dans la rapidité du geste, art du mouvement, empreinte dans la terre. Le modelé procède d’une tension, processus progressif du surgissement et effets de matière.
En 1986, une erreur de pesée joue le rôle d’épiphanie. Jean-François Fouilhoux révise ses principes afin d’obtenir une matière satinée du célèbre « reflet gras », sensorielle et suave, un céladon translucide, profond. Il développe une technique très personnelle et produit des formes d’une grande diversité. Afin d’embrasser pleinement la richesse du vocabulaire plastique, il créé un outil propice à son travail de façonnage, une lame flexible, un centimètre de large, soixante centimètres de long. Cette virgule de métal souple permet de séparer le bloc de terre dans un geste précis associé à l’excavation à l’évidoir.
Les angles acérés complètent les courbes sensuelles, dramaturgie des lignes épurées. Les formes concaves, coupes, bols, vagues originelles tendent au fil des ans vers l’épure de la ligne calligraphique. Pleins et déliés, courbes et angles, la douceur des surfaces lissées et les craquelures accidentées contrastent dans la profondeur de la matière, mise en opposition, délicat équilibre. Les arêtes, les saillies rythment la réflexion plastique. Les lignes embrassent la puissance du geste. Évidence de la beauté.
Jean-François Fouilhoux : Le Chant de la terre
Jusqu’au 6 février 2022
Enregistrer un commentaire