La Fondation Pierre Gianadda, à Martigny en Suisse romande, accueille en son sein l’un des plus beaux parcs de sculptures d’Europe. Propices à la flânerie, les jardins de l’institution muséale ont été aménagés avec fougue et passion. Le parcours embrasse un panorama étendu de la sculpture du XXème siècle, ses artistes les plus emblématiques, de Rodin et Bourdelle jusqu’à Indiana et de Kooning. Cette collection permanente unique ouvre un dialogue fascinant entre la nature et les créations des maîtres de la modernité. La conversation intime, à découvrir au fil de la promenade en quarante-sept chefs-d’œuvre, raconte en filigrane l’histoire même de la Fondation Pierre Gianadda, celle d’un homme plus grand que nature, Léonard Gianadda. Ingénieur de formation, promoteur immobilier, mécène et collectionneur, membre distingué de l’Académie des beaux-arts de Paris depuis 2003, ce philanthrope bâtisseur dans l’âme a imaginé le parc de sculptures comme une invitation à la contemplation. Il dit l’invention d’une collection entre coups de cœur, appréciation savante, flair du collectionneur, instinct de l’homme d’affaires avisé mais également les bons conseils d’un réseau de spécialistes devenus au fil du temps ses amis.
Aristide Maillol |
Constantin Brancusi et Alexander Calder |
Alexander Calder |
César |
Henry Moore |
Jean-Pierre Raynaud |
Dès les années 1950, Léonard Gianadda se prend de passion pour la sculpture à la suite d’une série de voyages en Italie. Il acquiert son premier Rodin en 1973. Depuis plus de quarante ans, il parcourt le monde pour compléter une collection unique, sélection de pièces d’une grande élégance, significatives dans le parcours, la carrière des artistes qu’elles représentent. La Fondation Pierre Gianadda est inaugurée en 1978 à Martigny, sa ville natale, en mémoire de son frère précocement disparu dans un accident deux ans plus tôt. Au cœur des montagnes suisses, dans le canton du Valais, haute vallée du Rhône, la coquette bourgade, antique cité d’Octodure, proche de la Riviera du lac Léman est reliée à la vallée de Chamonix par le train du Mont-Blanc, et une quarantaine de kilomètres par la route. La Fondation Pierre Gianadda déploie chaque année de remarquables expositions d’envergure internationale. La qualité des propositions, le prestige des événements mettant à l’honneur peinture, sculpture mais également musique avec des concerts et des récitals de tout premier ordre, ont rendu cet espace culturel incontournable.
Le jardin de la Fondation Pierre Gianadda, véritable musée en plein air ponctué de vestiges gallo-romains, illustre puissamment l’évolution de la pratique artistique et la réflexion sur la représentation des œuvres. Dans les années 1950, l’abstraction, dans un désir d’investir l’espace, fait l’impasse sur le socle de la statuaire classique. La lignée novatrice des plasticiens quitte l’atelier. Dès les années 1960, les artistes s’échappent des circuits traditionnels pour se placer au cœur de leurs préoccupations, la ville et la nature. Aux Etats-Unis, le Land Art requalifie le paysage moderne et industriel comme nouveau territoire sensible. A la même période, en Europe, les grands jardins hérités de l’idéal classique renaissent sous l’intérêt renouvelé des artistes et des collectionneurs. Ces lieux d’expression de l’art contemporain suggèrent le déplacement du corps et du regard dans une interaction alternative qui sollicite l’imaginaire. Ils confrontent l’espace et la nature à l’expression de la contemporanéité plastique. Le rapport à l’environnement redéfini ouvre le champ des possibles.
Bernar Venet |
Willem de Kooning |
Aloïs Dubach |
Antoni Tàpies |
Rudolph Blätter |
Albert Rouiller |
Jean Arp |
La sculpture tient, depuis les origines, une place toute particulière dans les collections de Léonard Gianadda. Lors de la création de la Fondation, le bâtiment est entouré d’un terrain de sept mille mètres carrés, décor magnifique, vignes d’un côté, vergers d’abricotiers de l’autre. Il est déjà question d’agrandir l'espace vert attenant au musée.
A la fin des années 1980, la Fondation Pierre Gianadda envisage une rétrospective Henry Moore dans les jardins. L’institut qui gère l’héritage du sculpteur britannique estime les jardins sont trop étroits. En 1989, à la suite d’une première série d’aménagements aussi efficaces que rapides, l’exposition peut être montée. C’est un succès. Dès lors, convaincu du potentiel de cet espace en plein air, Léonard Gianadda lance un programme d’agrandissement du parc. En parallèle, il mène un projet personnel d’implantation d’œuvres d’artistes suisses sur les ronds-points de la ville de Martigny. L’art s’inscrit naturellement dans le paysage quotidien et marque profondément l’identité de l’ancienne cité antique.
Alicia Penalba |
Robert Indiana |
Jean Dubuffet |
Henri Laurens |
Roland Cognet |
Marino Marini |
Germaine Richier |
Pol Bury |
En 1991, une exposition événement sur le thème de la sculpture suisse dans les jardins de la Fondation Pierre Gianadda attire l’attention sur le développement heureux du parc. L’année suivante, l’institution consacre une monographie à l’artiste franco-suisse Antoine Poncet qui investit les jardins de ses silhouettes gracieuses.
Les acquisitions de la Fondation Pierre Gianadda manifestent une volonté d’ouverture sur l’international. Progressivement réunies à l’occasion des expositions éphémères, des artistes mis à l’honneur, Auguste Rodin, Henry Moore, Jean Dubuffet, Alicia Penalba, les sculptures forment désormais un ensemble d’une cinquantaine d’oeuvre. La collection illustre la variété des productions, les différents pays, les matériaux, bronze, pierre, marbre, acier, les styles figuratifs, abstraits. Placé sur la pelouse centrale, « Le Grand Coq IV » de Constantin Brancusi, profil d’acier acéré reflétant la lumière, puissance et dynamisme, est l’une des premières pièces fondatrices.
Henri Etienne-Martin |
Max Bill |
Antoine Poncet |
Max Ernst |
Arman |
Alicia Penalba |
François Stahly |
Les agrandissements successifs du parc, les aménagements réalisés avec soin, confèrent à ces jardins le statut d’oeuvre paysagère à part entière. Plans d’eau et vallonnements célèbrent les forces telluriques, créatrices des Alpes Valaisannes. Le parcours planté d’essences rares ou plus répandues, abricotiers, cerisiers, figuiers, signale la présence des individus remarquables par des cartels.
Le Parc de sculptures, exposition pérenne, collection permanente toute entière déployée, invite à un jeu de cache-cache avec les œuvres habilement disposées de sorte à créer une respiration. Les pièces importantes aux yeux de Léonard Gianadda, sélection très personnelle, Mirò, Calder, César, Richier, Maillol, ponctuent l’itinéraire champêtre à vocation encyclopédique. Le pouce de César, donation de Daniel Marchesseau en mémoire d’André Fourquet disparu en 2001, un exemplaire du célèbre LOVE de Robert Indiana acheté aux enchères en 2013.
Eduardo Chillida |
Joan Mirò et César |
Pierre-Auguste Renoir et Richard Guino |
Jean Ipoustéguy |
Antoine Bourdelle |
Marc Chagall |
Auguste Rodin |
Auguste Rodin |
Ouvert toute l’année, le parc célèbre la beauté de la nature, charme de la lumière changeante, petits matins frais de l’automne, chaudes soirées d’été, expérience des sens. La splendeur de Gaïa et le génie humain cohabitent dans un écrin prestigieux, expérience joyeuse d’un plaisir renouvelé à chaque saison. Lieu de promenade, le jardin de sculptures de la Fondation Pierre Gianadda propose d’aller à la rencontre des œuvres le temps d’instants privilégiés. L’art y interroge l’environnement dans un mouvement passionnant.
Parc de sculptures de la Fondation Pierre Gianadda
Accès libre
Horaires : Ouvert toute l'année - De novembre à juin de 10h à 18h - De juin à novembre de 9h à 19h et jusqu'à 22 heures en été, par beau temps
Fondation Pierre Gianadda
59 rue du Forum - 1920 Martigny - Suisse
Tél : +41 27 722 39 78
Horaires : Ouvert tous les jours - De juin à novembre de 9 h à 19 h - De novembre à juin de 10 h à 18 h
Sculptures de Roland Cognet, Arman, François-Xavier Lalanne, Germaine Richier, Jean Arp, Aloïs Dubach, Henri Laurens, Auguste Rodin, Max Bill, Jean Dubuffet, Aristide Maillol, Albert Rouiller, Rudolf Blättler, Elisheva Engel, Marino Marini, Niki de Saint Phalle, Antoine Bourdelle, Hans Erni, Henri Etienne-Martin, George Segal, Constantin Brancusi, Max Ernst, Joan Miró, François Stahly, Pol Bury, Richard Guino, Henry Moore, Sam Szafran, Alexander Calder, Robert Indiana, Alicia Penalba, Antoni Tàpies, César, Jean Ipoustéguy, Antoine Poncet, André Tommasini, Marc Chagall, Willem de Kooning, Jean-Pierre Raynaud, Bernar Venet, Eduardo Chillida, Claude Lalanne, Pierre-Auguste Renoir
Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.
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