Cinéma : Tonton Manu, un documentaire de Thierry Dechilly et Patrick Puzenat



Thierry Dechilly et Patrick Puzenat rendent hommage au musicien Manu Dibango, saxophoniste, orchestrateur de renommée internationale, disparu le 24 mars 2020 des suites de la Covid. Le tournage débute en décembre 2013 à l’occasion du quatre-vingtième anniversaire de « Papa Groove », célébré à l’Olympia en compagnie de ses amis. Les deux réalisateurs se laissent saisir par l’imprévu d’une aventure cinématographique, épopée impromptue autour d’un documentaire. La réflexion sur la forme et l’intention du film les pousse à se détacher du schéma classique des archives illustratives pour saisir les confidences au gré des rencontres, des déplacements. Ils posent la caméra afin que les images témoignent, captant la sincérité des émotions grâce au lien noué, à la confiance mutuelle qui s’établit.





Durant cinq ans, Thierry Dechilly et Patrick Puzenat vont suivre Manu Dibango autour du monde, de Londres à Rio, de New York à Kinshasa, de Paris à Abidjan. Infatigable passeur de culture, la figure profondément humaine se dessine en surimpression, personnage attachant, octogénaire énergique qui ne cesse d’aller de l’avant. Le film dresse le portrait d’un artiste unique, d’un être humain exceptionnel, un citoyen du monde engagé. Il met sa notoriété au service de ses convictions. Il oeuvre pour l’éducation et le partage. Ambassadeur de l’African jazz, de l’Afrique et de la francophonie, Manu Dibango vit pour la musique dans laquelle il trouve un langage universel. Il met son succès planétaire au service d’un engagement culturel.

Le documentaire convoque la mémoire d’une vie palpitante. La puissance d’évocation des confidences donne à mieux comprendre le cheminement artistique. Le film éclaire l’héritage musical de Manu Dibango à la lumière de ce son parcours. Il y l’enfance au Cameroun, la découverte de la musique sur les bancs de l’église du Douala. Et puis en 1949, Manu Dibango est scolarisé à Saint-Calais dans la Sarthe. Adolescent, il découvre le jazz dans les clubs parisiens. Puis ce sera les Etats-Unis. En 1972, il est remarqué à l’Apollo Theater à Harlem. Le morceau "Soul Mokassa" le révèle à un large public. Il accède à une renommée internationale. Chef d’orchestre pour la Radio-télévision ivoirienne en 1976, Abidjan le met à l’honneur. En 1982, Michael Jackson utilise un sample de "Soul Makossa", dans le titre "Wanna be startin’ something". Une reprise sans autorisation qui créé la controverse. Un accord financier à l’amiable est finalement trouvé.





Le documentaire, porté par la musique et les sessions live, bat au rythme de la pulsation intime, la personnalité lumineuse de Manu Dibango, son charisme, son charme. La diversité des entretiens souligne avec émotion, l’immense respect que l’artiste inspire. Yannick Noah, Charlélie Couture, Ray Léma, Courtney Pine, Omar Sosa, Wally Badarou témoignent de leur attachement dans de très beaux moments de vérité teintés de nostalgie. Si la pandémie n’a pas permis d’honorer la mémoire de Manu Dibango à la mesure de son aura et de son talent, le film et la réédition d’un disque rare « Afrovision » paru en 1976 marquent les premières étapes d'un hommage international.

Tonton Manu
Documentaire de Thierry Dechilly et Patrick Puzenat
Sortie le 20 octobre 2021



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.