Expo Ailleurs : Forever MIAM - Musée International des Arts Modestes - Sète - Jusqu'au 9 janvier 2022

 

Le MIAM, musée international des arts modestes, célèbre ses vingt ans par au fil de deux expositions événements "Psychédélices" et "Forever MIAM". L’institution culturelle anticonformiste, fondée en 2000 par Hervé Di Rosa et Bernard Belluc, collectionneurs compulsifs, est née d’une passion commune pour l’accumulation. Dans l’ancien chai sétois réhabilité sous la houlette de l’architecte Patrick Bouchain, le MIAM illustre leur goût pour la transversalité, leur désir de dépasser la notion étroite d’art officiel pour mieux explorer les territoires de l’imaginaire. Cette ode à la fantaisie efface la frontière entre les différentes formes d’expression créatrices pour ne retenir qu’un point commun : la main de l’homme, celle de l’ouvrier, de l’artisan, de l’artiste. "Forever Miam" retrace deux décennies au service des arts modestes, une aventure exceptionnelle, dont la programmation aura suivi six-cents artistes, déployé quarante-cinq expositions et cinquante catalogues. Le parcours proposé jusqu’en janvier prochain offre une sélection pointue et ludique d’objets issus des collections du musée. 











Haute en couleurs, décalée, populaire, singulière, l’épopée des arts modestes débute dans les années 1980, avec un mot d’enfant à la sortie du musée d’Art moderne qui devient au gré d’un joli lapsus « musée des arts modestes ». Hervé Di Rosa, enchanté par ce vocable délicieux, s’en empare afin de réhabiliter une forme d’expression créative appartenant au quotidien mais marginalisée car pas reconnue en tant que telle. Il sera le chanter des arts modestes, concept inclusif et sans frontières, celui par qui ils s’ancreront officiellement sur la scène contemporaine.

La rétrospective « Forever Miam » évoque vingt ans d’une programmation expérimentale, joyeuse, iconoclaste au service d’une vision alternative. Françoise Adamsbaum, directrice du musée, assistée de Sylvie Côte, a assuré le commissariat d’exposition. La notion d’art modeste entend étendre les perspectives jusqu’à la périphérie de la création. Art contemporain, pop, underground, art brut, arts populaires, arts commerciaux, la publicité, le graphisme, l’artisanat, le MIAM croise les genres et les styles. 

Le panorama d’objets de toute sorte, artefacts de la société de consommation - bibelots familiers du quotidien, babioles improbables, emballages, jouets, accessoires, objets publicitaires - témoigne de l’évolution de la société, véritable voyage mémoriel. L’amoncellement de ces éléments fait écho au parcours personnel d’Hervé Di Rosa et de Bernard Belluc, véritable source d’inspiration, de vitalité. A travers les collections du MIAM, les fondateurs ont souhaité rendre hommage aux anonymes, les designers de paquet de biscuits, les ouvriers qui façonnent chaque jour des jouets en série, les artisans acteurs de la culture populaire, les dessinateurs de bande-dessinée, les graphistes de la publicité, les illustrateurs en tout genre.

A l’occasion de « Forever MIAM », Hervé Di Rosa a imaginé le SURMIAM, une vitrine composée de quatre modules de bois, formant l’acronyme MIAM. Sur les étagères sont exposées des objets iconiques d’évènements passés, figurines en papier mâchée mexicaines, Alebrijes, oeuvre de l’artiste espagnole Pilar Albarracin, église en allumettes réalisée par un détenu dans les années 1960-70, céramiques de Vallauris, emballages d’orange, collection de jouets offerte au musée par le peintre François Boisrond en 2000.










Sur le mur qui mène aux espaces d’exposition, un ensemble d’affiches des événements passés rappelle le foisonnement des propositions, mosaïque coloré : en 2001, l’exposition dédiée aux objets kitsch à la gloire d’Elvis Presley, en 2002 celle consacrée aux affiches de cinéma ghanéenne, en 2005 la mise à l’honneur des sculptures de sucre, en 2010 l’hommage à la création contemporaine caribéenne. Hervé Di Rosa a composé à l’occasion des cartes inédites des « Territoires de l’art », mappemondes des arts modestes qui convoquent les notions, Art visuel, Art de la fête, Art de la rue, Art de la table, jouent à rebaptiser les montagnes dont les sommets Carnaval, Cirque, Maison de Bernard Belluc forment autant de pics ironiques. Une vidéo réalisée par le fil d’Hervé Di Rosa, Vincent, retrace l’histoire du MIAM à travers des entretiens menés avec des artistes, tel que le réalisateur canadien Guy Maddin. Le film fait un clin d’œil émouvant à Christophe Salengro regretté président de Groland. Il est porteur d’une parole libérée autour des collections, qu’extraits de concerts, images de fêtes et réflexions inspirées sur la place de l’art viennent compléter. 

Au deuxième étage du musée, les collections conjointes de Bernard Belluc et Hervé Di Rosa, mises en scène dans des vitrines forment le cœur battant du MIAM. Cet inventaire cocasse autant qu’hétéroclite a été réagencé à l’occasion de l’anniversaire. Mémoire du quotidien, nostalgie, l’accumulation vertigineuse des objets souligne une attention portée aux détails, aux formes, aux couleurs.

Afin de fêter les vingt ans du musée en musique, art inscrit dans son ADN, L’Hymne du MIAM a été réédité sur vinyle 45T, réalisé par Patrick Chenière alias Général Alcazar et Pascal Comelade, pochette dessinée par Hervé Di Rosa. Un livre, bible des arts modestes, épais volume compilant des textes de Pierre-Jean Galdin, Michel Gauthier ou encore Catherine Millet, a également été publié. Le MIAM fait l’objet d’un projet d’agrandissement. Son déménagement serait prévu en 2026.

Forever MIAM
Jusqu’au 9 janvier 2022


MIAM, musée international des arts modestes
23 quai du Maréchal de Lattre de Tassigny - 34200 Sète
Tél : 33 (0) 4 99 04 76 44
Horaires :
- 1er avril - 30 septembre :
Tous les jours de 9h30h à 19h00
Visites guidées du lundi au vendredi à 14h30 et à 16h00, groupes sur réservation
- 1er octobre - 31 mars :
Tous les jours sauf lundi de 9h30 à 12h et de 14h à 18h
Visites guidées (minimum 10 personnes) sur réservation
- Fermetures annuelles :
1er janvier, 1er mai, 1er novembre et 25 décembre



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.