Ailleurs : Salle Salah Stétié, la donation d'un poète amoureux des arts au Musée Paul Valéry - Sète



La salle Salah Stétié (1929-2020) du musée Paul Valéry, consacrée à la donation consentie de son vivant, par le poète et diplomate libanais, a été inaugurée le 9 décembre 2017. Le fonds rassemble près de soixante-dix œuvres, peintures, dessins, photographies, sculptures, quatorze manuscrits ainsi que cent-quatre-vingt-sept livres, fruits de prolifiques collaborations avec de nombreux artistes. Quatre-vingt-huit plasticiens, photographes et calligraphes sont représentés par le biais de leur travail. Poète, écrivain, critique d’art, diplomate, proche de Pablo Picasso, Max Ernst, Pierre Alechinsky, Maria Helena Vieira da Silva, Zao Wou-ki, Salah Stétié s’associe avec des plasticiens dans des aventures bibliophiles, des livres qui opèrent la synthèse des arts. La donation Salah Stétié intervient peu de temps après l’exposition « Salah Stétié et les peintres » au Musée Paul Valéry, qui s’est achevée en 2013. La générosité de ce geste met en lumière les relations intenses de l’homme de lettres avec la ville de Sète. Il a longtemps été président d’honneur de « Voix Vives », le festival de poésie sétois. Ce passeur d’images, de culture, lançait des ponts des ponts entre les deux rives de la Méditerranée dans l’espoir de nourrir les liens fraternels entre les hommes.











Au Musée Paul Valéry, les pièces de la donation Salah Stétié sont présentées en alternance dans un espace personnalisé. L’ensemble a été réuni tout au long d’une vie dédiée à l’écriture, près de cinquante années durant lesquels le poète n’a cessé d’œuvrer en ami des arts auxquels il a consacré de nombreux essais et textes critiques. Le fonds illustre une démarche de collectionneur, la passion de Salah Stétié pour les manifestations plastiques de la création, pilier essentiel de son existence. La donation rend compte de l’évolution de ses goûts, des nouvelles rencontres et des liens d’amitié noués. Elle éclaire la relation entre sa pratique personnelle, la poésie et les mots, et celui de ses proches, peintres comme sculpteurs. 

Salah Stétié, poète libanais a choisi d’écrire en français. Sa puissante oeuvre syncrétique embrasse dans un même mouvement lyrique Orient et Occident, dialogue entre les cultures. Sous ses mots porteurs d’unité, les racines spirituelles du monde arabe et la littérature française trouvent un langage commun. Il concilie les Méditerranées plurielles, espace de rencontres, creuset des civilisations. Salah Stétié nait en 1929 à Beyrouth, dans une famille de la bourgeoisie sunnite. Le Liban est alors placé sous mandat français. A l’Ecole supérieure des lettres à Beyrouth, il devient l’élève de l’écrivain Gabriel Bounoure (1886-1969) et rencontre l’écrivain et dramaturge Georges Schéhadé (1905-1989). 

En 1950, Salah Stétié poursuit des études à la Sorbonne. A Paris il se lie avec Louis Massignon, Pierre Jean Rouve, Yves Bonnefoy. Il collabore à la revue « Les lettres nouvelles » fondée en 1953 par Maurice Nadeau (1911-2013) et Maurice Saillet (1914-1990). De retour au Liban en 1955, il s’oriente à partir de 1960, vers une carrière diplomatique. Il devient Délégué permanent du Liban auprès de l’Unesco et tient un rôle majeur dans le sauvetage des monuments de Nubie lors de la construction du barrage d’Assouan. Ambassadeur du Liban au Pays-Bas et au Maroc, jusqu’en 1992, il prend sa retraite en France. En 1995, Salah Stétié est distinguée pour l’ensemble de son oeuvre par le Grand Prix de la Francophonie décerné par l’Académie française.











L’oeuvre poétique de Salah Stétié semble se prolonger dans son travail de traduction des poètes arabes, tels que Khalil Gibran et la poétesse soufie Râbo’a al-Adawiyya. Il noue des amitiés fortes avec certaines des plus grandes plumes du XXème siècle, Georges Schéhadé, Adonis, René Char, Pierre Jean Jouve, Yves Bonnefoy. Au croisement des pratiques, il initie de riches collaborations avec les peintres de la modernité, Raoul Ubac (1910-1985), Pierre Alechinsky (né en 1927), Ladislas Kijno (1921-2012), Antoni Tapiès (1923-2012), Gérard Titus-Carmel (né en 1942), Zao Wou-Ki (1920-2013), Jan Voss (né en 1936), Claude Viallat (né en 1936), Albert Woda (né en 1955), Farid Belkahia (1934-2014). Les livres d’artistes forment le socle de ces entreprises esthétiques. Salah Stétié signe six ouvrages avec Pierre Alechinsky, six avec Julius Balthazar (né en 1949), sept avec Catherine Bolle (née en 1956), onze avec Jacques Clauzel (né en 1941), sept avec Mireille Brunet Jailly, cinq avec Joël Leick (né en 1961)

Il fait appel à d’illustres calligraphes Mohamed Saïd Saggar (1934-2014), Ghani Alani (né en 1937), Hassan Massoudy (né en 1944), Nja Mahdaoui (né en 1937). Dans les années 2000, les peintres Jean Capdeville (1917-2011), Colette Deblé (née en 1944), Rachid Koraichi (né en 1947), Kang Myonghi (née en 1947), Mahmoud Zende (né en 1943), Claude Bellegarde (1927-2019), Marjolaine Pigeon (née en 1977), Tony Soulié (né en 1955) ou encore le photographe Pierre Devin (né en 1946), la graveuse Christiane Vielle (né en 1950), le sculpteur Jephan de Villiers (né en 1940) contribuent à ce processus créatif.

Salle Salah Stétié
Musée Paul Valéry 
148 rue François Desnoyer - 34200 Sète
Tél : 04 99 04 70 00
Horaires : Du 1er avril au 31 octobre, ouvert tous les jours de 9h30 à 19h - Du 4 novembre au 31 mars, ouvert tous les jours, sauf le lundi de 10h à 18h
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Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.