Cinéma VOD : Les Beaux jours, de Marion Vernoux - Disponible sur Arte.TV jusqu'au 18 mai 2021



Caroline était dentiste dans une petite ville du Nord de la France. Marquée par la disparition de sa meilleure amie, elle a pris sa retraite un peu plus tôt que prévu. Philippe son mari, dentiste également, continue quant à lui à exercer. Depuis trois mois, Caroline tente de réinventer seule son quotidien et de remplir son emploi du temps sans activité professionnelle. Ses filles pensant lui faire plaisir et la désennuyer, bonne intention perfide, lui ont offert un abonnement dans un club du troisième âge, Les Beaux Jours, qui propose des ateliers de porterie, des cours de yoga, de théâtre. Réticente, Caroline ne se voit aucun point commun avec les membres du club. Lorsqu’elle fait la connaissance de Julien, le prof d’informatique, la trentaine, elle est troublée. D’autant que ce séducteur se montre très sensible au charme de la jeune sexagénaire. Ils deviennent amants. Pourtant Caroline aime toujours son mari avec lequel elle partage beaucoup de tendresse et une belle complicité. Cette liaison qu’elle sait sans lendemain, cette transgression de femme libre, lui redonne la joie de vivre et le goût de la spontanéité.







Adaptation sensible d’un roman de Fanny Chesnel, « Une jeune fille aux cheveux blancs », cette comédie douce-amère aborde le tabou de l’âge et du désir. A travers la trajectoire intime d’un beau personnage de femme réfractaire aux compromis, Marion Vernoux, la réalisatrice, nous parle du temps qui passe et du refus d’abdiquer. Fanny Ardant, irrésistible et mélancolique, prête ses traits à Caroline, libre, amoureuse, complexe et ambiguë. 

Engoncée dans l’ennui d’un petit monde trop étriqué pour elle, frappée par une solitude soudaine, elle soigne son spleen par une aventure avec un homme qui a l’âge d’être son fils. Tout en demeurant très lucide au sujet de cette relation.  Elle se sent frondeuse et prend le risque de miser sur l’inconnu à rebours du conformisme ambiant. Caroline refuse de renoncer à ses désirs pour endosser le rôle de grand-mère dans lequel la société voudrait l’enfermer. Les assignations liées à l’âge, les diktats du jeunisme, elle n’en a cure. Et les règles bourgeoises, les convenances bienpensantes, elle les fait voler en éclats.





Dans un décor naturel, belle lumière de la Mer du Nord, port de Dunkerque et longues plages glacées, Marion Vernoux raconte les voies de l’émancipation. La cinéaste filme avec empathie et tendresse la rencontre improbable entre Caroline et Julien, la naissance d’un désir qui n’a pas d’âge. Elle saisit les gestes, les rires, les regards échangés, l’élégance intemporelle de Fanny Ardant, son charme altier. 

Mal fagoté, barbiche abominable, Laurent Lafitte campe le personnage Julien, rôle un peu ingrat qui manque de charisme et de mystère. Ce que Caroline lui trouve demeure une énigme, comme si l’adultère finalement n’était qu’un passe-temps à l’instar de l’atelier poterie. Une énigme d’autant plus que son mari incarné par Patrick Chesnais paraît bien plus intéressant. Usure du couple malgré la complicité, affadissement des sentiments. Un film de retraités d'une tendre fraîcheur, doucement mélancolique.

Les Beaux Jours, de Marion Vernoux 
Avec Fanny Ardant, Laurent Lafitte, Patrick Chesnais, Fanny Cottençon, Jean-François Stévenin, Féodor Atkine
Sortie le 19 juin 2013
Disponible sur Arte.TV jusqu’au 18 mai 2021



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.