Ailleurs : Aubusson, découverte de la vieille ville en 15 étapes de charme, patrimoine historique et culturel de la Capitale de la Tapisserie


Aubusson, labellisée « Plus beau détour de France », est célébrée à travers le monde pour la remarquable qualité de ses tapisseries dont la réputation perdure depuis six siècles. Au cœur du Limousin, ancienne province de la Marche, sous-préfecture de la Creuse, cette jolie cité est habitée depuis l’époque gallo-romaine. Dans une région préservée, dont le Parc Naturel de Millevaches en Limousin est le joyau, les bâtisseurs de la ville ont su tiré profit d’une situation géographique particulière. Collines escarpées, rivière tumultueuse, Aubusson est enserrée dans un écrin défensif naturel recouvert d’une attrayante verdure. Le patrimoine architectural de la Capitale de la Tapisserie témoigne de son riche passé. La vieille ville aux ruelles étroites forme un cœur historique au charme unique. Les venelles sinueuses invitent à la flânerie, dont le parcours est ponctué de maisons médiévales et Renaissance en granit, de jardins en terrasse. Depuis la Tour de l’Horloge, vestiges des anciennes fortifications, le panorama spectaculaire vient souligner le tracé de la rivière Creuse dont les méandres ont marqué l’urbanisation. Sous la vigilance d’un châtelet, le pont de la Terrade enjambe les flots capricieux. Sur les hauteurs, les ruines du château médiéval des vicomtes d’Aubusson préservent leurs mystères. La Cité internationale de la tapisserie d’Aubusson, inaugurée en 2016 veille, sur la préservation et le rayonnement de cet artisanat d’art. 



Fontaine remarquable - place Général Espagne

Maison à pans de bois et encorbellement - Grande-rue




Hôtel de Ville



Savoir-faire classé au Patrimoine culturel immatériel de l’Unesco depuis 2009, la tapisserie fait valoir sa prestigieuse hégémonie à travers toute la ville d’Aubusson. Galeries, manufactures et ateliers contemporains témoignent du dynamisme de cet artisanat vivant dont la tradition perdure depuis six siècles. Venu de Flandre au XIVème siècle, l’art de la tapisserie s’est durablement implanté au cours du XVème siècle dans la Creuse et plus particulièrement à Felletin, Aubusson et Bellegarde-en-Marche. En 1665, Louis XIV, sous l’influence de Jean-Baptiste Colbert, créé la Manufacture royale d’Aubusson dont la réalité matérielle originale diffère du concept industriel. Elle se compose d’un ensemble d’ateliers antérieurs désormais récipiendaires du label royal. La réputation de cette institution dépasse les frontières. Les termes « tapisserie d’Aubusson » deviennent l’appellation générique des productions de la région. 

Au XIXème siècle, le manque de créativité et des tendances esthétiques d’imitation de la peinture contraires à la nature esthétique originelle de la tapisserie font lentement péricliter la pratique tandis que les amateurs s’en détournent. Sous l’impulsion de Jean Lurçat, elle connaît un renouveau à partir des années 1940. Les peintres modernes renouvèlent l’esprit de la création. Des oeuvres d’artistes comme Georges Braque, Le Corbusier, Louis Toffoli sont retranscrites en tapisserie. De nos jours à Aubusson, la filière locale demeure très active grâce notamment aux projets et interventions de la Cité internationale de la tapisserie d’Aubusson. Musée, centre de formation et de préservation des savoir-faire, cette institution soutient la chaîne des métiers de la tapisserie, filateur, teinturier, peintre cartonnier, lissier, restaurateur. L’architecture de la vieille ville d’Aubusson illustre cette longue histoire. A chaque pas, les anecdotes et les grandes dates ressurgissent. 

1/ Le Chapitre, château-fort médiéval des vicomtes d'Aubusson

Inscrites au titre des monuments historiques en 1964, les ruines du château surplombent la ville. Construit entre les Xe et XIIIe siècles par les seigneurs de la région, il a subi des transformations drastiques au XVème siècle. Sa destruction, commanditée en 1632 par Richelieu, avait pour objectif de priver les Huguenots de moyen de résistance militaire. Le site a servi de carrière aux habitants d’Aubusson. De nombreuses maisons anciennes et monuments ont été édifiées en réutilisant les matériaux notamment la Maison des Vallenet et le Pont de la Terrade. Du château originel, il demeure des ruines mélancoliques, un pan de donjon rectangulaire, la muraille attenante et la base de la tour carrée du XIIIe siècle.

2/ Fontaine remarquable - 9 Place Général Espagne

Inscrite aux monuments historiques par arrêté du 15 juin 1926, cette fontaine a été cédée à la ville d’Aubusson par les chanoines de Notre-Dame du Mont. Sa vasque a été identifiée comme une cuve baptismale provenant de l'abbaye de Moutier-Rozeille. 

3/ Maison à pans de bois et encorbellement - 102 Grande-Rue

Cette coquette maison, parasitée par la succursale d'une société d'assurance, attire l’œil par ses caractéristiques architecturales, pans de bois assemblés en croix de Saint-André entre jambages et sablières, premier étage en fort encorbellement, pignon en bois mouluré. Dans une niche discrète, une Vierge veille sur les passants. Façades et toitures ont été inscrits aux Monuments historiques par arrêté du 26 avril 196.

4/ L'ancien Hôtel de Ville de style art déco - 50 Grande-Rue

Inauguré en 1937, cet imposant bâtiment Art déco n’a été finalisé qu’en 1940. Le maire d’Aubusson élu en 1929, Camille Benassy décide en 1932 de doter sa municipalité d’un édifice monumental digne de sa fonction de sous-préfecture. Le préfet de la Creuse valide l’entreprise en 1933. Sur le site d’une construction du XIXème siècle plus modeste, l’Hôtel de Ville imaginé par deux architectes de Montluçon, Pierre Diot et L. Lesbre voit le jour. Lucien Rollin, élève de Jacques-Emile Ruhlmann, recruté à l’origine comme architecte d’intérieur devient responsable du chantier à titre bénévole à partir de 1936, les deux premiers s’étant retirés. Victime des ans, du manque de moyen de la ville pour l’entretien et les mises aux normes, les services administratifs de la Mairie ont été dans l’obligation de déménager dans de nouveaux locaux en novembre 2018.


Maison Corneille ou Maison du Vieux Tapissier




Office du tourisme Aubusson Felletin Maison du Tapissier





5/ Maison Corneille ou du Vieux Tapissier - 69 rue Vieille / 1 rue de la Roche

Classé par arrêté du 4 janvier 1962, la Maison Corneille, nom emprunté à l'une des grandes familles de la tapisserie d'Aubusson, abrite le Musée des Arts et Traditions populaires. Considérée comme la plus ancienne de la ville, elle daterait des XVe siècle et XVIe siècle. Tourelle circulaire, porte d'entrée chanfreinée rectangulaire, baie de boutique en arc, la maison ne manque pas d’attraits, souvenirs d’âges lointains. Certains indices laissent à penser qu’elle était à l’origine scindé en deux bâtiments. Dans la seconde portion se trouve l’Office de tourisme Aubusson Felletin.

6/ L’Office de tourisme Aubusson Felletin - 63 rue Vieille

Frappé aux armes de la ville empruntées aux Lusignan, comtes de la Marche, cette deuxième partie de la Maison du Tapissier rend hommage à la devise de la ville Inter spinas floret, « elle fleurit au milieu des épines ». Elle appartient au réseau « La Creuse en famille ». Des visites sont organisées sans réservation en été et des visites guidées toute l'année pour les groupes de plus de dix personnes sur rendez-vous.
7/ Eglise Sainte Croix - Place de l’Eglise 

L’Eglise Sainte Croix a été édifiée au XIIIe siècle par les Vicomtes d'Aubusson afin d’abriter un fragment de la croix du Christ. Remaniée entre le XVIIe et le XIXe siècle, elle réserve quelques décors remarquables parmi lesquels des vitraux, notamment celui du martyre de sainte Barbe, la patronne des lissiers, tapisseries du XVIIIe siècle. Autre trésor, l’orgue en chêne réalisé par Gérald Guillemin dans les années 1980. L'ancienne église Saint-Jean de la Cour, 8 rue du Gour Saint-Jean, désaffectée depuis la Révolution, inscrite au titre des monuments historiques en 2003, mérite également le détour.




Maison des Vallenet




Pont de la Terrade


Maison Chirac


8/ Maison des Vallenet - 4 rue Grande 

Cette maison a été érigée par une famille aristocrates de la Marche, installée dans cette province depuis le XIVème siècle. A la fin du XVème siècle, ils entreprennent un chantier afin de se doter d’une habitation en ville. Les aménagements menés au XVIème siècle puis au XVIIème puisent leurs matériaux dans les ruines du château du Chapitre. La tour d'escalier de la maison dite des Vallenet datant du XVIème siècle est inscrite aux Monuments historiques par arrêté du 15 juin 1926 tandis que les façades et toitures du XVème siècle l’ont été par arrêté du 14 avril 1930. 

9/ Fontaine des Vallenet - 7 place de la Libération

Juste en face de la Maison des Vallenet, se trouve une belle fontaine datée de 1718, bassin polygonal, constitué de dalles de chant, pilier central portant des masques, inscrite aux Monuments historiques par arrêté du 15 juin 1926. 

Le Quartier de la Terrade, ancien quartier des lissiers et des teinturiers déploie les charmes de ces ruelles escarpées pavées, bordées de maisons en granit à pans de bois. 

10/ Pont de la Terrade

Au XVème siècle, en bois avec une pile de pierre, ce pont a été reconstruit entre 1638 et 1641, avec les matériaux extraits de la démolition du château du Chapitre. Longtemps unique moyen de traverser la rivière, il était également le lieu de l’octroi pour les marchands voulant entrer dans la ville. Jusqu’à la fin du XVIIIème siècle, la route de Limoges emprunte ce pont avant de se reporter vers le Pont des Récollets. De ce fait, il a subi très peu de modifications pour s’adapter à la circulation moderne. Inscrit à l'inventaire des monuments historiques depuis 1928, le Pont de la Terrade a été restauré en 2009. Il a conservé côté faubourg l’un de ses deux châtelets originels avec tour circulaire, toit de bardeaux typique, la maison Chirac dans laquelle se trouve un atelier-musée.

11/ Atelier Musée des Cartons de Tapisserie - 1 rue de l’Abreuvoir 

Le châtelet de la Terrade, ancienne maison de l'octroi, associé à un autre édifice également du XVIIème siècle abrite depuis septembre 2012 l’Atelier-musée des Cartons de la Tapisserie, lieu de conservation, de restauration. Il expose d’intéressantes pièces du XVIIIe siècle ou contemporaines. Les collections éclairent le travail de la tapisserie en amont, sur le dessin, les choix de fils et de couleurs. 



Tour de l'Horloge






Manufacture Braquenié



12/ La Tour de l’Horloge - 17 rue de l’Horloge

Toit en poivrière couvert en bardeaux de châtaigne, cloche décorée par trois petits bas-reliefs et trois cadrans indiquant l’heure, la Tour de l’Horloge dite aussi tour blanche surveille la ville depuis les hauteurs. Cette tour de guet est le dernier vestige des anciennes fortifications de la cité médiévale. Restaurée en 1666, 1786 et 1890, elle est inscrite aux Monuments historiques par arrêté du 15 juin 1926

13/ Manufacture Saint Jean - 4 avenue des Lissiers

Depuis le XVIIème siècle, la Manufacture Saint Jean réunit l’ensemble des métiers de la tapisserie. Conception en basse lisse de tapisseries contemporaines ou de copies d’ancien, production de tapis de savonnerie en haute lisse, restauration et la conservation de tapisseries d’Aubusson et d’Orient toutes les étapes du travail des manufactures y sont représentées. L'atelier des peintres, de teinture de la laine, ainsi que magasin de laine et une galerie d'exposition complète cette offre. Elle est classée monument historique depuis 2012.

14/ Manufacture Braquenié - 8 avenue de la République

En 1842, la famille Demy-Doineau s’associe avec Alexandre Braquenié, industriel belge originaire de Tournai qui reprend tout à fait l’entreprise en 1858. La manufacture Braquenié voit le jour entre 1860 et 1862 sur les rives de la Beauze. En 1926, un incendie dévaste les ateliers de tissage en fond de cour sur quatre étages. La crise de 1929 puis la Seconde Guerre Mondiale amplifient les difficultés financières de la manufacture. Après un rebonds fruit du renouveau de la tapisserie, l’activité cesse tout à fait en 1992. La municipalité rachète les bâtiments qui deviennent un Pôle Enfance.  Les ateliers de tissage, les métiers de haute et basse lisse, les présentoirs à bobines sont inscrits aux Monuments historiques par arrêté du 12 février 2013.

15/  Cité internationale de la tapisserie d’Aubusson - Rue des Arts 




Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.