Lundi Librairie : La Petite Boulangerie du bout du monde - Jenny Colgan



Polly a le cœur brisé. La société de graphisme qu’elle avait fondée avec son compagnon à Plymouth a fait faillite et leur couple n’a pas survécu au naufrage de leur rêve professionnel. Désormais endettée, elle n’a plus les moyens de subvenir à son train de vie branché ni même de louer un appartement en ville. Elle décide de prendre du recul en s’installant à Mount Polbearn, modeste port de pêche des Cornouailles, sur une presqu’île que la marée haute rend inaccessible. A peine est-elle arrivée qu’elle sauve un jeune oiseau de mer rapidement baptisé Neil. Mais s’intégrer à une petite communauté isolée ne sera pas de tout repos pour Polly, Mrs Ganse sa propriétaire ayant décidé de lui mener la vie dure. La jeune femme trouve du réconfort dans son passe-temps favori, faire du pain. Ce qui était jusque-là un hobby devient une passion et un vrai métier. Grâce à ce talent, elle se fait des amis chez les marins gourmands, se rapprochant d’un séduisant capitaine de bateau avant de croiser la route d’un sémillant apiculteur américain. 

« La Petite Boulangerie du bout du monde » compilent tous les ingrédients nécessaires à une comédie romantique réjouissante : un lieu pittoresque, une jeune femme en quête de soi qui se révèle à elle-même, relations amoureuse compliquées. Si la chick litt n’est clairement pas ma tasse de thé, il m’a été impossible de résister à l’indéniable charme très anglais du roman de Jenny Colgan.

Saupoudrant les bons sentiments d’une pincée de folie douce, l’autrice distille une énergie souriante dans un texte à la mécanique bien huilée. L’ensemble s’avère d’une redoutable efficacité. La tentation du formatage n’est pas très loin mais Polly l'irrésistible héroïne donne envie de la suivre. Elle surmonte les obstacles, se découvre une vocation, trouve un sens à sa vie et l’amour aussi par hasard en chemin.

Rebondissements, quiproquos, personnages décalés, humour bon enfant, Jenny Colgan laisse s’exprimer une fantaisie tendre. Elle s’autorise même une incursion sociétale en interrogeant la réalité des villages qui s’éteignent, des petits commerces qui disparaissent, tandis que les jeunes générations partent pour la ville afin de trouver du travail. Elle lance quelques pistes pour évoquer la rude existence des marins-pêcheurs et les dangers de la mer. Chantre de la vie simple, la romancière épingle gentiment les travers des citadins en quête d’authenticité mais incapables de vivre sans le superflu de la modernité.

Cette comédie aussi sympathique que légère incarne l’idéal roman de plage, sans prétention si ce n’est divertir. Néanmoins les cinquante dernières pages qui accumulent les clichés indigestes gâchent un peu l’ensemble de cette délicieuse bluette anglaise. Fâcheuse tendance à sombrer dans la franche niaiserie. Petit cadeau bonus, les très appétissantes recettes qui ponctuent le récit et donnent terriblement faim sont expliquées en détails à la fin du roman. 

La Petite Boulangerie du bout du monde - Jenny Colgan - Traduction Francine Sirven, Eve Vila, Etienne Menanteau - Editions Prisma - Edition de poche Pocket 



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.